La Blockchain, une (nouvelle) révolution !

Par Philippe Mabille  |   |  753  mots
Web social, web sémantique, web "généticiel" : l'innovation est le moteur de la mutation de nos économies. Avec la Blockchain, une technologie associant la cryptographie et l'échange "de pair à pair" décentralisé, déjà utilisée pour le bitcoin, voici venir "l'internet des transactions", totalement sécurisé. Une révolution qui va impacter tous les secteurs et pourrait changer le capitalisme.

À Davos, cette année, la 46e édition du Forum économique mondial a mis en scène la quatrième révolution industrielle. L'idée à retenir, c'est que le monde arrive à un tournant, « a tipping point », où tout s'accélère, alors que des milliards d'individus, partout dans le monde, adoptent la révolution numérique en même temps. Ce changement oblige les entreprises à prendre elles aussi le virage, sous peine d'être distancées par d'autres acteurs, plus agiles, plus rapides, plus au fait des possibilités ouvertes par les nouvelles technologies.

Qu'elle inquiète ou enthousiasme, cette accélération fait penser à la période de la Renaissance, où de nouvelles idées ont tout changé, et tout permis... Ce qui s'est manifesté dans l'art, l'architecture, la musique, la littérature et l'économie... Peut-être vivons-nous actuellement ce moment « Léonard de Vinci », avec un « Internet universel » se diffusant par innovations successives dans toutes les activités humaines.

L'annonce d'un "Web 3.0"

Le Web 1.0 des origines, celui du protocole TCP-IP, celui des pages Web et des liens hypertextes, fut une révolution de l'information. Ensuite est venu le Web 2.0, celui des réseaux sociaux, avec Facebook puis Twitter, que même Google n'avait pas vu venir. Par extension, le Web social devenant communautaire avec la généralisation des smartphones, sont venues les applications et les plateformes, type Uber, Airbnb ou Tinder, qui ont conquis le monde en quelques années. WhatsApp vient de dépasser le milliard d'utilisateurs, le double de celui atteint lors de son rachat à prix d'or par Facebook, il y a deux ans !

Arrive en ce moment l'Internet 3.0, l'Internet des objets, qui prolonge le 2.0 par son caractère universel. C'est le Web des « données » ou Web « sémantique » qui fait son entrée dans nos vies sans même que nous nous en rendions compte. Les capteurs se généralisent, des objets les plus usuels (réfrigérateurs, machines à laver, automobiles, vélo...) jusque dans les usines où l'on espère améliorer la performance et la maintenance des machines, optimiser les processus, la production et la productivité. Si la puissance des ordinateurs continue de croître, on pourra d'ici à quelques années imaginer d'indexer l'ensemble des données produites par les milliards d'objets connectés, ce qui ferait place alors à un internet 4.0, aussi appelé le « World Wide Wear », l'Internet du corps et de l'ADN, autrement dit le Web « généticiel ». Ce sera une révolution pour la santé et l'on vaincra les maladies, voire la mort.

« Ceci est une révolution » !

À côté de ces transmutations permanentes du Web, on assiste, en parallèle, à une autre révolution, celle de la Blockchain, un protocole cryptographique en théorie inviolable et totalement privé, qui permet à des inconnus de réaliser des transactions dans un cadre totalement sécurisé, sans intermédiaire, chaque maillon de la chaîne étant le garant de l'ensemble dans un alignement des intérêts du tout et des parties. Cette technologie s'inspire du piratage de fichiers musicaux des années 1990, « de pair à pair », mais en beaucoup plus puissant. Elle a donné naissance au bitcoin, la monnaie « virtuelle », et pourrait trouver des applications inédites dans tous les secteurs où intervient un « tiers de confiance » et engendrer ainsi une sorte d'économie « horizontale », complètement décentralisée.

À ce stade du raisonnement, les implications sont vertigineuses. Selon certains experts, et malgré des limites techniques et énergétiques - le coût de gestion des ordinateurs mis en réseau est sous-estimé -, cette révolution est comparable à celle de l'Internet. Chacun sait que le réseau des réseaux a mis du temps avant de s'imposer. Et si la Blockchain était le précurseur de l'Internet du futur, un nouveau paradigme en rupture avec l'organisation pyramidale qui fonde nos sociétés ? Et si sous nos yeux était en gestation un renversement complet du jeu économique, donnant le pouvoir aux individus. Cet Internet « politique » pourrait tout balayer sur son passage : bien au-delà des banques ou des notaires, ou même des plateformes type Uber qui se feraient « uberiser », la Blockchain pourrait engendrer une nouvelle organisation sociale et une mutation du capitalisme. Pour l'instant, tout le monde, enfin surtout le monde de la finance, observe, explore, et regarde comme une poule face à un couteau, les usages possibles de cette technologie. Le moment viendra peut-être où un nouveau Steve Jobs se lèvera en disant que « Ceci est une révolution » !