Hervé Le Bouc, PDG de Colas : « Nous transformons bien plus qu'un paysage"

Depuis son arrivée à la présidence de Colas, leader mondial de la construction de routes, Hervé Le Bouc n’a eu de cesse de renforcer le mécénat du groupe. Un choix qu’il revendique en accord avec les valeurs de l’entreprise.
Valérie Abrial
Hervé Le Bouc, président directeur général de Colas. DR

« Quand on est leader mondial de la route… quand on implante des infrastructures routières à coups de gros œuvres dans presque tous les pays du monde, on ne peut pas se contenter de transformer un paysage ; on doit également participer à la construction de conditions de vie meilleures pour toutes les populations ».

Le ton est donné. Discret mais déterminé, Hervé Le Bouc, président directeur général de Colas depuis 2007, ne s'est pas contenté de maintenir la filiale de Bouygues à la première place ; en sept ans, il a contribué à son rayonnement en termes de mécénat et d'actions solidaires. « Tout cela s'est fait de manière très naturelle, dans la continuité de nos métiers de bâtisseurs », poursuit-il. Largement encouragé par la présidence surtout ! Mais ce n'est pas Hervé Le Bouc qui vous le dira ; plutôt ses collaborateurs et conseillers. L'homme, lui, préfère rester sur la réserve et la tempérance du genre. C'est son style. Celui d'un écoutant dont la vivacité du regard n'a d'égal que la lenteur du geste. Il avance. Sûr de lui. Dans le respect des autres. On l'imagine mal se perdre en chemin et pourtant il s'octroie des arrêts sur des bords de route parfois inattendus. Ce n'est jamais vraiment l'aventure des chemins de traverse mais plutôt la rencontre impromptue d'une personnalité qui va lui donner l'envie de bâtir autrement.

Direction : Culture

De la Fondation Colas, créée par son prédécesseur Alain Dupont il y a 23 ans, Hervé Le Bouc a pris les rennes en poursuivant les actions culturelles dans la continuité, mais pas seulement. La fondation, dédiée à la peinture contemporaine, compte aujourd'hui plus de 300 tableaux exposés au siège de l'entreprise à Boulogne-Billancourt et dans ses filiales en France et à l'étranger. C'est l'une des plus importantes collections d'entreprise, « nous en sommes très fiers », poursuit Hervé Le Bouc.

« C'est important pour nous de contribuer à l'émergence de nouveaux talents, de les révéler à nos collaborateurs mais aussi à nos clients et visiteurs. Et puis c'est une façon de montrer notre univers sur un mode différent puisque la seule contrainte des artistes participant à notre concours annuel est de créer une toile sur le thème de la route. Notre soutien aux artistes doit faire sens avec nos valeurs et nos métiers ».

Convaincu que la démocratisation culturelle n'est pas qu'un service public mais également une politique d'entreprise, Hervé Le Bouc encourage les actions dédiées aux collaborateurs de Colas. Ainsi, depuis trois ans, non seulement des ateliers d'artistes sont organisés au sein du groupe, mais également des conférences trimestrielles sur la peinture, animées par la critique d'art Elisabeth Couturier.

« Nous accordons une place essentielle au dialogue et à la transmission des connaissances. Ce sont des vecteurs essentiels dans l'histoire de Colas ».

Sur les allées du roi

Vecteurs qu'Hervé Le Bouc n'hésite pas à mettre au service du patrimoine culturel en signant une première convention de mécénat de compétence avec le Château de Versailles en 2010. Mission ? Rénover les prestigieuses allées du Parc.

« Ce type de chantier est une réelle mise en valeur de nos savoir-faire et de nos technologies. C'est très gratifiant pour nos équipes de contribuer à la sauvegarde du patrimoine architectural et environnemental. Pour Versailles, nous avons même mis au point un produit spécifique, « Héliocol », qui conserve la teinte et la texture historique des allées mais dans des composants plus résistants à l'usure ».

Succès oblige, ce sont maintenant les allées du château de Chambord qui entrent au programme d'une rénovation signée Colas.

Un engagement responsable

Autres territoires, chers à Hervé Le Bouc : la musique et la danse, qu'il choisit de mettre à l'honneur en créant Colas en Scène en 2008. « Au fond, rien n'est plus important que les rencontres et les expériences humaines qui en découlent ». Et c'est exactement de cette manière que Colas a soutenu la création de l'ancienne soliste du Ballet Béjart, Alexandra Bansh, et du violoncelliste Gautier Capuçon. Ici, il ne s'agit pas de faire du mécénat parce qu'il est de bon ton d'en faire ou parce que tous les grands groupes en font.

« Il est primordial de donner du sens à toutes actions culturelles et solidaires. Si vous n'avez pas d'histoires à raconter, quelle empreinte allez-vous laisser ? »

Pourtant les histoires, Hervé Le Bouc n'est pas des plus à l'aise pour les raconter, surtout lorsqu'il s'agit de lui. C'est donc l'une de ses collaboratrices qui chuchotera presque que lorsque « le chorégraphe Akram Khan s'est blessé lors d'une tournée alors qu'il devait  présenter sa création à Colas, Hervé Le Bouc a refusé sa « démission ». Il a préféré attendre son rétablissement qui a duré de longs mois. Mais pour lui, il était hors de question de laisser tomber Akram Khan. C'est vraiment un homme engagé ».

Tous à l'école !

Et quand l'engagement devient une nécessité, Hervé Le Bouc créé Colas Life en 2010, la branche mécénat solidaire du groupe.

« Les filiales de Colas ont initié depuis de nombreuses années des actions de solidarité. En construisant des infrastructures de transport, nous nous engageons à faciliter les échanges et améliorer les conditions de vies locales, surtout dans des pays qui restent encore émergents comme certains pays d'Afrique ou d'Asie où nous sommes très présents ».

Parmi ces actions, certaines, en plus d'être remarquables, sont avant tout indispensables. Au Maroc, Colas participe au développement des écoles pour aveugles ou encore au réseau d'aide aux mères célibataires. A Madagascar, le groupe contribue au déploiement du plus grand réseau médical du pays ; en Afrique, chaque route construite s'accompagne de la construction d'une école. Et la France n'est pas en reste avec un vaste programme de soutien à l'école à l'hôpital. Car l'accès à l'école est la priorité de Colas Life qui a mis en place en 2011 le programme En route pour l'école, en partenariat avec la Fondation Goodplanet de Yann Artus-Bertrand. Objectif ? Faciliter l'accès à l'école à des milliers d'enfants en situation d'exclusion au Vietnam, Togo, Croatie, Maroc, France et Etats-Unis.

« L'implication des collaborateurs de l'entreprise est également primordial. Pour chaque mission, un salarié du groupe et son enfant adolescent partent sur place pour témoigner de nos actions. Ils deviennent en quelque sorte, des ambassadeurs du programme et sont à même de pouvoir l'expliquer à leurs collègues. C'est pour nous, un symbole d'échanges propres au bâtisseur de routes que nous sommes ».

La mixité… bientôt

D'autres programmes en cours ? « Un challenge plutôt », annonce Hervé Le Bouc tout sourire. « Celui de la mixité ». Challenge, effectivement ! Car dans un univers ancré dans la masculinité et où il n'est pas rare qu'elle fasse preuve de machisme, les femmes peinent à trouver leur place. En cause, la culture entrepreneuriale même de Colas, mais également le manque de pédagogie quant à la diversité des métiers dans le groupe.

« Trop peu de femmes osent se lancer dans une carrière de bâtisseurs. La faute à notre ancrage culturel bien sûr mais aussi au manque d'ouverture dans les grandes écoles françaises. Nous devons établir des ponts avec elles et travailler ensemble dans la transversalité et le passage des savoirs ».

Quant on sait que sur les 19 personnes siégeant au comité de direction, seules deux sont des femmes… Plus qu'un challenge, Hervé Le Bouc a fait de la mixité une mission. A considérer le déterminisme de l'homme, on ne doute pas un instant qu'il saura marqué une dernière empreinte à sa présidence.

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Bio express

Hervé Le Bouc est diplômé de l'Ecole Spéciale des Travaux Publics (section TP). En 1977, il débute sa carrière chez Screg Ile-de-France comme Ingénieur Travaux. Il est nommé successivement Chef de secteur, Chef d'agence, puis Directeur de l'agence de Screg Ile-de-France. En 1989, il rejoint Bouygues Offshore en qualité de Directeur Europe, DOM-TOM, Australie et, à partir de 1990, Sud-Est Asiatique et Mexique. En 1994, il est nommé Directeur Général Adjoint puis, en 1996, Directeur Général. En 1999, il devient Président Directeur Général de Bouygues Offshore et, en 2001, Président du Conseil. En 2002, il est nommé Directeur Général du Groupe SAUR, puis Président Directeur Général en 2005. En février 2007, il rejoint le Groupe Colas en qualité d'Administrateur et est nommé Président Directeur Général en octobre 2007.

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En chiffres

Le budget de la Fondation Colas est de 200 000 euros par an. En 2013, le groupe Colas a dépensé 5,19 millions d'euros pour ses actions de mécénat, en France et à l'international (Colas Life, Colas en Scène et Mécénat de compétence).

 

 

 

Valérie Abrial

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Commentaires 2
à écrit le 13/10/2014 à 12:36
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A l'attention de Mr Hervé LE BOUC, je profite de l'occasion de m'adresser a lui , avant l’échéance de son mandat 2014, pour qu'il intervient et faire le nécessaire auprès de Colas rail au parc de Rennes , car mon beau fils vit un calvaire et ses chef...

à écrit le 13/10/2014 à 12:36
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A l'attention de Mr Hervé LE BOUC, je profite de l'occasion de m'adresser a lui , avant l’échéance de son mandat 2014, pour qu'il intervient et faire le nécessaire auprès de Colas rail au parc de Rennes , car mon beau fils vit un calvaire et ses chef...

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