Le secteur sucrier fidjien au bord de l'asphyxie

La fin des prix garantis par l'Europe a laminé la production locale.
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À Fidji, le secteur sucrier est au bord du gouffre. La récolte qui démarre n'annonce rien de bon, alors que le pays a déjà perdu un tiers de ses champs de cannes en quelques années, même si le sucre représente encore 7 % de son PIB et un quart des emplois du pays. En sortant 132.000 tonnes de ses raffineries en 2010, le pays enregistre l'un des résultats les plus faibles de son histoire et peut à peine honorer ses contrats d'exportations. Au point qu'il a dû importer 10.000 tonnes de sucre thaïlandais en mars dernier pour alimenter le marché local.

Depuis la réforme du régime européen début 2008, « la filière est entrée en phase terminale », constate Wadan Narsey, de l'université du Pacifique Sud, à Suva. La fin de l'accès préférentiel aux marchés de l'Union et la disparition progressive du tarif garanti par Bruxelles ont précipité le déclin du secteur. Les planteurs ont vu fondre les deux tiers de leur rémunération. « Nous savions depuis dix ans que le système subventionné allait disparaître, mais rien n'a été fait pour préparer le changement », s'irrite encore le professeur.

Antagonismes récurrents

Le coup d'état de 2006 a un peu plus affaibli le secteur en provoquant l'arrêt du programme d'accompagnement financé par l'UE. Une trentaine de millions d'euros est ainsi gelée chaque année, en attendant un retour à la démocratie prévu pour 2014.

Un délai beaucoup trop long pour une industrie dont les coûts de production sont deux fois plus élevés qu'au Brésil, le leader mondial du marché. À Fidji, les méthodes de récolte n'ont pas changé depuis le XIXe siècle et la taille réduite des parcelles pèse sur les rendements. En plus de son absence de compétitivité, le secteur doit également compter sur les antagonismes récurrents qui opposent la majorité de souche mélanésienne, propriétaire traditionnelle des terres, et la minorité indo-fidjienne qui les loue. Durant les deux dernières décennies, beaucoup de planteurs n'ont pas obtenu le renouvellement de leurs concessions et ont dû s'exiler dans les faubourgs de la capitale. Le pays a perdu un quart des 22.000 producteurs de cannes recensés en 2000.

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