C'est un immense marché qui s'ouvre. Celui du microbiote, sur lequel la France, déjà leader européen en matière de production agricole et agroalimentaire, est aussi en pointe. Depuis une dizaine d'années, les scientifiques se sont centrés sur notre tube digestif, qui abrite pas moins de 100 000 milliards de bactéries... Désormais, les liens entre microbiote intestinal et fonctions digestives, immunitaires et neurologiques sont de plus en plus clairs. Et alors que les sociétés industrialisées ont vu l'explosion des maladies cardio-vasculaires, des cancers, du diabète, de l'Alzheimer... et qu'au nom de la santé publique, les Etats veulent prévenir ces pathologies, « nous avons estimé, à la suite de la mise en place de notre groupe de travail « DEMAIN », qu'à l'échelle mondiale, le marché des applications thérapeutiques, alimentaires et cosmétiques du microbiote est de 60 milliards de dollars », indique Ariane Voyatzakis, responsable du secteur agroalimentaire, à la direction de l'innovation chez Bpifrance.
Pour capter une partie de ce marché, la France a lancé, en mars 2021, l'Alliance Promotion Microbiote, qui réunit plus d'une quinzaine d'acteurs publics et privés, dans le but de promouvoir l'écosystème et favoriser le développement, la production et la commercialisation d'innovations thérapeutiques. Bpifrance, qui a alloué 23 millions d'euros en 2020 aux divers projets liés au microbiote, ne s'y est pas trompé. Les investisseurs privés non plus. « Au total, les startups françaises ont près de 300 millions d'euros », indique l'experte de la banque publique.
Innovations
TargEDys®, fondée en 2011 par Pierre Déchelotte et Sergueï Fetissov, de l'UMR 1073 Nutrition, inflammation et dysfonction de l'axe intestin-cerveau, à Rouen, mais qui a réellement décollé en 2015, après une levée de fonds, fait partie des startups que Bpifrance soutient. « Nous avons reçu des avances remboursables sur tous les produits que nous commercialisons », précise ainsi Grégory Lambert, PDG et directeur de la R&D de la société. Sans oublier que les avancées qui ont conduit à ces produits ont été reconnues en 2017 par un prix, assorti d'un financement du concours i-Lab, opéré par Bpifrance pour le compte du ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation.
Manger trop ou trop peu
Sachant que le surpoids touche 60% de la population européenne, TargEDys® a conçu un produit pour le combattre. « EnteroSatys® contient un probiotique, une bactérie vivante, l'Hafnia alvei, qui régule naturellement l'appétit. Cette bactérie agit par l'intermédiaire d'une protéine qui mime une hormone de satiété », explique Grégory Lambert. Quant au Crescylia®, c'est l'inverse : il a été développé pour permettre une plus grande assimilation des protéines consommées et ainsi, apporter une solution de croissance aux enfants, « en particulier les petits mangeurs dont par exemple ceux qui sont traités pour un TDAH (trouble-déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité) avec des produits qui ont tendance à couper la faim et donc à ralentir la croissance », poursuit-il. Enfin, Crescylia® sera bientôt décliné dans une version s'adressant aux personnes âgées. Elles ont peu d'appétit et perdent donc du poids et de la masse musculaire.
Aujourd'hui, ce sont donc des avancées scientifiques qui, traduites en produits commercialisés, favorisent la santé publique. Mais demain, « nous irons davantage vers des probiotiques de précision sous forme de compléments alimentaires, que ce soit pour le soutien gastro-intestinal, cardiovasculaire, immunitaire et même le stress et l'anxiété », déclare Grégory Lambert. C'est bien ce qu'Ariane Voyatzakis décrit lorsqu'elle évoque « une alimentation et des compléments personnalisés » à l'avenir...
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