Municipales à Paris : Hidalgo veut transformer le périphérique en boulevard urbain et végétal

Par César Armand  |   |  736  mots
La porte de Gentilly demain ? (Crédits : Céline Orsingher)
Covoiturage, 100.000 arbres sur les talus, hubs de mobilité... La maire-candidate veut transformer l'infrastructure routière parisienne.

Anne Hidalgo l'avait évoqué dans La Tribune en novembre dernier. La maire-candidate (PS) l'a confirmé ce 14 février 2020: si elle est réélue, une voie de chaque côté du périphérique sera dédiée au covoiturage, aux transports collectifs, dont les taxis, et aux véhicules propres à horizon 2023. "L'intérêt des JO 2024 est que cela serve d'accélérateur", a-t-elle déclaré.

En réalité, elle ne fait que reprendre la position commune des quatre équipes finalistes des Routes du Futur, un travail collectif impulsé par la Ville aux côtés de l'Etat, de la Région, de la Métropole et d'autres collectivités franciliennes dans le cadre du Forum métropolitain du Grand Paris, un syndicat mixte qui réunit toutes ces institutions.

"Qualifier les véhicules qui pratiquent le covoiturage"

Cette voie devra être "signalée de manière extrêmement claire", a promis le maire-adjoint (apparenté PS) de la capitale chargé, notamment, de l'urbanisme et du Grand Paris, Jean-Louis Missika. Une discussion devrait être ouverte avec l'autorité organisatrice des transports en Île-de-France, IDF Mobilités, qui dépend de la Région, pour "qualifier les véhicules qui pratiquent le covoiturage". Sur les parties où le périph' compte quatre voies de chaque côté, une voie supplémentaire pourra même être végétalisée et réservée aux piétons et aux cyclistes, a-t-il ajouté à l'issue de la conférence de presse.

La Ville s'appuiera sur des capteurs "détectant le nombre d'occupants" et sur des caméras de vidéo-verbalisation qui s'assureront que seuls les véhicules autorisés y circulent. L'installation de ces caméras est déjà prévue depuis le 1er juillet dernier, date de l'instauration de la zone à faibles émissions (ZFE) qui interdit la circulation aux véhicules Crit'5, c'est-à-dire ceux roulant au diesel d'avant 2001 et à l'essence d'avant 1997, à l'intérieur de l'A86 francilienne.

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Suivront en juillet 2021, le bannissement des véhicules Crit'4 (diesel datés entre 2001 et 2005, ndlr), en juillet 2023, celui des véhicules Crit'3 (diesel datés entre 2006 et 2010, près de la moitié du parc d'après les assureurs, ndlr). L'année 2024 sera celle de la fin du diesel, et 2030, celle de la fin de tous les véhicules thermiques.

100.000 arbres sur les talus

En matière de végétalisation, Anne Hidalgo veut planter 100.000 des 170.000 arbres déjà annoncés sur les talus de l'infrastructure routière. "Une condition sine qua non du rafraîchissement et de l'amélioration de la qualité de l'air", a insisté la maire. Tissant la métaphore verte, elle a également promis la création du réseau "Fil Vert", pour permettre aux piétons et vélos de "franchir le périph' de façon efficace".

A la question de savoir qui réglera les factures, l'Etat, les territoires concernés et Paris payeront l'aménagement et le contrôle des voies réservées, mais seule la capitale mettra à la poche pour la plantation des arbres. Le périphérique coûte déjà près de 16 millions d'euros annuels à la Ville, a rappelé l'adjoint EELV aux Transports, Christophe Najdovski.

Enfin, pour relier les communes séparées par cette "barrière", Anne Hidalgo veut transformer les portes de Paris en places du Grand Paris. 59 chantiers sont déjà en cours, a d'ailleurs précisé son adjoint Jean-Louis Missika. Dans ce domaine, "des propositions pourront émaner du privé", ont-ils affirmé.

Des "hubs de mobilité" à horizon 2030

La méthode diverge déjà de celle employée pour la fermeture des voies sur berge: la maire-candidate a ainsi organisé deux premiers Ateliers du périphérique, l'un à Malakoff et l'autre à Neuilly. Elle travaille de même avec le préfet d'Île-de-France, Michel Cadot, pour "définir un calendrier de transformation de l'ensemble des infrastructures routières" franciliennes (A1, A3, A4, A6...)

Dans le même temps, la Ville se projette déjà à horizon 2030. D'ici à dix ans, elle veut créer aux portes de Paris des "hubs de mobilité" pour faciliter l'intermodalité et permettre de passer d'un moyen de transport à un autre. Là encore, il s'agit d'une proposition commune des quatre groupes de travail planchant sur les Routes du Futur du Grand Paris.

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