L'Insee dresse la carte de France de la pauvreté

Par Jean-Christophe Chanut  |   |  696  mots
Contrairement à une idée reçue, la pauvreté est plus importante dans les grandes villes que dans leurs agglomérations, selon l'Insee (Crédits : AFP)
L'Insee a réalisé une véritable cartographie des revenus, des inégalités et de la pauvreté monétaire en France. C'est en Corse et dans le Languedoc-Roussillon que le nombre de personnes en deçà du seuil de pauvreté est le plus élevé. Au niveau communal, c'est à Neuilly-sur-Seine que le niveau de vie des 10% des personnes les plus aisées est le plus élevé.

Le" fichier localisé social et fiscal" (Filosofi ) est un nouvel outil dont dispose l'Insee pour appréhender à un niveau très fin (la commune) le revenu disponible des ménages. Grâce à cet outil - basé sur des données de 2012 - l'institut a donc pu dresser une carte des revenus, des inégalités et de la pauvreté monétaire (personne vivant en-deçà du seuil de pauvreté, c'est-à-dire dont le niveau de vie est inférieur à 60% du niveau de vie médian, soit près de 990 euros par mois ou 11.871 euros par an).

Carte des taux de pauvreté communaux

La cartographie ainsi réalisée par l'Insee montre que les disparités restent fortes sur le territoire.  A l'échelle régionale, la part de la population avec un niveau de vie en deçà du seuil de pauvreté reste la plus élevée en Corse, Languedoc-Roussillon et Nord-Pas-de-Calais (autour de 20%). A l'inverse, elle est la plus faible en Bretagne et Pays de la Loire (11%).

Au niveau départemental, c'est en Ile-de-France que se trouvent à la fois les départements ayant le plus fort et le plus faible taux de pauvreté, respectivement la Seine-Saint-Denis (27%) et les Yvelines  (9%).  Hors région parisienne, tous les départements des Régions Nord-Pas-de Calais, Corse et Languedoc-Roussillon (exceptée la Lozère) ont parmi les plus forts taux de pauvreté (entre 18% et 23%).

A l'inverse, outre les Yvelines, les plus faibles taux de pauvreté sont observés en Loire-Atlantique, Finistère, Ille-et-Vilaine, Vendée, Savoie, Haute-Savoie et l'Ain (autour de 10%).

La pauvreté surtout présente dans les villes, au centre de grandes agglomérations

Si l'on descend au niveau communal, l'Insee note que la pauvreté est dans l'ensemble la plus forte dans les villes se situant au centre de grandes agglomérations (20%) et dans les communes isolées hors de l'influence des villes (17% en moyenne).

Globalement, 77% de la population pauvre réside dans les 230 aires urbaines de métropole, dont 65% dans les grands pôles urbains et 20% uniquement dans l'aire urbaine de Paris. Et, contrairement à une idée reçue, le taux de pauvreté est presque toujours plus élevé dans les villes-centres. Il atteint deux à trois fois celui des banlieues, voire même... sept fois dans l'aire de Mulhouse: 30% dans la ville centre contre 4% dans la couronne.

Quant aux disparités de revenus, les plus fortes se situent à Paris, dans les Hauts-de-Seine et en Haute-Savoie. Département par département, le niveau de vie au-dessus duquel se situent les 10% les plus aisé est le plus élevé dans toute l'Ile-de-France (hors Seine-Saint-Denis) ainsi qu'en Alsace, dans les Alpes-Maritimes et en Haute-Garonne.

C'est à Neuilly-sur-Seine que le niveau de vie des 10% les plus riches est le plus élevé

Au niveau communal, le record revient à... Neuilly-sur-Seine. C'est dans cette commune des Hauts-de-Seine que le niveau de vie des 10% des personnes les plus aisées est le plus haut de France: plus de... 111.700 euros par an. Et parmi les communes de plus de 100.000 habitants, le niveau de vie au-dessus duquel se situent les 1% de personnes les plus aisées est le plus haut à Paris et à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Sein), avec respectivement plus de 177.000 et plus de 157.000 euros par an, puis viennent Bordeaux, Aix-en-Provence, Lyon, Strasbourg, Toulouse, Nantes et Rennes (toutes entre 85.000 et 103.000 euros par an).

A l'autre bout de l'échelle des revenus, s'agissant des personnes vivant sous le seuil de pauvreté, leur niveau médian de revenu varie de 8.620 par an à Paris à 9.900 euros en Vendée. C'est donc à Paris que les pauvres sont les plus pauvres.

Pour les personnes les plus modestes, le niveau de vie dépend, bien entendu, plus fortement des prestations sociales. Ainsi, parmi les 10% de personnes ayant les plus faibles niveaux de vie, les prestations sociales représentent plus de 35% du revenu disponible dans les trois quarts des régions. Mais, cette part monte à 42% dans l'ensemble des grands pôles urbains.

A l'opposé, sans surprise, les revenus du patrimoine constituent une plus forte part du revenu disponible pour les plus aisés. En moyenne, parmi les 10% les plus riches, les revenus du patrimoine contribuent pour plus de 25% au revenu disponible dans toutes les régions de métropole, exceptée en Franche-Comté (21,5%).