La crise en Libye vient enflammer le supercycle des matières premières

Les prix des « commodities » étaient déjà au plus haut. La crise en Libye et au Proche-Orient exacerbe les tensions.
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Le cocktail à l'origine de l'envol des matières premières était déjà explosif. Entre l'essor de la demande dans les pays émergents et une offre anémique pour certains minerais et irrégulière pour l'agriculture - soumise à un climat de plus en plus violent -, les ressources naturelles ne pouvaient que grimper. Elles étaient d'ailleurs déjà à des niveaux record, si l'on en croit les indices agrégeant toutes les matières premières, comme le CRB. La crise libyenne et les révoltes au Moyen-Orient sont venues exacerber ces tensions.

Bien que le cartel des pays producteurs de pétrole estime que le marché reste bien approvisionné, et augmente discrètement sa production pour pallier le ralentissement de l'extraction en Libye, les marchés voient la situation d'un autre oeil. L'envol brutal des cours du pétrole, qui ont signé leur plus forte hausse hebdomadaire depuis deux ans la semaine dernière (+ 13 %), risque de se prolonger tant que des incertitudes continueront de planer sur l'ensemble de la région. La nervosité est telle que la moindre rumeur entraîne des variations impressionnantes. « Jeudi matin, le baril de brent a presque touché les 120 dollars, et le soir il y a eu une rumeur évoquant la mort de Muammar Kadhafi, qui a fait sombrer les cours à 109 dollars », raconte un expert.

Dans ce contexte, l'hypothèse d'un prix du pétrole, stabilisé autour de 80 dollars, que l'Opep et l'Agence internationale de l'énergie appellent régulièrement de leurs voeux, n'est plus qu'un vague souvenir. Et l'envol du baril se répercute sur les autres matières premières. À commencer par les combustibles : pour contourner la hausse de leurs coûts de production, les clients se rabattent sur du gaz ou du charbon s'ils le peuvent. On a ainsi vu le charbon livré en Europe atteindre son plus-haut niveau depuis 2008 la semaine dernière, à 124 dollars la tonne, par pure sympathie avec le cours du pétrole.

Quant aux autres matières premières, elles intègrent aussi dans leurs coûts de production une composante en hydrocarbures. Si leurs cours ont plutôt chuté la semaine dernière, alors que la hausse des cours du pétrole incitait les gestionnaires à quitter les actifs jugés risqués, à moyen terme leur tendance haussière devrait être confortée. Le coton, le blé ou le maïs requièrent des intrants dérivés du pétrole, et leur culture, leur récolte et leur transport nécessitent aussi son lot de barils. Idem dans les minerais : l'extraction, le raffinage du cuivre et la fabrication des cathodes nécessitent de l'énergie. À moins que, à force de mettre le feu aux cours des matières premières, le pétrole ne finisse par briser leur supercycle haussier en cassant la croissance. Comme le montre l'exemple de 2008, à plus de 100 dollars, le baril met la prospérité mondiale à l'épreuve.

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