Entreprendre pour le développement durable et le climat, un défi gagnant

Le développement durable et le climat nous concernent tous : pays du Nord comme du Sud, gouvernements, collectivités locales, entrepreneurs, société civile, innovateurs, investisseurs. Les objectifs de développement durable définis par les Nations Unies en 2015 ont une vocation universelle. Les entreprises françaises sont en train de prendre la mesure de cette transformation. Que signifie-t-elle ?
Rémy Rioux, Directeur général de l'Agence Française de Développement (AFD)

Aucun pays ne s'est développé uniquement par ses finances publiques. L'endettement privé, l'investissement sont indispensables et bénéfiques pour l'économie. A condition que ces financements servent la prospérité de tous. Forgée à l'aune de trois quarts de siècle d'activité, de l'Afrique à l'Amérique latine, de l'Asie aux Caraïbes et dans l'outre-mer français, la conviction de l'Agence Française de Développement (AFD) est que le privé et le public sont complémentaires. L'investissement public est souvent indispensable pour catalyser l'investissement privé. Mais in fine, c'est l'initiative privée qui permet de capter la demande, de passer à l'échelle, d'accélérer l'innovation technologique, écologique et sociale. La communauté internationale l'a unanimement reconnu : la complémentarité entre le soutien au secteur privé et la réalisation des objectifs du développement durable et la lutte contre le changement climatique est forte.

Les entreprises ont besoin du développement durable pour gagner en compétitivité

Les pays en développement, au premier rang desquels les pays africains, sont devenus les relais de croissance. En dépit des crises, l'économie africaine garde son dynamisme, et la croissance économique devrait dépasser les 8% en Côte d'Ivoire ou en Ethiopie cette année. Les opportunités sont là et elles sont nombreuses. Des mutations rapides sont porteuses de tendances de long-terme : urbanisation, avènement des classes moyennes, connectivité. Elles sont autant de chances à saisir, de façon inclusive et responsable. Au Sud, investir durable, c'est rentable - économiquement et socialement.

Pour que ce pari soit gagnant, l'AFD joue son rôle de bailleur du développement en faisant le maximum pour augmenter l'effet levier sur l'investissement privé au service du développement durable. Comment ?

D'abord, en favorisant les conditions de la cohésion sociale, de l'emploi et de la paix. C'est ce que nous entendons faire avec l'Alliance pour le Sahel, annoncée par le Président de la République et la Chancelière le 13 juillet dernier, en lien étroit avec nos dispositifs de défense et de diplomatie, en soutenant l'éducation, l'emploi des jeunes, l'agriculture, les énergies vertes et la gouvernance

Renforcer l'environnement des affaires pour créer de la confiance

L'investissement privé a besoin de cadres institutionnels et de systèmes financiers stables et solides. Le développement ne provient ni du tout public, ni du tout privé, mais d'une articulation qui voit le secteur privé s'épanouir dès lors que la puissance publique joue son rôle de fourniture des services essentiels, de régulation et de correction des défaillances de marché.

La confiance suppose aussi la patience. Le rôle d'une banque publique de développement est d'être présent sur le temps long. Pour investir dans les infrastructures, dans la formation professionnelle et dans les entreprises en croissance.

Enfin, il s'agit de compléter les outils de financement pour catalyser plus de capitaux privés et faire émerger beaucoup plus de projets bancables. Aujourd'hui circulent une très grande masse de capitaux privés sur les marchés internationaux, dont seule une infime fraction vient financer le développement durable et le climat au Sud. La réorientation des capitaux privés vers le financement des grandes transitions -énergétique, démographique, numérique, écologique et citoyenne - est un enjeu mondial, explicite dans l'Accord de Paris comme nous aurons l'occasion de le dire le 12 décembre prochain à Paris. En la matière, le rôle d'une banque de développement est de mettre à disposition les instruments de préparation de projet et de rehaussement de crédit pour attirer plus de capitaux privés. D'ici 2020, le groupe AFD entend ainsi doubler ses financements annuels en faveur du secteur privé, au-delà de 3 milliards d'euros.

Il est urgent d'accélérer et de libérer la capacité d'investissement et d'innovation au Sud pour faire émerger les modèles économiques de demain, plus sobres en carbone, plus inclusifs, plus responsables. C'est l'une des missions du groupe Agence française de développement, avec sa filiale Proparco, spécialisée dans le financement du secteur privé, qui fêtera ses 40 ans le 19 septembre prochain. Je suis venu le dire aux universités d'été du MEDEF. Entrepreneurs, venez investir au Sud avec nous, pour un monde en commun !

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Commentaires 2
à écrit le 29/08/2017 à 8:17
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Nous savons ce qu'il faut faire, mais nous refusons de le faire. Pourquoi cette obstination? C'est écrit page 12 de la note n°6 du CAE. Comment le faire comprendre aux Français. Les Allemands et les Suédois l'ont compris et en tirent un avantage. Pou...

à écrit le 28/08/2017 à 18:01
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Le problème c'est que la destruction de la planète rapporte 20% aux milliardaires et vous leur proposez quoi du 5% maxi donc non ? Comme ils ne voient plus qu'à très court terme aucun discours ne convaincra des gens lobotomisés par l'argent d'investi...

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