« Deezer participe au nouvel écosystème de la musique »

Depuis novembre, Deezer a lancé un système d'abonnement, faute de rentabilité du modèle gratuit. Quel est le résultat ?Deezer reste avant tout un gigantesque média gratuit, que 20 millions de Français ont déjà utilisé, qui reçoit 7 millions de visiteurs uniques par mois. Le gratuit n'est pas un mal nécessaire. Notre modèle est fondamentalement mixte. Nous sommes une des cinq premières radios musicales de France, ayant une affinité très forte avec nos auditeurs qui choisissent ce qu'ils écoutent. Deezer est à la fois un média de masse et de ciblage. Au vu du premier trimestre 2010, nous devrions doubler le volume publicitaire cette année et réaliser entre 10 et 14 millions d'euros de chiffre d'affaires. Cette activité devrait être à l'équilibre en 2010. Nous allons continuer à développer la publicité sonore, mais cela reste compliqué : dans les agences, les spécialistes de la publicité interactive ne sont pas des spécialistes radio. Vous allez donc poursuivre vos développements sur le service d'écoute gratuit ? Sur ce média, il y a deux clés de succès. La taille du catalogue d'abord. Au-delà des titres des quatre majors et des gros indépendants, nous signons maintenant des accords sur des catalogues plus pointus, pour répondre à la promesse d'offrir « toute la musique ». Nous offrons 6,5 millions de titres et très bientôt 7 millions. L'autre élément est la taille critique. Avec 33 millions de playlists, on peut par exemple améliorer notre connexion avec Facebook, afin qu'un utilisateur de Deezer retrouve ses amis Facebook chez nous. Et le payant alors ? Vingt mille personnes se sont abonnées depuis le lancement de l'offre [à 9,99 euros par mois Ndlr], avec un taux de résiliation de 20 % que j'estime très bon. Nous maintenons l'objectif de 100.000 abonnés en fin d'année, soit un chiffre d'affaires de 4 à 5 millions d'euros sur l'année. Tous les utilisateurs de Deezer ne sont pas des abonnés potentiels, mais il existe un public qui demande à disposer de toute sa musique, en format de qualité, sur tous les supports. Ici la clé du succès, c'est de couvrir la plus large base d'appareils (PC, mobile, chaîne hi-fi connectée, autoradio bientôt...). Chez nos abonnés, Deezer devient « La » solution prépondérante d'écoute. C'est là que se trouve le renouveau de la musique. Deezer s'était plaint du montant des avances exigées par les maisons de disques sur le partage des revenus. Qu'en est-il aujourd'hui ? Nous travaillons de mieux en mieux avec les maisons de disques. Elles ont moins peur et nous utilisent comme partenaires pour développer les artistes. Un inconnu mis en avant sur Deezer entre très vite dans le Top 20 des ventes sur iTunes. Nous participons au nouvel écosystème de la musique. Mais la pression économique reste colossale. Les relations continuent à refléter un rapport de force démesuré. Chaque fois que nous voulons lancer un nouvel usage, nous devons en passer par un cycle de négociations digne de Doha, pour obtenir les droits. Nous devons rencontrer le médiateur [Emmanuel Hoog, PDG de l'INA Ndlr] nommé par le ministère de la Culture sur ce sujet. Il faut rétablir des bases équitables. Mais vous dites que le modèle actuel vous permettra de trouver l'équilibre... Peut-être, mais pas d'investir ou de nous développer, à l'international par exemple. La feuille de route que m'ont fixée les actionnaires [les fondateurs, AGF Private Equity, CM-CIC Capital Privé, le fonds Dotcorp, Xavier Niel Ndlr], c'est de rendre l'activité en France économiquement saine, c'est la priorité absolue. Ce n'est que sur cette base que l'on pourra aller à l'international, d'ici la fin de l'année j'espère.
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