Doriath Coiffure : “Le végétal, c’est une philosophie de vie !

Contrôler ce que l’on met dans son assiette est un fait de plus en plus assumé. Adopter de nouveaux comportements plus responsables et plus en phase avec son biorythme est également de plus en plus fréquent. Cette prise de conscience générale de l’impact de la chimie et des produits de synthèse sur le corps comme sur l’environnement prend aussi racine à l’intérieur des salons de coiffure. Doriath Coiffure est l’exemple même de l’évolution des mœurs en matière de beauté et de soins capillaires. Mais plus qu’un simple salon de coiffure bio ou végétal, Doriath Coiffure se pose comme le symbole d’une génération dont l’intérêt pour la santé naturelle va en grandissant.
(Crédits : DR)

Sam, bonjour. Vous êtes le dirigeant, avec votre épouse Mona, du salon Doriath Coiffure. Pouvez-vous nous décrire les activités de votre salon ?

Bien sûr. Notre salon est un salon de coiffure végétal, au sein duquel nous avons totalement et définitivement aboli la chimie. Tout ce que nous faisons ici, soins capillaires, massages ou colorations, se fait exclusivement à base de plantes, sans aucun ajout chimique ou de synthèse de quelque sorte que ce soit. Nous avons la chance de posséder un salon assez grand. Ce qui nous permet, aux coiffeuses et à moi-même d'évoluer dans un cadre serein, calme. D'un côté, un petit corner barber shop que je gère seul. Avant de me lancer dans cette aventure avec mon épouse, j'étais barbier et je souhaitais conserver cette activité. Mais l'activité principale du salon, c'est la coloration végétale et le soin capillaire naturel, orchestrés par Mona, avec l'aide de trois coiffeuses à plein temps.

Doriath Coiffure

Depuis combien de temps exercez-vous au sein du salon Doriath ?

Cela fera 14 ans en mars prochain que nous avons repris ce qui était alors un salon de quartier rue de Tolbiac dans le 13ème arrondissement de Paris.

Parce que ce n'est plus un salon de quartier ?

Oui et non. Ça l'a été durant quelques années. A nos débuts ici. Mais lorsque nous avons évolué vers la coloration naturelle puis vers l'éradication complète des produits chimiques et de synthèse, le salon a pris une autre dimension. Disons qu'il ne s'adressait plus vraiment seulement à la clientèle locale, mais également à une clientèle qui cherchait autre chose, une démarche plus holistique, plus en rapport avec un soin complet des cheveux et du cuir chevelu, et pas simplement une prestation de service classique, devenue presque mécanique.

Pourquoi avoir évolué vers le végétal ? Y-a-t-il eu un élément déclencheur ?

Même si notre sensibilité était déjà tournée vers le végétal, notre objectif de départ était avant tout d'associer nos pratiques, de pouvoir créer ensemble un salon mixte. Elle au coiffage des dames. Moi à la barbe des messieurs. Nous utilisons alors des produits classiques. Ceux vendus par les grandes marques, trop heureuses de contrôler un marché presque intégralement captif.

Et puis Mona a commencé à rencontrer des problèmes d'allergies de contact, puis de picotements. Je précise que Mona est originaire du Maroc. Les couleurs qu'elle réalisait ici ne ressemblaient en rien aux pratiques qu'elle avait connues enfant et adolescentes dans les hammams. Les produits chimiques lui brûlaient les mains. Lorsqu'elle faisait une couleur sur ses propres cheveux, des pellicules apparaissaient alors qu'elle n'en avait jamais eu auparavant. En nous renseignant auprès d'autres artisans, nous nous sommes rendu compte de la nocivité de ces produits sur le corps humain.

Parce que l'on parle du côté néfaste de la chimie sur les femmes qui colorent leurs cheveux. Mais que dire des coiffeuses qui manipulent ces produits à longueur de journée ? Il devenait urgent de changer de cap. Nous faisons notre métier pour nous sentir bien, nous épanouir, nous réaliser en tant qu'humains, pas pour finir avec des maladies professionnelles graves ni pour nous décaper la peau des mains

Je suppose que vous avez du rencontrer quelques difficultés voire quelques résistances lors du changement ?

Oh oui ! D'abord au niveau de la clientèle d'habituées, celle du quartier. Ces femmes ne comprenaient pas pourquoi on décidait de changer pour passer au végétal. Lorsque des convictions ou des habitudes sont ancrées dans le quotidien depuis de si longues années, c'est difficile d'apporter de la nouveauté. Il a donc fallu reconstituer notre clientèle, chercher des vecteurs de communication qui pourraient nous apporter une clientèle déjà séduite par l'idée, ou prête à tenter l'expérience.

En tout, je dirais que nous avons eu besoin de 4 ans pour passer de la coiffure classique au tout végétal. Mais nous ne regrettons en rien notre choix. Même si ça a effectivement été une étape difficile.

Qu'est ce qui vous a posé problème, d'un point de vue technique ou logistique ?

Il faut savoir que le marché des produits pour salon de coiffure est entièrement contrôlé, pour ne pas dire dicté, par 4 ou 5 marques très connues. Ces marques ont des politiques très agressives. Elles sont présentes dès les écoles de coiffure et n'hésitent pas à intervenir dans l'installation d'un nouveau salon, se garantissant par ces deux biais la fidélité du salon. Il est très difficile de se sortir de ce qui ressemble à une cage dorée. Ensuite, il n'existe que très peu de marques nationales ou internationales de coiffure végétale et qui ont les épaules pour accompagner les salons. Les choses sont en train de changer aujourd'hui, doucement. Et c'est un bien. Mais je peux vous dire qu'il ya quinze ans, le simple fait de trouver une formation aux produits végétaux était une vraie galère.

Vous évoquiez tout à l'heure les problèmes liés aux produits chimiques et de synthèse. Pouvez-vous m'en dire plus ?

Oui. Si les femmes qui ont souvent recours à la coloration chimique peuvent rencontrer divers problèmes comme la perte de cheveux, les picotements sur le crâne ou l'apparition de pellicules, ça peut se révéler bien plus grave pour les coiffeuses, qui sont au contact de ces produits 5 jours sur 7 pendant toute leur vie professionnelle. Ça va des allergies de contact aux problèmes respiratoires, parfois graves, en passant par l'eczéma par exemple.

En dehors de ces aspects, quelles sont les différences majeures entre la coloration chimique et la coloration végétale ?

La coloration chimique, c'est la culture du résultat. Quels que soient les moyens, seule l'apparence finale compte. C'est la culture de la rentabilité. C'est presque mathématique, mécanique, presque dénué d'humanité selon nous. Dans notre salon, nous privilégions le temps passé avec nos clientes. Les colorations végétales sont plus longues et ne peuvent en aucun cas garantir un résultat identique à chaque fois. De plus, il nous est impossible de décolorer des cheveux. Passer à la coloration végétale, c'est changer résolument de philosophie. Ça accompagne un mode de vie différent, plus proche de soi. Es clientes sont là pour se faire du bien, pour passer un moment agréable, un moment de détente, pour prendre soin d'elles, pas pour obtenir telle teinte parfaite de blond ou d'auburn.

Par exemple, certains soins s'accompagnent de massages qui demandent un réel savoir-faire comme un soin ayurvédique, un massage énergisant ou d'autres types de massages qui ne se pratiquent pas au bac et que nous réalisons toujours avec l'aide de plantes, parfois endémiques à certaines régions du monde.

Il faut bien comprendre qu'il ne peut pas y avoir de concurrence entre un salon classique et un salon végétal. Ce sont deux mondes aux visions bien identifiées et souvent incompatibles.

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Commentaire 1
à écrit le 21/05/2020 à 10:14
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Je fréquente le salon de Mona et Sam depuis leur installation à Paris 13. Ils ont une réelle compétence, un amour du métier, un super contact avec leurs clients, une excellente écoute, et surtout, comme le montre l'interview, une profonde conviction ...

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