« La clé de notre savoir-faire français unique, c’est l’humain », Laurence Comte-Arassus (Medtronic France)

La réussite se mesure au rayonnement et à la reconnaissance à l’international. L’expérience de Medtronic en France, où le groupe possède quatre usines, démontre les atouts du savoir-faire français. Véritable avantage concurrentiel, ce savoir-faire doit être valorisé et apporte des bénéfices tant au niveau de l’entreprise que des territoires. Rencontre avec Laurence Comte-Arassus, Présidente de Medtronic France.
«Je pense que l'humain est au cœur de notre « Made in France ». Nos usines existent depuis plusieurs décennies et bénéficient d'un très fort engagement des salariés.» , Laurence Comte-Arassus, Présidente de Medtronic France
«Je pense que l'humain est au cœur de notre « Made in France ». Nos usines existent depuis plusieurs décennies et bénéficient d'un très fort engagement des salariés.» , Laurence Comte-Arassus, Présidente de Medtronic France (Crédits : Alexis Paoli)

Vous avez coutume de présenter Medtronic France comme la plus française des entreprises américaines. Qu'est-ce que cela signifie ?

Medtronic est une entreprise d'origine américaine qui fabrique des dispositifs médicaux. Nous faisons partie des leaders du secteur de la santé et exerçons nos activités sur quatre segments : les maladies cardio-vasculaires, le diabète, les neurosciences et la chirurgie digestive non-invasive. Nous fournissons nos dispositifs aux hôpitaux, cliniques, structures de santé ainsi qu'à certains prestataires de services dans le diabète. Nous employons environ 1 300 personnes en France. Notre particularisme vient sans conteste de nos quatre usines, réparties sur le territoire. À Fourmies, dans les Hauts-de-France, 40 personnes travaillent à la fabrication d'électrodes de stimulation cardiaque externe. L'usine de Fourquevaux, près de Toulouse, est spécialisée dans la dialyse, tandis que près de Grenoble, à Pont-de-Claix, 200 personnes fabriquent des aiguilles chirurgicales. Enfin, à Trévoux dans l'Ain, 300 personnes se concentrent sur la fabrication d'implants de renfort pour la chirurgie de la paroi abdominale. Ces usines sont uniques par leur savoir-faire, un savoir-faire français, basé sur l'exigence et la qualité.

En quoi ce savoir-faire français se distingue-t-il ?

Je pense que l'humain est au cœur de notre « Made in France ». Nos usines existent depuis plusieurs décennies et bénéficient d'un très fort engagement des salariés. Nous connaissons un turn-over parfois proche de zéro, notamment à Fourmies. L'usine est essentiellement féminine, des générations s'y succèdent, les mères formant parfois leurs filles. Bien sûr, certains arrivent chez nous par hasard, mais la santé est un secteur d'activité passionnant, que l'on a du mal à quitter. La Mission de l'entreprise - soulager la douleur, rétablir la santé, prolonger la vie - donne un sens au travail quotidien. Le savoir-faire, c'est aussi la compétence. Là encore, les usines françaises se distinguent. Sur nos sites, les personnes sont formées pour occuper plusieurs postes de la chaîne de production, cela contribue à notre agilité face aux imprévus et permet de préserver la valeur ajoutée de l'intervention humaine lorsqu'elle est nécessaire. Cette compétence française se traduit également d'un point de vue économique. Grâce à la qualité de ce qui est produit dans nos usines, nous avons très peu de rebut, or le rebut a un coût.

Comment faites-vous pour recruter et conserver vos collaborateurs dans les usines ?

Nous essayons de travailler avec les formations locales, à proximité de nos usines. Nous avons ainsi un partenariat entre celle de Trévoux et une école dans le textile en Isère. L'usine fabrique des dispositifs pour le traitement des hernies qui peuvent se former au niveau des cicatrices. Il s'agit de dispositifs tricotés, placés à l'intérieur du ventre pour en renforcer la paroi. Nous avons expliqué nos besoins spécifiques et le centre propose une formation adaptée, assurant ainsi des débouchés en termes d'emploi. Nous aimons que les individus puissent rester dans leur région et qu'ils fassent des carrières longues dans notre groupe. Nous consacrons beaucoup d'énergie à faire connaître les métiers de la santé, que ce soit dans la production ou dans nos centres de R&D. Pour conserver les talents, il faut un environnement de travail stimulant et inclusif, où chacun se sente accueilli. Nous travaillons beaucoup sur l'intégration de collaborateurs porteurs de handicap. À Trévoux, nous avons adapté les locaux de notre centre de R&D pour une jeune femme atteinte d'une maladie neurodégénérative, qui vient en fauteuil et avec son chien. Ce n'est pas un hasard si la secrétaire d'État au handicap, Sophie Cluzel, a choisi de visiter notre usine de Pont-de-Claix lors de sa venue dans la région, alors que beaucoup d'autres grands groupes y sont aussi présents.

Le succès d'une usine en France, est-ce aussi celui d'un territoire ?

Bien sûr ! Une usine est un patrimoine et ne peut vivre sans un ancrage territorial fort. Chacune de nos usines s'inscrit dans un écosystème, avec le CHU, la région, le département, la mairie, les centres de formation... Les interactions peuvent prendre des formes multiples. Nous organisons des journées portes ouvertes durant la Semaine Nationale de l'Industrie afin de donner à comprendre ce que nous faisons. Nous contribuons également à la vie du Fab Lab à Fourmies au travers du développement de certaines pièces détachées sur site pour lesquelles nous leur demandons des impressions 3D. Enfin, nous privilégions le maillage économique régional, en favorisant des fournisseurs locaux.

Le savoir-français est-il reconnu ?

Le savoir-faire unique que l'on trouve en France est reconnu. Pour preuve, nous relocalisons des chaînes de production en France ! Ainsi, le textile de notre toute nouvelle enveloppe pour les stimulateurs et les défibrillateurs cardiaques implantables - le TYRX™- sera prochainement fabriqué dans notre usine de Trévoux, pour y être distribué dans le monde entier. Malgré des coûts de production plus élevés que dans certains pays, la France sait attirer par son savoir-faire, son innovation, ses écosystèmes. C'est également grâce à l'efficacité de tous que nous n'avons mis aucun de nos salariés au chômage, même partiel, depuis le début de la crise. Au-delà de la France, je pense qu'il est aujourd'hui primordial de créer un système de production vertueux dans la santé au niveau européen, afin de ne plus être dépendant d'autres continents.

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Commentaires 2
à écrit le 18/12/2020 à 8:33
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Cet article, hum, c'est beau comme l'Antique, sauf que ce n'est pas la realite. Le management a la francaise, c'est pour les ignorants le paradis.

à écrit le 17/12/2020 à 13:25
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On trouve de bonnes ouvrières à Fourmies ! D'ailleurs les fourmis sont de bonnes ouvrières ! Mais attention la fourmie n'est pas préteuse !

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