Collectivités locales : les nouveaux « éco-systèmes » de croissance

La nouvelle organisation locale pourrait être un facteur de relance économique. Par Nicolas Portier, Délégué général de l'Assemblée des Communautés de France (AdCF).

 Même si elle ne bénéficie pas d'un fort retentissement médiatique, la réorganisation en cours des collectivités territoriales et des autorités urbaines constitue l'un de nos principaux gisements potentiels de croissance au cours des prochaines décennies. La création en début d'année de la Métropole du Grand Paris, appuyée sur 12 territoires qui en constitueront en quelque sorte ses grands quartiers économiques, est venue parachever un mouvement engagé dans l'ensemble de nos aires urbaines au tournant des années 2000. Une nouvelle gouvernance des villes est aujourd'hui à l'œuvre qu'on ne saurait réduire à un simple déplacement de limites administratives. Les métropoles sont assurément les emblèmes de cette transformation, mais celle-ci opère désormais dans l'ensemble de nos territoires.

 Des périmètres d'intervention élargis

Au-delà des 14 agglomérations (Paris, Lyon, Aix-Marseille, Lille, Rouen, Nantes, Rennes, Bordeaux, Toulouse, Strasbourg, Nice, Grenoble, Montpellier, Brest) constituées sous des statuts divers de « métropoles » à la suite des récentes lois MAPTAM et NOTRe, la totalité de nos aires urbaines sont aujourd'hui organisées à travers des intercommunalités en charge du développement économique, de l'aménagement de l'espace, des mobilités, du logement, des services publics environnementaux (déchets, assainissement, plans climat-énergie...). Nombre d'entre elles, à la suite de la loi ALUR, s'engagent dans la réalisation de plans locaux d'urbanisme intercommunaux. Leurs périmètres d'intervention vont en outre s'élargir d'ici le 1er janvier 2017 à d'importantes composantes des espaces périurbains et ruraux situées dans leur aire d'attraction.

 De nouveaux "éco-systèmes" de croissance

Outre ces changements d'échelle, les dynamiques urbaines s'accompagnent d'une transformation profonde des modalités de l'intervention publique et des relations territoires-entreprises : concours ou appels à manifestation d'intérêt lancées auprès des architectes et des urbanistes, ateliers participatifs, formation de communautés entrepreneuriales, stimulation des offres technologiques des opérateurs de grands services urbains (« utilities »), explorations des potentialités de l'économie collaborative et des plates-formes numériques, rapprochements des universités et des innovateurs... La plupart des métropoles et agglomérations françaises s'efforcent de se doter d'un projet stratégique mobilisateur, co-construit avec la société civile organisée via des interfaces dédiés (conseils de développement, Etats généraux...), en vue de créer de nouveaux « éco-systèmes de croissance ».

 Un facteur de relance économique

Cette nouvelle gouvernance des villes devient un facteur capital de relance économique, notamment à travers l'enjeu des investissements publics et privés de long terme à concevoir. La concentration de la valeur ajoutée dans des activités immatérielles comme la transformation numérique de l'économie exercent un effet de relocalisation des emplois qualifiés et des secteurs stratégiques dans les hyper-centres des grandes agglomérations. Cette dématérialisation permet de s'émanciper des coûts fonciers et des contraintes logistiques qui ont longtemps constitué les désavantages comparatifs des grandes villes. Au-delà de ces fonctions d'incubateurs de croissance, les grandes agglomérations deviennent les démonstrateurs privilégiés pour de nouvelles offres de services, prototypées dans les espaces de forte densité avant de se déployer dans d'autres territoires. En second lieu, il est notable que les transformations en cours des économies développées, situées à la « frontière technologique », renforcent le poids relatif des « actifs » urbains et des services associés : logement, réseaux intelligents, efficacité énergétique, gestion des mobilités, commerce, évènements culturels et sportifs, centres d'affaires et de congrès, infrastructures hôtelières...

La ville n'est pas seulement le support physique des innovations et des activités économiques à forte valeur ajoutée, elle en devient la cible et le terrain de jeu du XXIème siècle.

Printemps de l'économie - Paris du 8 au 14 avril 2016

Pour sa 4° édition le Printemps de l'économie s'intéresse à « L'Economie en quête de territoire(s) ». Ce fil rouge se décline en plusieurs thèmes - Territoire & entreprises ; Des activités, des hommes, Mondialisation & Europe, Politiques publiques, Innovation & industrie et Métropoles - qui seront abordés à l'occasion de plus de 40 conférences organisées du 8 au 14 avril 2016 à Paris. L'ambition est d'offrir au grand public la possibilité de réfléchir et d'échanger pour mieux saisir les enjeux et agir... L'un des intervenants à cet événement unique vous livre ici son point de vue...

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