Sondage exclusif  : Xavier Bertrand, annoncé grand gagnant

Par Gaëtane Deljurie, correspondante à Lille  |   |  798  mots
Le sondage de l'IFOP pour La Tribune et Europe 1, réalisé à six mois du scrutin, dévoile le président sortant Xavier Bertrand vainqueur dans tous les cas de figures. Hormis le Rassemblement national, les intentions de vote révèlent un paysage politique très morcelé.

Avantage au sortant. Un avantage très net se dessine pour le président du conseil régional sortant. « Xavier Bertrand bénéficie d'un rapport de force très favorable, et bien plus favorable qu'en 2015, lorsqu'il avait dû faire face au second de tour à Marine Le Pen (RN) », résume Frédéric Dabi, directeur général adjoint de l'IFOP.

Le sondage est formel : quelles que soient les hypothèses du premier tour, Xavier Bertrand arrive nettement en tête au second tour des élections, avec 33% dans l'hypothèse d'une gauche dispersée et 34% avec une gauche unie. « Ce qui équivaudrait à deux fois le score de François Fillon sous l'étiquette Les Républicains à l'élection présidentielle à titre de comparaison. Cela représente 8 à 9 points de plus comparé à son étiage de 2015 ».

Un candidat attrape-tout. Le candidat se révèle surtout « attrape-tout », en tête dans la plupart des catégories de population, sauf les ouvriers. « Il arrive en tête dans l'électorat le plus âgé, dont on sait qu'il va le plus voter au scrutin régional », ajoute Frédéric Dabi.

Cet avantage trouve sa source aussi dans le bilan de Xavier Bertrand en tant que président des Hauts-de-France. Dans le sondage réalisé par l'IFOP pour La Tribune sur le regard des habitants sur la crise sanitaire, plus de trois quarts des habitants se disaient satisfaits de l'action du conseil régional.

Le Rassemblement National en retrait. Le deuxième enseignement de ce sondage : le RN est très en retrait par rapport à la précédente performance de Marine Le Pen (40,6% en 2015). C'est également moins bon que les 31% au premier tour des présidentielles. « L'équation Sébastien Chenu et la région ne semble pas fonctionner, d'autant que le RN a une difficulté à mobiliser les abstentionnistes potentiels alors que le parti d'extrême-droite est en tête chez les ouvriers et les actifs », dévoile le directeur général adjoint, ajoutant que les personnes âgées et les retraités votent plus volontiers pour Xavier Bertrand. Le président sortant arrive quand même à prendre un électeur sur 10, ce qui totalise quand même quatre points. « Une victoire du Rassemblement National semble difficile à imaginer ».

Les autres partis en minorité. Par ailleurs, aucune liste politique testée par le sondage IFOP pour La Tribune et Europe 1 ne parvient à un score supérieur à 10%, synonyme au maintien au second tour. Le score est très décevant pour La République en Marche avec le candidat Laurent Pietraszewski : le mouvement politique a du mal à rassembler l'électorat d'Emmanuel Macron puisque seuls 28% des électeurs des présidentielles de 2017 choisiraient la liste LREM. « Ils se reportent plus volontiers sur la liste de Xavier Bertrand », conclut Frédéric Dabi.

Les socialistes balayés. Rappelons la situation très difficile de la gauche qui a été éliminée en 2015 car le candidat Pierre De Saintignon avait laissé sa place pour faire barrage à Marine Le Pen (sachant qu'il pouvait se maintenir au second tour). Dans les deux hypothèses testées, la gauche n'est pas en capacité de se maintenir au second tour. Soit elle est divisée et cela rendrait la situation largement plus complexe qu'en 2015 : les intentions de vote créditeraient EELV à 9%, le PS à 8%, la France Insoumise à seulement 5,5%. Soit elle est unie sous la bannière PS et EELV, elle ne raflerait que 15%.

Xavier Bertrand toujours vainqueur au second tour. « Il faut rester extrêmement prudent car un sondage ne mesure qu'imparfaitement les résultats du second tour, puisque les personnes interrogées ne connaissent pas le résultat du premier tour », prévient Frédéric Dabi. Xavier Bertrand reste en position de force : il serait vainqueur en duel (37% pour lui, 33% pour le RN) et en triangulaire, il remporterait aussi plus nettement les élections qu'en 2015 avec 42% contre 34% pour le RN et 24 % pour la gauche.

Un candidat aux présidentielles rassembleur ? « Xavier Bertrand a très clairement installé dans l'opinion publique des Hauts-de-France, et peut-être même à l'échelle nationale, une double équation », constate Frédéric Dabi. « D'abord affirmer que la politique peut changer le quotidien des gens : il va d'ailleurs très fortement montrer son attachement sur des sujets du quotidien, comme les transports, la sécurité et l'emploi, à l'image de la campagne présidentielle de Nicolas Sarkozy en 2007. Ensuite, il veut prendre l'exemple, comme l'avait fait Jean-Louis Borloo, ex-maire de Valenciennes devenu ministre de 2002 à 2010, de son bilan pour une Région en proie à certaines difficultés, afin de faire entendre qu'il peut appliquer les mêmes recettes au pays entier. Cette stratégie, dans un contexte d'abstention extrêmement forte pour les élections régionales, vise à dégeler le glacis abstentionniste de gauche, de droite et du RN ».