Emballages alimentaires : vers une adoption massive d’alternatives écoresponsables ?

La France est le troisième pays européen producteur d’emballage. Épidémie de Covid-19, guerre en Ukraine… Les industriels du secteur subissent de plein fouet les conséquences de ces évènements. L’explosion des prix de l’énergie impacte leurs coûts de production. Face à la pression règlementaire sur les plastiques, ils innovent pour proposer des alternatives plus « vertes ».
(Crédits : DR)

Une forte hausse des coûts de production pour l'emballage plastique

Depuis fin 2021, l'industrie de l'emballage plastique fait face à un accroissement de ses coûts de production globaux. Entre 2020 et 2022, ils ont bondi de 40 %.

La cause ? Le secteur se heurte à une tension particulièrement forte sur les tarifs de l'énergie. Une majeure partie des TPE/PME utilisent le dispositif ARENH. Il leur permet d'acheter de l'énergie à un coût réduit, sur les créneaux horaires où la demande est plus faible. Le plafond de l'ARENH est passé de 100 TWH à 120 TWH en 2022. Malgré cette augmentation, les fluctuations haussières de l'énergie perturbent toute programmation d'activité. Elles obligent les industriels à réévaluer sans cesse le poste de dépenses en lien avec l'électricité et le gaz.

Dans un communiqué de presse du 6 septembre 2022, ELIPSO exprime un « besoin vital de visibilité sur l'évolution des coûts de l'énergie ». L'association professionnelle représentant les fabricants d'emballage plastique fait part de l'obligation de répercuter les augmentations subies aux clients. Pour les entreprises du secteur, « c'est une question de pérennité et de survie ».

ELIPSO rappelle le caractère indispensable du plastique dans de multiples applications : protéger, transporter, stocker, informer, simplifier l'usage. Le communiqué dépeint une industrie en pleine transformation, engagée pour évoluer vers une « économie circulaire des emballages ». Il met en avant trois grands axes de développement :

  • La recyclabilité ;
  • L'incorporation de recyclé dans les emballages ;
  • La réemployabilité.

Bon à savoir : Une interdiction progressive du plastique à usage unique

La fin de la mise sur le marché des emballages plastiques à usage unique est prévue en 2040 par la loi Agec. Début 2021, les produits comme les pailles, couverts jetables, couvercles des gobelets à emporter en plastique ont été interdits. Au 1er janvier 2022, l'usage de suremballages en plastique pour les fruits et légumes (moins de 1,5 kg) a été prohibé. En 2023, ce sera au tour de la vaisselle jetable d'être interdite dans les fast-foods (repas servis sur place).

Un « suremballage » persistant pour protéger les aliments

D'après l'association CLCV, de nombreux emballages sont remplis en grande partie de vide. Les produits les plus touchés sont les ravioles, les amandes, le granola et les lardons. Ils contiennent jusqu'à 55 % de vide. D'autres sont entourés par un emballage dont l'utilité n'est pas forcément évidente. Il s'agit par exemple des films plastiques autour des boîtes de thé ou les manchons cartonnés autour des yaourts.

L'association demande aux professionnels du secteur de privilégier les emballages :

  • Utiles pour la préservation et le transport ;
  • Simples (un seul matériau) ;
  • Légers ;
  • Composés de matériaux recyclables.

Les solutions pour réduire l'impact environnemental des emballages alimentaires

Face à la lutte contre la pollution plastique, de nombreuses marques se tournent vers des emballages alimentaires plus écoresponsables, comme le souligne Europages.

Le papier-carton préférable au plastique ?

L'Institut suédois de recherche environnementale (IVL) a mené une étude sur l'incidence climatique des matériaux d'emballage. Pour les pâtes alimentaires, par exemple, le constat est sans appel. Si la solution carton est plus lourde que le sachet plastique, l'impact climatique est largement en faveur du carton.

Cette différence s'explique par le stade final du cycle de vie. Le carton peut être réemployé dans la fabrication de nouveau carton. Le plastique est quant à lui peu recyclé. Dans l'Hexagone, le taux de recyclage des déchets plastiques est de 26 %. Le reste sert à la valorisation énergétique (43 %) ou est enfoui dans des décharges (32 %).

Des consommateurs favorables aux emballages alimentaires « verts »

Du côté des consommateurs européens, la tendance penche, elle aussi, vers les emballages alimentaires plus vertueux. Le carton est leur matériau préféré pour les 10 critères suivants :

  • Compostable à domicile (72 % l'ont sélectionné pour cette caractéristique) ;
  • Meilleur pour l'environnement (63 %) ;
  • Légèreté (62 %) ;
  • Plus facile à recycler (57 %) ;
  • Moins cher (54 %) ;
  • Plus facile à ouvrir/fermer (41 %) ;
  • Plus facile à ranger (41 %) ;
  • Plus pratique (40 %) ;
  • Plus sûr à utiliser (37 %) ;
  • Meilleure information sur les produits (36 %).

Le verre est plébiscité pour son aspect réutilisable. D'après les consommateurs, il offre une meilleure protection et image de marque. Le métal est quant à lui apprécié pour sa résistance et robustesse.

42 % des consommateurs français sont prêts à dépenser plus pour un produit s'il est emballé avec des matériaux durables. 51 % achètent davantage chez les enseignes qui suppriment le plastique de leurs emballages.

Bon à savoir : Le classement des enseignes françaises des plus engagées en matière de diminution du plastique, aux moins engagées

Carrefour arrive en 3e position sur 74 distributeurs européens. Biocoop est en 4e position au niveau européen. Système U 7e, Auchan 9e, Casino 14e, Aldi 15e et Intermarché 19e.

L'avenir de l'emballage alimentaire

Pour Unigrains, la diminution de l'empreinte environnementale des emballages alimentaires repose sur cinq piliers :

  • Une réduction des volumes d'emballages ;
  • Une plus grande réutilisation ;
  • Le recyclage et l'utilisation de matière recyclée ;
  • Le remplacement par d'autres matériaux plus durables comme le papier-carton, le verre ou les bioplastiques ;
  • L'utilisation de matériaux renouvelables comme les emballages compostables.

Sacs en papier kraft, bois, pulpe végétale issue de la canne à sucre, fibre de roseau, PLA (dérivé du maïs, de la betterave ou de la pomme de terre) ... Dans le secteur de la vente à emporter, les contenants écologiques sont en plein essor. D'après UPM Specialty Papers, les emballages à base de fibres représenteront plus de 40 % des matériaux employés en 2040. La part des emballages réutilisables devrait passer de 1 %, en 2022 à plus de 20 %, à l'horizon 2040.

Du fait des fortes exigences règlementaires, les achats dans le secteur des emballages alimentaires sont très contrôlés. En cas de difficultés d'approvisionnement, les professionnels disposent de peu de recours. Pour limiter les risques, l'enjeu est de s'entourer des bons fournisseurs d'emballages alimentaires.

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