Réseaux sociaux... pour le meilleur mais souvent pour le pire  !

OPINION. La place croissante prise par les réseaux sociaux dans nos vies quotidiennes engendre des effets délétères, notamment pour les plus jeunes. C'est à la puissance publique qu'il revient de mieux encadrer les plateformes. Par Jean-Michel Arnaud.
Jean-Michel Arnaud.
Jean-Michel Arnaud. (Crédits : DR)

Réseaux sociaux. Deux mots et une expression qui ont envahi notre quotidien et bouleversé des champs aussi divers que l'information, la politique ou les divertissements, sans oublier nos relations amicales ou amoureuses. Plus d'une décennie après leur avènement, le temps n'est néanmoins plus à l'émerveillement mais bien au devoir d'inventaire. Un examen critique et des mesures sont nécessaires pour que les réseaux sociaux continuent à déployer leurs bienfaits sans provoquer la cascade d'effets délétères dont nous sommes aujourd'hui les témoins.

Formidable outil de liberté

Ces bienfaits, justement, il s'agit de ne pas les négliger à l'heure où les réseaux sont placés sous l'œil du microscope. Ce ne sont pas seulement ceux issus d'une nouvelle forme de sociabilité, que l'on est parfois trop empressé de réduire à sa virtualité. Pour nombre de communautés diverses ou d'individus isolés, les réseaux sociaux ont ouvert des perspectives qui n'existaient pas auparavant. Formidable outil de liberté, ils ont fait sauter les digues qui enserraient l'accès à l'espace et à la parole publique, permettant l'essor de mouvements politiques et citoyens qui n'auraient jamais vu le jour sans eux.

Malheureusement, le revers de la médaille commence sérieusement à peser plus lourd que l'avers, et ce pour trois grandes séries de problèmes. Le premier est la place croissante qu'ont pris les réseaux sociaux dans notre quotidien. Pour reprendre une expression qui a le mérite d'être claire, les réseaux sociaux ont tendance à cannibaliser notre temps de cerveau disponible en le mobilisant sur des occupations qui, on peut s'accorder là-dessus, sont loin de toujours être à haute valeur individuelle et sociale. Il suffit de jeter un œil à la nature des contenus qui circulent majoritairement sur Instragram, TikTok ou Snapchat, réseaux très prisés des jeunes, pour s'en convaincre. Des jeunes, « digital natives », qui sont soumis dès le plus jeune âge à la tyrannie des gratifications immédiates que sont les notifications, les likes ou les followers, menant à une perte d'attention et à des phénomènes addictifs.

Nouvelles formes de délinquance et de criminalité

Le second tient dans la violence et le crime. Il ne s'agit pas de dire que les réseaux sociaux ont rendu la société plus violente et moins civile, mais qu'ils ont favorisé l'éclosion de nouvelles formes de délinquance et de criminalité plus difficiles à appréhender et à combattre. Les victimes du cyber-harcèlement sont encore bien trop souvent livrées à elles-mêmes, abandonnées derrière la solitude de leur écran. Les outils juridiques et policiers n'ont pas encore été pleinement adaptés à cette nouvelle donne, faisant des réseaux une zone d'impunité inacceptable.

Le troisième péril enfin, le plus grave peut-être, est celui que les réseaux sociaux font courir à nos systèmes politiques. D'une promesse démocratique, les réseaux se sont mués en un outil de déstabilisation des processus électoraux, comme l'ont montré le scandale Cambridge Analytica et les forts soupçons d'ingérence russe dans la campagne ayant mené à l'élection de Donald Trump. D'un espoir de discussion élargie au plus grand nombre, ils ont substitué un champ de bataille où le tribalisme est roi et les fake news prospèrent, rendant impossible un débat démocratique qui devrait porter sur des valeurs et des conceptions alternatives de la vie commune mais pas sur la véracité des faits historiquement ou scientifiquement établis.

Mieux encadrer les plateformes

Des mesures fortes doivent être prises, à tous les niveaux. C'est à la puissance publique qu'il revient de mieux encadrer les plateformes, afin que celles-ci assument pleinement leur responsabilité et retirent de manière diligente les contenus illicites et dangereux postés sur leurs réseaux. Pour assurer transparence et équilibre, les critères choisis devraient être rendus publics et des conseils de surveillance similaires à celui mis en place par Facebook devrait être créés, afin que les cas les plus litigieux puissent être tranchés de manière contradictoire. Pour les grandes plateformes, il est grand temps de cesser de prêcher la croissance par tous les moyens et de promouvoir des usages plus raisonnables de leurs services, en adaptant si besoin leurs précieux algorithmes pour que ceux-ci soient véritablement mis au service des utilisateurs. C'est à ces derniers de se mobiliser aussi, comme le font les internautes suédois du mouvement #Jagärhär, « je suis ici » en français, qui, lorsqu'ils identifient des contenus haineux ou complotistes postés en ligne, les noient sous des discours bienveillants et des contre-argumentaires pour permettre d'en neutraliser la portée.

Enfin, alors que les dégâts provoqués par les réseaux sociaux chez les plus jeunes, leur bien-être et leur développement, apparaissent de plus en plus clairement chaque jour, qu'attendons-nous pour prendre le problème à bras le corps ? A quand une véritable interdiction pour les moins de quinze ans ?

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 8
à écrit le 30/12/2021 à 10:39
Signaler
D"un coté on se félicite des innovations et de l'autre on critique leur usage! Les "causes" qui se voudrait rémunératrice, ne le sont plus et les "conséquences", publicitaire, ne sont pas une réussite!

à écrit le 29/12/2021 à 10:14
Signaler
Ce sont à l'origine des applications conçu pour partager les photos de personnes éméchées suite aux apéros entre amis, je ne vois pas en quoi cela peut servir de plus ...

à écrit le 29/12/2021 à 8:54
Signaler
J'ai eu un compte Facebook quelques mois, sur lequel j'ai dû en tout et pour tout faire 2 "publications !" Devant l'indigence, la bêtise, l'inutilité de cette "couillonade", j'ai fermé mon compte ... ne suis sur aucun "réseau social" et ne m'en porte...

à écrit le 28/12/2021 à 3:53
Signaler
Je suis pour un internet libre non censuré . Si les états et les grands groupes se permettent tout dessus avec nos données en autres, pourquoi le citoyen n'aurais pas le droit à la libre expression . Il faut plutôt combattre les communautés de pen...

à écrit le 27/12/2021 à 19:33
Signaler
L'avantage d'internet c'est que l'on doit, contrairement au média traditionnel, chercher l'information! Donc il est plus facile de nous manipuler en nous l'imposant!

à écrit le 27/12/2021 à 19:12
Signaler
vu qu'on a tous eu des cours de comm, on sait quelle heure il est.........apres expliquer que ca fait peter des systemes politiques verreux, oui, c'est bon signe, mais ca tombe bien, c'est pas le cas, sauf dans les pays ou ca a vraiment saute, genre ...

à écrit le 27/12/2021 à 18:58
Signaler
Pour ma part je trouve que les propos haineux et donc d'extrême droite ont reculè depuis quelques années sur les réseaux sociaux et forums mais par contre ils se sont déportés sur les plateaux télés amplifiant ainsi le phénomène auprès des personnes ...

à écrit le 27/12/2021 à 18:39
Signaler
De toutes façons, "Réseaux sociaux" est une mauvaise traduction, et un terme trompeur : "social network" doit se traduire par "média social", puisqu'aux USA les grands chaînes de télévisions sont des "TV networks". Partant de là, FesseBouc est un mé...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.