Le gouvernement veut convertir les entreprises au vélo

Par César Armand  |   |  888  mots
Le bonus de 200 euros pour tout achat de véhicules électrique a disparu de la circulation. (Crédits : Pixabay)
En déplacement à Angers ce 14 septembre, le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé une série de mesures visant à réhabiliter la bicyclette dans l'espace public, dont un forfait mobilité durable pour les salariés.

De 3 à 9% d'ici à 2024. En six ans, le gouvernement veut tripler la part des déplacements à vélo.

« Cet objectif est quelque chose que l'on retrouve périodiquement, explique Simon Labouret, porte-parole de Paris en selle. C'est un premier pas pour mettre en selle l'ensemble des Français. »

Le Premier ministre, Edouard Philippe, a annoncé ce 14 septembre à Angers qu'un fonds national doté de 350 millions d'euros sur sept ans soutiendrait les projets de création d'axes cyclables dans les collectivités. C'est la première fois qu'un gouvernement présente un tel plan de financement.

« L'ingénierie se fera à travers un appel à projets de l'Agence de l'environnement et de maîtrise de l'énergie (Ademe), assure à La Tribune Bernadette Caillard-Humeau, vice-président de la Fédération française des usagers de la bicyclette (FUB). Les communes ont besoin de cette ingénierie qu'elles n'ont pas toujours dans leurs services. C'est une chance unique pour celles qui ont du retard. »

50 millions d'euros par an pour les infrastructures

A la question de Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV le 12 septembre : « 200 millions d'euros par an, c'est cela ? », le ministre d'État chargé de la Transition écologique et solidaire François de Rugy avait pourtant répondu « Même plus que ça, vous verrez ! » Sur les réseaux sociaux, des cyclistes font aujourd'hui remarquer que les 50 millions d'euros annuels équivalent à la construction de trois kilomètres de tramway.

Dans un communiqué, la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l'homme (FNH) compare, elle, cet investissement à la création de 50 km de pistes cyclables :

« C'est pourquoi, pour un Plan vélo efficace, les associations ont estimé les besoins à 200 millions d'euros par an, soit 3 euros par habitant et par an... Ce montant semble tout à fait atteignable si l'on considère l'annonce, la semaine dernière par le gouvernement, d'un plan total des investissements dédiés aux infrastructures de 27 milliards d'euros sur 10 ans. »

Par ailleurs, 300.000 foyers étant victimes, chaque année, d'un vol de vélo, l'État veut systématiser « le marquage des vélos par les vendeurs » avec « un identifiant unique infalsifiable ».

« Beaucoup de vélos volés sont retrouvés par la police, mais elle a beaucoup de difficultés à dire à qui ils appartiennent. Peut-être aussi que cela permettra d'assécher les motivations de certains », veut croire Simon Labouret de Paris en selle.

Un forfait mobilité durable... facultatif

Le gouvernement va également créer pour les salariés un forfait "mobilité durable" en substitution de l'indemnité kilométrique. « Les employeurs pourront contribuer aux frais domicile-travail de leurs salariés jusqu'à 400 euros en franchise fiscale et sociale », mais a souligné Edouard Philippe, « on n'est pas dans une logique d'obligation ».

« L'indemnité kilométrique était au maximum de 200 euros. Ce plafond est doublé aujourd'hui, ce n'est pas mal », estime Aymeric Weyland, directeur général du salon Autonomy, consacré aux nouvelles mobilités.

Les frais engagés par les entreprises devraient être déduits de l'impôt sur les sociétés dès 2019, mais tout cela restera encore à vérifier dans le détail lors de la présentation du budget le 24 septembre prochain. Quoi qu'il en soit, l'administration mettra, elle, en place dès 2020 un forfait de 200 euros pour les agents de la fonction publique d'État .

Au contraire, les ONG du réseau Action Climat regrettent que la démarche soit « malheureusement toujours pas systématique dans le secteur privé ». Elles  appellent les instances patronales « à prendre leur part de responsabilité dans la transition écologique »,  « en rendant la prime vélo accessible à tous dans les entreprises, au travers d'un forfait mobilité durable rendu obligatoire, (...), c'est-à-dire à hauteur de 35 euros par salarié par mois. »

Quid des trottinettes électriques ?

Aymeric Weyland, d'Autonomy regrette par ailleurs l'absence de législation sur les « engins de déplacement personnel » comme les trottinettes électriques qui se trouvent actuellement dans un flou juridique.

« Leur part modale va dépasser les 3%. C'est trois fois moins cher et ça prend dix fois moins de place que les vélos. Énormément d'entreprises misent déjà dessus », avance l'expert des mobilités actives.

Seront-elles éligibles au forfait mobilité durable ? Rien n'est sûr à ce jour. En revanche, l'État entend donner « les outils nécessaires aux collectivités pour encadrer l'implantation de nouveaux services sur les voiries publiques » dans le projet de loi d'orientation des mobilités, portée par la ministre des Transports Élisabeth Borne.

Parmi les autres annonces, le Premier ministre invite les agglomérations à créer des « sas vélo » devant chaque feu tricolore installé à partir du premier semestre 2019. Il veut aussi généraliser le dispositif « Savoir rouler » afin que chaque enfant sache pédaler à son entrée en collège, de même qu'il entend déployer des plans de « mobilité scolaire » pour les trajets domicile-école. Les 200 euros de bonus, un temps octroyés par l'État pour tout achat de vélo électrique, ont, en revanche, disparu.

Pendant ce temps, la ville de Paris, qui propose toujours une prime de 400 euros pour ce type d'acquisition, a annoncé ce 14 septembre la réservation du centre de Paris aux mobilités douces et transports collectifs un dimanche par mois.

« Cette promesse deviendra réalité à partir du 7 octobre prochain, avec la mise en place d'une zone Paris Respire dans les 1er, 2e, 3e et 4e arrondissements », a déclaré Anne Hidalgo.