La justice se souvient de Jacques Chirac

Jeudi prochain, le premier tome des Mémoires de Jacques Chirac sortira en librairie. Mais, hier, c'est la justice qui est venue se rappeler au bon souvenir de l'ancien président de la République.Maire RPR de Paris de 1977 à 1995, Jacques Chirac a été renvoyé en correctionnelle pour « abus de confiance et détournement de fonds ». Contre l'avis du procureur, qui avait requis un non-lieu en septembre, la juge d'instruction, Xavière Simeoni, a estimé que les charges étaient suffisantes pour que l'ancien chef de l'État, protégé pendant douze ans par son immunité présidentielle, vienne s'expliquer sur 21 emplois présumés fictifs à son cabinet de l'Hôtel de Ville, en 1994 et 1995.Le bureau de Jacques Chirac, actuellement en vacances au Maroc, a fait savoir que l'ex-président était « décidé à établir qu'aucun des emplois en débat ne constitue un emploi fictif ». Dans l'entourage de l'ancien chef de l'État, on souligne sa combativité et sa détermination à ne pas laisser « ternir » son image à l'issue d'une longue carrière politique de plus de quarante ans. dix ans de prisonJacques Chirac encourt une peine de dix ans de prison, 150.000 euros d'amende et une inéligibilité automatique de dix ans. Si la procédure va à son terme, il sera le premier chef de l'État français jugé depuis le maréchal Pétain. Le procureur a, pendant un délai de cinq jours, la possibilité de faire appel de la décision du magistrat instructeur et de renvoyer ainsi l'examen de l'affaire à la chambre d'instruction de Paris, dans un délai de six mois à un an.Hier, la classe politique était partagée entre ceux qui se sont félicités que la justice passe, à l'instar du député Vert, Noël Mamère, estimant qu'« on ne peut pas continuer plus longtemps de protéger ceux qui ont accédé au sommet du pouvoir et se sont protégés eux-mêmes », et ceux qui regrettaient une issue aussi tardive. « Si la justice doit être égale pour tous, elle doit aussi avoir un sens. Et, pour avoir un sens, elle ne doit pas passer trop tard », a déclaré le socialiste André Vallini, ancien président de la commission Outreau.des proches « visés »Le porte-parole adjoint de l'UMP, Dominique Paillé, a jugé que les conséquences de cette affaire sur l'image de la France n'étaient « pas forcément très positives ». Le porte-parole du PS, Benoît Hamon, a constaté que « beaucoup des proches » de Jacques Chirac sont aujourd'hui « visés » par la justice. Il a évoqué les « règlements de comptes sur fond de barbouzeries » du procès Clearstream, où comparaissait l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, mais aussi l'Angolagate, « un dossier grave avec des prolongements plus graves encore », après la condamnation de Charles Pasqua en première instance. Jacques Chirac et Dominique de Villepin ont longtemps affronté Nicolas Sarkozy.
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