Stockage de l'énergie : une bataille de l'innovation décisive pour la France

De quoi DEMAIN sera-t-il fait ? Bpifrance s'est lancé le défi de mener une réflexion sur les sujets d'innovation qui révolutionneront notre quotidien dans les années à venir, notamment du point de vue de l'énergie. Pour cela, Bpifrance anime une démarche collective en mode projet, pilotée par ses collaborateurs et associant les acteurs des écosystèmes concernés. L’un des sujets stratégiques récemment traité est le stockage de l'énergie. Bpifrance soutient les entreprises du secteur, particulièrement les petites structures innovantes, nombreuses sur ce marché en pleine croissance. Thomas Sennelier, expert transition énergétique chez Bpifrance, livre quelques clés de compréhension.
Thomas Sennelier, expert transition énergétique chez Bpifrance.
Thomas Sennelier, expert transition énergétique chez Bpifrance. (Crédits : DR)

Avec le développement rapide des véhicules électriques d'un côté et celui des énergies renouvelables de l'autre, le stockage de l'énergie est devenu en peu de temps un enjeu économique et stratégique mondial de premier plan. Si la batterie représente désormais l'objet-symbole de cette nouvelle ère, derrière elle, on découvre un marché complexe et des technologies en mutation permanente.

 Sans doute le plus exposé, le stockage lié à la mobilité électrique connaît un essor remarquable. « Rien que pour les véhicules légers, la capacité des batteries lithium représentait 120 GWh/an en 2018 à l'échelle mondiale et le besoin devrait dépasser 580 GWh/an en 2025, puis 1100 GWh en 2035 », illustre Thomas Sennelier. Voilà pourquoi la production massive de batteries s'intensifie à l'échelle mondiale. Mais l'Europe est à la traîne. La bataille pour la production de cellules, qui dépend d'investissements industriels particulièrement lourds, se trouve aujourd'hui « archi-dominée » par l'Asie. Tout n'est pas joué pour autant. L'Europe, et la France en particulier, ont une carte à jouer dans le champ de l'innovation, de la seconde vie et du recyclage des batteries, ou encore l'intelligence des systèmes de stockage stationnaire.

La France veut faire décoller l' « Airbus de la batterie »

 « La Commission européenne estime aujourd'hui que nous avons toutes les compétences pour bâtir une filière forte : des chimistes, des sociétés capables de produire, de la recherche et de l'innovation de pointe... Reste à mettre tout cela en musique et à combler certaines de nos lacunes, notamment dans l'approvisionnement en matériaux », analyse Thomas Sennelier.

 Dans l'espoir de faire naître cette filière d'avenir, la France soutient le projet européen d' « Airbus de la batterie », porté par un consortium de 17 entreprises. En décembre 2019, elle et de six autres États membres ont été autorisée par la Commission européenne à injecter 3,2 milliards d'euros d'aide publique pour développer le secteur. L'Hexagone entend y jouer un rôle central. Selon Thomas Sennelier, « le pays compte plusieurs sociétés de grande expérience, comme Saft ou encore Solvay, ainsi que des laboratoires très pointus au sein du CNRS ou du CEA ».

 Nombreux sont les chercheurs et entreprises françaises à plancher aujourd'hui sur la batterie du futur. Si la technologie lithium-ion, la plus aboutie, ne souffre d'aucune contestation sur le marché, qu'en sera-t-il demain ? Les besoins croissants en stockage nécessitent des rendements et une efficacité sans cesse améliorés. Des innovations prometteuses fleurissent ainsi un peu partout. À Rennes, la startup Kemiwatt développe, par exemple, une batterie à flux à molécules organiques de grande capacité. Dernièrement, Bpifrance a également soutenu plusieurs sociétés ambitieuses, sous la forme d'aides ou d'investissements (via les fonds SPI ou Ecotechnologies). Citons Nawa Technologies et ses électrodes en nanotubes de carbone, Wattalps et sa batterie pour les engins de chantier, Tiamat et ses batteries sodium-ion qui pourraient permettre de s'affranchir des problèmes liés à l'approvisionnement du lithium, Forsee Power et ses solutions pour bus électriques... La liste est longue.

 « Nous nous attendons à des progrès technologiques de premier plan, en particulier autour des batteries à électrolyte solide. Si nous parvenons à lever les verrous technologiques et industriels, nous avons une vraie chance de combler notre retard, voire de dépasser les leaders asiatiques », s'enthousiasme Thomas Sennelier.

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