Il faut renégocier les traités, sinon la zone euro explosera

La Tribune publie chaque jour des extraits issus des analyses diffusées sur Xerfi Canal. Aujourd'hui, il faut renégocier les traités, sinon la zone euro explosera

Etre ou ne pas être dans l'euro. Etre ou ne pas être dans l'UE. C'est en termes radicaux et binaires que se pose aujourd'hui le débat européen. Une alternative qui s'apparente à bien des égards à celle du choix entre la peste et le choléra. Comme s'il était définitivement acté, que l'euro ne peut pas être réformé.

Les perdants de l'euro intériorisent le fait qu'ils ne sont plus en position de faire amender les traités. Les gagnants de leur côté, n'y trouvent aucun intérêt. Et c'est ainsi que l'arche européen, prend l'eau. Que les populismes instrumentent la colère des peuples. Et que le débat se clive entre partisans du « in » et partisans de « l'exit » sans qu'aucune autre option ne soit avancée.

Les choses sont pourtant aujourd'hui manifestes

L'euro, tel qu'il fonctionne aujourd'hui est bel et bien en train de sculpter une géographie des problèmes. Regardons quatre indicateurs éloquents. L'endettement international net des pays (d'origine privée ou publique) à l'égard du reste du monde, ce que l'on appelle plus précisément la position extérieure nette. En bleu sur la carte, les pays en position positive, autrement dit, créanciers du reste du monde. En rouge ceux dont la position est alarmante et dépasse 80% du PIB. D'un côté, le noyau rhénan, et les économies en synergie positive avec ce dernier, et/ou des économies du nord, qui n'ont pas opté pour l'euro. De l'autre, sans surprise, la périphérie du Sud, Espagne, Grèce, Portugal, ainsi que l'Irlande. Focalisons nous maintenant sur la dette publique. Avec en bleu, les pays qui naviguent sous 75 % du PIB d'endettement et de l'autre ceux qui flirtent ou dépassent plus nettement les 100 %. Là encore, le même type de clivage apparaît. Et il est clair que de s'inscrire dans la zone d'influence économique de l'Allemagne, facilite l'équation budgétaire. Même chose lorsque l'on fait une photographie des déficits publics fin 2015. Entre d'un côté les pays qui naviguent sous la barre des 2% de déficit et ceux qui peinent à passer sous le seuil de 4%. Et lorsque l'on visualise les situations extrêmes concernant le taux des créances douteuses qui gangrène le bilan des banques européennes, le même clivage apparaît.

Cette grille financière ne dit pas tout de l'Europe et de ses problèmes de divergence. Loin de là. Mais elle nous dit avec une quasi-certitude qu'en cas de prochain choc récessif, certains pays sont armés pour mener des politiques contra-cycliques et d'autres condamnés à agir sur un mode pro-cyclique. Ce qui signifie toujours plus de divergence, toujours plus de fuite des compétences, toujours plus de sous-investissement.

L'ébauche de deux Europes

Et entre ces deux espaces qui deviennent l'ébauche de deux Europes, l'une UE ou euro-compatible et l'autre pas, il y a l'Italie et la France, économies généralistes chancelantes dont le basculement parachèverait la fracture. Pour ces deux économies, l'appartenance à l'euro les expose à un autre dilemme entre la peste et le choléra. Soit maintenir le statuquo, et décrocher lentement mais sûrement, se faisant évincer par le noyau dur Rhénan. Soit, miser sur l'ajustement par les coûts, réduire le poids de l'État et tirer vers le bas l'ensemble de la croissance européenne dont ils représentent 36% du PIB et décrocher en termes d'investissement et de demande, pour maintenir leur part dans un commerce intra-européen toujours plus étriqué.


Face à cela, réformer l'euro, ne veut pas seulement dire réformer le pacte de stabilité. Qui à l'épreuve de la crise s'est avéré finalement plus flexible et moins brutal dans son application que ne le suggéraient les textes. Cela veut dire d'organiser sur un mode volontariste des transferts d'épargne massifs du Nord vers le sud. Le terme est flou. Mais si l'on veut lui donner de la chaire dans une Europe dont les flux d'investissement tendent à amplifier l'agglomération des avantages sur le cœur, cela veut dire qu'il existe une entité légitime sur le plan démocratique, capable de lever des fonds par l'impôt ou par l'émission d'euro-bonds, et de drainer de l'investissement ou des dépenses sociales vers le sud. Sans cela, autrement dit, sans ce gouvernement économique fait aujourd'hui figure de lubie, l'euro est condamné tôt ou tard à exploser.

>> Plus de vidéos sur le site Xerfi Canal, le médiateur du monde économique

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Commentaires 6
à écrit le 25/01/2017 à 22:18
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Le diagnostic est posé (très bien, c'est la première étape, mais si ça fait déjà un moment que ce diagnostic est connu). Mais: - il n'y a pas de nation européenne, donc les transferts nord-sud nécessaires resteront lettre morte - le couple Merkel/...

à écrit le 25/01/2017 à 17:42
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C'est quasiment impossible de renégocier des traités à 28 états menbres car il faut l'unanimité, et vous le savez très bien !!!!

à écrit le 25/01/2017 à 16:36
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Il est vain de vouloir obtenir une nouvelle UE car cela impose de devoir d'abord en sortir pour en créer une autre!

à écrit le 25/01/2017 à 14:20
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Il faut harmoniser les fiscalités des entreprises de la zone euro.

à écrit le 25/01/2017 à 12:41
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Soit on fait un état fédéral Européen, soit on finira par un Brexit généralisé. En attendant être au milieu du gué a moitié tétanisé par les populistes de tout poil, c'est pas très confortable. Surtout alourdis de 2200 milliards de dettes (pour la F...

à écrit le 25/01/2017 à 11:47
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Je suis entièrement d'accord avec vous, l'europe est un merveilleux outil à la base dont nous pourrions faire sans aucun problème le leadeur mondial économique et culturel mais voilà, du merveilleux certes mais placé entre les mains du pire. Comme je...

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