L'UE doit montrer l'exemple et réduire de 30% ses émissions de carbone

Par Chris Huhne, ministre britannique de l'Energie et du changement climatique.
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Il y a un an, malgré la déception de Copenhague, naquit un nouveau consensus. Pour la première fois, le monde se mit d'accord sur un objectif de réchauffement de la planète limité à 2 degrés. Cela est important. Ce n'est pas si souvent que le monde parvient à un accord. Les accords véritablement internationaux ne sont pas nombreux et nous n'avons qu'une seule organisation internationale. Aujourd'hui, les Nations unies appellent à une nouvelle série de pourparlers sur un traité international sur le climat.

De nombreux pays traversent des temps particulièrement difficiles. L'Europe doit faire face à une crise monétaire à l'échelle constitutionnelle. Les États-Unis sont préoccupés par les emplois et la croissance. Le Moyen-Orient et l'Afrique du Nord sont rongés par des questions de réforme politique. Mais il nous reste toujours très peu de temps pour réduire les émissions mondiales : d'après les scientifiques, nous devons les diminuer d'ici à 2020 sous peine de conséquences désastreuses. Comme l'Agence internationale de l'énergie l'a indiqué au début du mois, le temps qui nous reste pour agir efficacement sur le changement climatique est maintenant de l'ordre de quelques années et non plus de quelques décennies. À Cancún, nous avons commencé à mettre en place une architecture globale pour contrôler les émissions et aider les pays en voie de développement à faire face au changement climatique. Mais une question plus fondamentale est restée sans réponse : vers quoi s'orientent les pourparlers internationaux ?

 

Nous dirigeons-nous vers un accord juridique obligeant les principaux responsables des émissions à se conformer à des objectifs contraignants ou à un engagement volontaire à agir de la part des pays ? Ma réponse est simple : il est absolument essentiel de parvenir à un accord global qui couvre toutes les grandes économies. La France comme le Royaume-Uni demeurent résolument en faveur d'un accord juridiquement contraignant sous l'égide des Nations unies. Aucun problème mondial important - qu'il s'agisse de la course aux armements ou des conflits commerciaux - n'a jamais été résolu en se fiant au pouvoir des promesses politiques. Ce n'est pas à Durban que nous aurons une révélation, de ce point de vue. Mais nous pouvons indiquer clairement que c'est notre objectif. Il existe déjà un accord juridiquement contraignant : le protocole de Kyoto. La première période d'engagement du protocole de Kyoto s'achève l'année prochaine et le Japon, la Russie et le Canada ont déclaré ne pas vouloir prendre un deuxième engagement.

En revanche, l'Union européenne (UE) le souhaite vivement. Mais si elle est seule à signer un tel protocole, sans que les principaux responsables d'émissions, les États-Unis ou de grandes économies émergentes comme la Chine, le Brésil et l'Inde, tiennent des engagements similaires, cela ne servira pas à grand-chose. L'UE, qui n'est responsable que de 12 % des émissions mondiales, se retrouverait seule au coeur d'un cadre global sans le reste du monde. Cela n'est pas acceptable.

Il faut que les grandes économies s'engagent dès maintenant à adopter un cadre juridique structuré et terminent les négociations d'ici à 2015. Ce n'est pas seulement ce que nous souhaitons : c'est ce que souhaite la vaste majorité des pays en voie de développement, en particulier les petites îles vulnérables et les pays les plus pauvres. Les règles sont efficaces. Une enquête récente menée auprès de grandes entreprises internationales a révélé que 83 % des chefs d'entreprise pensent qu'un accord multilatéral pour lutter contre le changement climatique est nécessaire, bien que 18 % d'entre eux seulement considèrent qu'un tel accord est probable. Les entreprises veulent des certitudes ; les individus veulent des actes. Seuls les hommes politiques restent à la traîne.

 

D'un engagement clair en faveur d'un nouvel accord naîtra cette certitude. Mais nous devons également agir sans tarder. Les promesses actuellement faites à la table des négociations sont insuffisantes. À Durban, nous devons nous mettre d'accord pour allier les deux. Nous pouvons identifier des actions à mettre en oeuvre dès maintenant et lancer un processus visant à revoir entièrement nos ambitions. Nous pouvons également étoffer le système que nous utilisons pour mesurer et vérifier les réductions d'émissions. Nous devons offrir un plus grand soutien financier à long terme aux pays en voie de développement et établir le Fonds vert. Et nous devons continuer le travail déjà commencé pour réduire les émissions dues à la déforestation. Nous devons aussi montrer l'exemple. L'année prochaine, nous chercherons à obtenir un objectif de réduction d'émissions plus ambitieux pour l'UE : une réduction de 30 % d'ici à 2020. Cela nous permettra d'exiger plus sur le plan mondial. Ce ne sera pas facile. Mais je suis convaincu que c'est le seul moyen d'atteindre nos objectifs.

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Commentaire 1
à écrit le 05/12/2011 à 21:18
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Réduire de 30% les émissions de carbone est un objectif atteignable: il suffit de doubler la part du nucléaire. En prime, cela améliorerait la balance commerciale.

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