Alerte rouge sur le commerce extérieur

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui,

 C'est l'état d'urgence pour le commerce extérieur. A 65 milliards d'euros en 2017, le déficit s'est considérablement creusé l'année dernière, et 2018 s'annonce pire encore. Cela s'inscrit dans une longue suite de contre-performances : 14 ans durant lesquels la France a continuellement été dans le rouge, donnant au déficit commercial un caractère structurel.

Perte de parts de marché en France et à l'étranger

Cette descente aux enfers est la conséquence d'une double cassure : interne et externe. Les producteurs ont cédé beaucoup de terrain à la concurrence étrangère en France, comme le montre l'augmentation du taux de pénétration du marché intérieur par les importations (en valeur et en volume). La compétitivité des producteurs locaux s'est ainsi dégradée sur leur propre terrain et l'appareil productif peine de plus en plus à satisfaire la demande domestique.

Les entreprises éprouvent également des difficultés à l'extérieur, pour valoriser la demande mondiale qui leur est adressée. Depuis 2003, l'écart entre la demande mondiale adressée à la France, qui a doublé, et les exportations, qui ont progressé de 50%, n'a cessé de se renforcer pour atteindre un niveau record.

Conséquence de ces évolutions, l'indice de performance français à l'exportation a plongé. Le plus gros de la chute se situe entre 2003 et 2010, mais après une période d'accalmie il trébuche à nouveau.

Trois secteurs seulement génèrent les deux-tiers des excédents

La comparaison avec les autres pays de la zone euro, qui subissent donc les mêmes contraintes de change, est douloureuse et le décrochage est bien plus marqué ici qu'ailleurs. Le mal s'enracine à la fois sectoriellement et géographiquement. De plus en plus des secteurs sont dans le rouge. Sur les 75 analysés 51 auront été déficitaires en 2017 (soit près de 70%), donnant ainsi une assise très large au déficit. Les secteurs prospères et excédentaires, eux, se limitent à une tête d'épingle : l'aéronautique-spatial pour 17 milliards d'euros, les boissons pour 12 milliards et l'ensemble parfums, cosmétiques et produits d'entretien pour 11 milliards. C'est bien simple, les seuls secteurs excédentaires dégagent un surplus d'un peu moins de 62 milliards d'euros dont les deux tiers sont générés par ce trio.

Cette concentration est une faiblesse, et elle se retrouve dans le faible nombre d'entreprises françaises exportatrices : 124.100 environ. L'Espagne et l'Italie font mieux, sans parler de l'Allemagne qui en compte plus de 330.000. En outre, parmi les 124.100 entreprises exportatrices françaises, seules les 1000 premières comptent réellement et représentent 70% des exports. A l'opposé, les producteurs classés au-delà du 10.000e rang, soit plus de 90% des exportateurs, réalisent uniquement 5% des exports pour un montant moyen inférieur à 20.000 euros.

 La France creuse son déficit avec un nombre croissance de partenaires

Géographiquement, la France est déficitaire face à un nombre croissant de pays. Sur les 61 principaux partenaires commerciaux analysés, le solde est négatif avec 36 d'entre eux, soit 7 de plus qu'au début des années 2000. Parmi ces pays, la France a notamment un sérieux problème avec deux puissances hyper-industrielles : la Chine, avec qui le déficit c'est creusé de 23 milliards entre 2000 et 2017, et l'Allemagne. Mais la situation s'est également très fortement dégradée avec l'Espagne et les Pays-Bas.

Et ce n'est pas une simple histoire de décalage conjoncturel. C'est plus grave : c'est le signe de la mauvaise adaptation de l'appareil productif à la demande interne et externe. Continuer ainsi, c'est risquer de se fracasser sur le mur de la solvabilité extérieure.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 12
à écrit le 11/02/2018 à 0:46
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La sphère médiatique française est en train de préparer les esprits a encore plus de sacrifices au niveau des salaires ,des taxes, des remboursements sociaux, pour "redevenir compétitifs" ! Chose qui n'arrivera plus jamais, la France prenant le chemi...

à écrit le 10/02/2018 à 18:44
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La plupart des commentaires sont pertinents. Je résume ma pensée en proposant d'appliquer les propositions de la note n°6 du CAE, page 12, avec une allocation universelle pour respecter l'équité. Qu'en pensez vous? Cela consiste à mettre une taxe sur...

à écrit le 10/02/2018 à 18:12
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Pourquoi ai-je été à nouveau censuré ?

à écrit le 10/02/2018 à 2:45
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Chaque année on nous sort la meme rengaine, "déficit dur commerce extérieur" . On se moque de nous !! Les entreprises françaises ont tout délocalisé en Chine et en Roumanie, donc obligé d'importer des produits "français" fabriqués à l'étranger, et en...

le 10/02/2018 à 7:36
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@On se moque de nous 10/02/2018 2:45 Et les entreprises allemandes, qu'est-ce qu'elles font ? Comment se fait-il, puisque vous semblez être un expert, que l'Allemagne fait un excédent commercial de € 300 Mlds (même avec la Chine, l'Allemagne est en...

le 11/02/2018 à 8:27
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Car l'Allemagne a gardé une grande partie de son industrie chez elle. Contrairement à la France qui a presque tout délocalisé.

le 11/02/2018 à 16:17
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@ @Bernardino 11/02/2018 8:27 Il serait souhaitable que vous choisissiez un pseudo et non pas reproduire le mien car cela peut prêter à confusion C'est Bernardino (message du 10/2 7:36) qui répond mais pas @Bernardino) Vous (@Bernardino) ête...

à écrit le 09/02/2018 à 22:41
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Au cours des 20 dernières années, on a tout fait pour plomber la compétitivité du pays: 35 heures payées 39 (mais oui !), jours de RTT uniques au monde, droit du travail encyclopédique pour nourrir les avocats, dictature des syndicats qui peuvent tou...

le 10/02/2018 à 3:14
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Discours néo libéral habituel qui nous prend pour des pigeons... Discours ultra libéral qu'on entend tous les jours plein de mensonges ! La cause de l'échec c'est les entreprises françaises qui ont délocalisé leurs usines pour exploiter des travail...

à écrit le 09/02/2018 à 19:11
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Mais QUI peut croire qu'un tel échec collectif n'est pas à mettre à l'actif de cette classe politique totalement incompétente et rendue impotente par ses propres règles idiotes ? Un exemple : on apprend que 520 000 travailleurs détachés officient en ...

à écrit le 09/02/2018 à 17:59
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Oui donc ça sert à rien comme le veut la fixette du serviteur des riches d’augmenter la productivité si c'est pour ne rien vendre au final hein... Mais faut toujours mettre la pression sur les salariés et jamais sur les décideurs alors que ceux-c...

à écrit le 09/02/2018 à 17:16
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Il ne faut pas s'inquiéter : MACRON et GATTAZ sont formels, si on limite les indemnités prud'hommales de licenciements, on n'aura plus ce problème, car on va pouvoir concevoir des produits de haute technologie que le monde nous arrachera. On mettr...

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