Troubles du comportement alimentaire : quand le numérique met le patient au cœur de la prise en charge

OPINION. Anorexie, boulimie, hyperphagie... En France, près de 10 % de la population souffrirait  de troubles du comportement alimentaire, un fléau exacerbé par la pandémie. Par Morgane Soulier, Fondatrice et dirigeante de Feeleat
(Crédits : DR)

Selon une étude scientifique publiée dans The Lancet Psychiatry en janvier 2022, la prévalence de ces maladies aurait augmenté de 15,3 % pendant la pandémie en 2020. En France, les professionnels de santé alertent : une enquête menée par le CHU de  Montpellier atteste d'une très forte augmentation des demandes de prises en charge : + 234  % pour une augmentation de 53 % du nombre d'hospitalisations et des délais de réponse aux  demandes d'aide corolairement rallongés.

Si les troubles du comportement alimentaire touchent toute catégorie de la population, tout  sexe, tout âge et toute catégorie socio-professionnelle, on constate une prévalence plus  importante chez les adolescents, notamment sujets aux crises de boulimie ou souffrant  d'anorexie mentale.

Troisième malade chronique la plus fréquente chez les adolescents après l'obésité et l'asthme,  l'anorexie est la maladie psychiatrique qui tue le plus. Pour se soigner, une prise en charge  pluridisciplinaire est souvent nécessaire afin de couvrir l'approche nutritionnelle, somatique,  psychique et familiale du patient.

Lorsqu'ils se chronicisent, dans 30 % des cas, les troubles alimentaires ont un impact  majeur sur l'ensemble de la qualité de vie des personnes qui en souffrent :  développement d'autres maladies (troubles digestifs, affaiblissement des muscles et des os,  perte de fertilité, troubles cardiaques...), isolement social et professionnel, dépression...  L'impact est tel que l'Organisation Mondiale de la Santé et le système de santé français  en font une des priorités de santé publique.

Récemment, les outils numériques ont intégré l'accès aux soins. En France, comme dans  de nombreux pays, le recours aux applications de santé connectée est encouragé politiquement car elles ont l'avantage de lutter contre les déserts médicaux. Et cela est  également confirmé par l'institut de sondage Odoxa en mars 2022 qui montre que la santé  connectée constitue une opportunité d'améliorer la prévention pour 76 % des Français  interrogés et pour 62 %, la qualité des soins.

Ces applications représentent effectivement de puissants outils de prévention et favorisent  une adhésion des patients à leur protocole de soin en le rendant plus interactif et en améliorant  la quantité et la qualité des informations transmises aux professionnels, qui peuvent alors  prendre de meilleures décisions thérapeutiques.

Évalués par des épidémiologistes, les outils numériques ont aussi démontré leur bénéfice  dans le traitement des troubles du comportement alimentaire auprès des adolescents et de  l'ensemble des patients au global.

L'intérêt des professionnels de santé est aussi grandissant

Prochainement, la Clinique des 3 Cyprès à Marseille, dont le pôle adolescent est dirigé par  le Professeur Rufo, psychiatre de référence en matière de santé mentale des jeunes,  intègrera l'application Feeleat à son protocole de soin, application de santé connectée co construite grâce à la collaboration de milliers de patients et de professionnels de santé.

Sur les réseaux sociaux, de nombreux comptes animés par des médecins ou des diététiciens  sensibilisent aussi, lèvent les tabous, combattent les idées reçues et injonctions véhiculées  par les médias.

Que ce soit via des outils dédiés aux patients ou aux professionnels de santé ou par la diffusion  de contenus dédiés à la prévention ou à la sensibilisation, l'usage du numérique s'ancre dans  le paysage sanitaire pour mieux suivre les patients, mieux les comprendre et les aider à mieux  comprendre leur situation et donc mieux les impliquer, mieux les soigner.

En outre, le recours au numérique peut aider le patient à s'auto-éduquer en identifiant de façon  autonome les contextes qui favorisent son bien-être ou qui dégradent sa qualité de vie et  permet aux médecins de mieux comprendre le vécu du patient hors consultation.

A quand une démocratisation généralisée et sécurisée des données médicales des patients  pour une meilleure information, un meilleur partage entre professionnels de santé et un suivi  de proximité ?

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