Le bâtiment entame sa mue énergétique

De quoi DEMAIN sera-t-il fait ? Bpifrance s'est lancé le défi de mener une réflexion sur les sujets d'innovation qui révolutionneront notre quotidien dans les années à venir, du point de vue de notre mobilité, notre alimentation, notre santé, notre façon de commercer et de travailler. Pour cela, Bpifrance anime une démarche collective pilotée par les collaborateurs de Bpifrance et associant les acteurs des écosystèmes concernés. L’un des sujets stratégiques récemment traité est l’efficacité énergétique du bâtiment.
(Crédits : DR)

En France, le secteur du bâtiment représente 43 % des consommations énergétiques annuelles et génère près d'un quart des gaz à effet de serre (GES) selon le Ministère de la Transition Ecologique. Améliorer l'efficacité énergétique du parc est donc une priorité. « C'est un enjeu majeur en termes de transition écologique. Le secteur est disparate, avec une multitude d'artisans, PME et ETI et quelques grands donneurs d'ordre. Et il existe aussi un fort besoin d'innovation » analyse Massimiliano Picciani, responsable sectoriel bas carbone à la Direction de l'Innovation de Bpifrance. Néanmoins, la prise de conscience a commencé et les solutions technologiques existent. Mais pour les utiliser, il faut du personnel formé. La formation est donc un sujet crucial pour le BTP, qui a déjà des difficultés à recruter. Par ailleurs, les conditions d'usage des bâtiments évoluent : « c'est pourquoi il est nécessaire de mettre en place des mécanismes d'accompagnement, comme France Renov lancé par l'Anah (Agence nationale de l'habitat) pour guider les propriétaires qui souhaitent faire des travaux de rénovation de leur logement » précise Massimiliano Picciani.

La nouvelle réglementation RE 2020 (Réglementation Environnementale 2020) et la loi Énergie Climat garantissent des taux d'émission de GES très bas pour les bâtiments neufs. Mais le vrai chantier est celui de la rénovation énergétique du parc existant, particulièrement pour les immeubles des années 60 et 70. « Ce qui est important, c'est d'appréhender l'ensemble du bâtiment et ne pas se focaliser sur le seul changement de fenêtres. L'une des solutions qui émergent, c'est la démarche EnergieSprong venue des Pays-Bas. Elle utilise des éléments préfabriqués, comme des parois percées d'ouverture et remplies d'isolant, qui sont ensuite assemblés sur le site pour recouvrir les façades et les murs existants » décrit Massimiliano Picciani.

Une méthode qui se répand lentement en France, mais dont le déploiement devrait s'accélérer grâce aux aides régionales, notamment pour l'habitat social. Cette solution émergente réclame un changement profond de l'organisation de la filière du BTP selon Massimiliano Picciani : « il faut aller vers de vrais partenariats clients/fournisseurs, une conception davantage basée sur l'approvisionnement local des matériaux et sur l'économie circulaire ».

Un promoteur engagé sur le bas carbone

Les promoteurs sont un des acteurs majeurs de cette filière du bâtiment. Redman est à la fois promoteur, exploitant hôtelier et investisseur foncier dans les territoires. Le groupe indépendant intervient dans les milieux denses urbains, principalement dans la réhabilitation, qui concerne la moitié des 750 000 m2 livrés depuis sa création en 2007. « Historiquement le groupe s'est fait connaître sur des grands projets tertiaires et mixtes, comme le siège du journal le Monde, la Station F ou The Camp à Aix-en-Provence » décrit Sophie Rosso, DGA développement. En 2017, les fondateurs ont écrit leur raison d'être : « promoteur engagé pour une ville bas carbone et inclusive ».

Trois ans plus tard, Redman devenait le premier promoteur français certifié B Corp (certification octroyée aux entreprises répondant à des exigences RSE) et a adopté le statut d'entreprise à mission.  « Nous avons établi une grille de critères centrés sur le bas carbone et l'inclusion. Les développeurs doivent nous démontrer que leur opération y répond. Sinon, nous refusons le projet » précise Sophie Rosso. Exemple : Redman impose sur l'ensemble de ses opérations l'atteinte du label BBCA - bâtiment bas carbone - , qui atteste de l'exemplarité d'un bâtiment en matière d'empreinte carbone. Un label exigeant et en avance sur le calendrier de la RE 2020 qui valorise les matériaux comme le bois, la pierre ou la terre, alternatives crédibles au béton. Mais ces matériaux bio ou géosourcés sont souvent plus chers. « Le béton sera toujours moins onéreux car le coût carbone n'est pas valorisé. Nous ne répercutons pas ce surcoût sur le prix final car nous préférons baisser notre marge. Nous considérons que c'est de notre responsabilité » affirme Sophie Rosso, qui rappelle qu'un bâtiment qui ne répond pas aux nouveaux critères « sera la passoire thermique de demain et dans cinq ou dix ans, ne se vendra pas ».

« La vraie question, c'est d'avoir une approche frugale et ne pas apporter la même réponse pour chaque territoire. Et il faut vraiment accélérer la rénovation énergétique des bâtiments pour répondre aux enjeux de la Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC). On est encore trop loin du compte. » conclut la DGA développement de Redman.

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