Changement de climat, permanence du débat

Quand le quotidien est une lutte pour la survie, il n'est pas facile de lever le nez et de regarder dix ou vingt ans en avant. Aussi l'effort produit par la Commission européenne pour esquisser une stratégie énergétique à l'horizon 2030, comme elle le fait dans un récent « Livre vert », mérite-t-il, en soi, d'être salué.
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A fortiori quand l'exercice commence par un constat lucide et souvent pénible de la situation. Depuis le milieu des années 1990, autrement dit depuis que le réchauffement planétaire et les moyens d'y faire face ont été érigés en « nouvelle frontière » par les gouvernements des pays les plus industrialisés, la stratégie des Européens a été de prêcher par l'exemple. Aucune autre région du monde ne s'est fixé des objectifs aussi ambitieux de réduction de ses émissions de carbone. Mais maintenant que l'heure des premiers bilans a sonné, cette politique risque de se retourner contre elle.

D'ICI À HUIT ANS, LES EUROPÉENS se sont promis de réduire de 20!% leurs émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990. Ils en sont à - 16 %, mais cette baisse est largement le fait du retournement de conjoncture survenu après 2008. Plus ennuyeux, l'instrument privilégié de cette diminution est cassé. Le marché du carbone ne fonctionne pas ou plus à cause de la baisse du prix de la tonne de CO2, due, là encore, au cycle économique. Il n'a « pas permis d'orienter l'investissement à long terme », reconnaît Bruxelles. Sur le front des énergies renouvelables, qui devraient permettre de couvrir 20 % des besoins en 2020, le tableau est nuancé. Leur part augmente rapidement (+ 4,5 % par an dans le mix énergétique entre 2001 et 2010), mais pas assez pour remplir le contrat (la hausse devrait être de 6,3 %). Surtout, le développement de ces nouvelles capacités coûte très cher, comme le montre l'exemple de l'Allemagne où les subventions aux éoliennes sont un sujet constant de débats.

CONSTAT DÉCEVANT AUSSI pour les économies d'énergie, où réside pourtant, selon de nombreux experts, le gisement le plus grand de « verdissement » de notre modèle économique. Bruxelles admet que l'objectif de 20!% de réduction de la consommation énergétique « ne sera pas atteint ». Ce n'est hélas pas tout. Le plus inquiétant se lit en creux dans ce bilan mitigé. La courageuse stratégie européenne bute sur la faiblesse de la diplomatie du climat. À défaut d'engagements des pays émergents, elle risque de ne « blanchir » que l'Europe, au prix d'une dramatique désindustrialisation, et de laisser le problème global irrésolu. L'économiste et spécialiste du climat Dieter Helm constatait récemment que la baisse des émissions au Royaume-Uni (- 15 % entre 1990 et 2005) s'était accompagnée d'une hausse du CO2 consommé (+ 19 % pendant la même période) sous la forme d'émissions « importées ». D'où sa proposition de taxer la consommation de carbone et non sa production. L'asymétrie entre l'Europe et le reste du monde doit être corrigée d'urgence par « un accord mondial » incluant les États-Unis et la Chine sur la formation du prix du carbone, plaide-t-il. Cela supposerait que l'Europe commence à imposer une taxe à l'importation sur le carbone, ce qu'elle s'est refusée à faire jusqu'à présent, faute d'articuler correctement ses politiques commerciale et diplomatique.

LE PROCHAIN BILAN CLIMATIQUE risque d'être encore plus inquiétant si les choses continuent à suivre leur cours. Les contraintes de prix et le recul du nucléaire s'accompagnent d'un retour en force du charbon, qui reste, malgré les progrès technologiques, très polluant. C'est vrai en Chine, mais aussi en Allemagne, en Espagne ou au Royaume-Uni, où sa consommation est montée en flèche en 2011 pendant que celle du gaz reculait. Ce n'est plus tant la capacité européenne à respecter ses engagements qu'il serait opportun de mesurer que la pertinence même des critères de performance fixés il y a vingt ans.

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Commentaires 6
à écrit le 12/04/2013 à 14:33
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Il existe 2 faits difficilement démontable : 1. l'activité humaine produit des gazs qui stagnent sous l'atmosphère et qui ont créé une couche peu perméable qui retient la chaleur générée par le soleil, c'est le fameux effet de serre qui participe (pl...

à écrit le 12/04/2013 à 12:04
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C'est bien le problème de l'Europe: on adopte des mesures très contraignantes (mais louables) qui pénalisent notre compétitivité et on importe des produits qui ne répondent pas du tout aux mêmes normes. Or, ces produits et leur fabrication polluent l...

à écrit le 12/04/2013 à 8:44
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Le problème réel c'est l'argumentation. L'activité humaine est elle, à elle seule, responsable de l'augmentaion des températures ? La réponse est clairement NON: l'activité solaire est largement responsable quant à l'augmentation du taux de CO2 atmos...

le 12/04/2013 à 11:18
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95% des chercheurs contredisent vos affirmations. Etes-vous vous même un spécialiste du domaine? Vous êtes peut-être finalement le futur Galilée du changement climatique, qui sait...

le 12/04/2013 à 13:32
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Je suis moi meme chercheur en biologie. Parmis les nombreux chercheurs il y a bon nombre de gens qui font partie du GIEC. Cette oganisation de l'ONU a pour but d'étudier le climat et en fait de prouver que l'activité humaine est responsable des chang...

le 13/04/2013 à 17:35
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Où avez-vous que le Président du GIEC avait démissioné ! Il a juste présenter ses excuses pour une erreur sur la fonte de l'Himalya dans le 4eme rapport du GIEC, qui fait 800 pages !!!

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