Coronavirus & dispositifs médicaux : et demain ?

Au moment où la France commence à sortir doucement du confinement, c’est l’heure d’un premier bilan : une croissance négative de -8%, une dette publique en hausse de 115%, des industries et services encore totalement à l’arrêt, d’autres en reprise partielle d’activité et enfin, un certain nombre d’entreprises connaissant toujours un pic d’activité.
Philippe Chêne, Président du Snitem.
Philippe Chêne, Président du Snitem. (Crédits : DR)

Dans le domaine de la santé, le secteur des dispositifs médicaux a été fortement impacté par le coronavirus ; la situation reste cependant extrêmement contrastée. Les dispositifs médicaux sont des produits de santé, utilisés par des professionnels de santé prescripteurs et des patients, couvrant un spectre particulièrement large : implants, équipement médicaux (IRM, Scanner), applications mobiles de santé, mais aussi masques, gants, sets de soins et de perfusion, respirateurs, systèmes de ventilation, moniteurs de surveillance, lits médicalisés... Les entreprises qui fabriquent ces produits ont été en première ligne dès le début de l'épidémie et se sont organisées afin de répondre à la demande sous de fortes contraintes : augmentation de la production, adaptation des chaines de production, gestion des approvisionnements et des matières premières sous tension, organisation du fret... la liste est longue.

Pour ces entreprises, premières sollicitées, l'explosion de la demande n'a pas généré d'effet d'aubaine. L'adaptation industrielle déployée en urgence a engendré un coût humain et financier qui ne peut être amorti que selon un business plan anticipé. Cette crise, aussi soudaine que brutale, a conduit les entreprises à s'adapter immédiatement, sans plan de financement ou d'investissement, à mobiliser des ressources techniques et humaines hors normes afin de participer à « l'effort de guerre » permettant de soigner et sauver les patients du Covid-19.

Une très forte baisse d'activité

Parallèlement, 700 000 interventions chirurgicales programmées ont été annulées depuis le 16 mars dernier (1), laissant tout un pan de l'industrie des dispositifs médicaux sans aucune activité. Il s'agit essentiellement des chirurgies orthopédiques, urologiques, digestives et cardiaques. Selon une enquête réalisée par le Snitem auprès de ses adhérents, près de 76% des entreprises déclaraient fin mars une activité en baisse, voire à l'arrêt. Sur le plan économique, la reprise, si elle se fait timide aujourd'hui, n'est toutefois pas suffisante pour pallier ces pertes. Les outils fiscaux mis en place par l'Etat, Prêt Garanti par l'Etat, report des cotisations sociales et fiscales, décalage des échéances de prêts, report des loyers, refinancement par les actionnaires, ... ne permettront pas, à eux seuls, aux entreprises du secteur de retrouver un niveau d'activité et de trésorerie conduisant à l'équilibre. Comme dans d'autres domaines, des entreprises de santé vont disparaitre !

Et demain ?

Cette pandémie invite à réfléchir sur les modèles actuels de prises en charge, sur les conditions d'approvisionnement logistique dans un monde globalisé et incite à repenser les politiques, les critères et l'organisation en matière d'achat public... C'est pourquoi les entreprises du dispositif médical travaillent sur un certain nombre de propositions et appellent à l'organisation d'un « Grenelle des dispositifs médicaux.

Pour en savoir plus, cliquez ici.

Source : British Journal of Surgery, publication en ligne du 15 mai

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