La reprise du secteur aéronautique : des revenus plus élevés mais des émissions plus importantes

L'industrie de l’aéronautique se remet enfin de son effondrement historique, qui a coûté 370 milliards de dollars en 2020. Aujourd'hui, l'Association internationale du transport aérien (IATA) prévoit que le trafic aérien atteindra 83 % des niveaux prépandémiques cette année et 103 % en 2024. Pour répondre à cette demande, la production et les livraisons d'avions devraient augmenter régulièrement au cours de cette décennie.
(Crédits : DR)

Les prévisions financières optimistes posent toutefois la problématique de durabilité. L'aéronautique contribue seulement à hauteur de 2,5 % aux émissions mondiales de CO2, néanmoins ce chiffre pourrait considérablement augmenter. Avant la pandémie, l'Organisation de l'aviation civile internationale révélait que les émissions du secteur pourraient tripler d'ici à 2050 par rapport aux niveaux de 2015. Alors que les nations cherchent à atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050, la reprise de l'industrie aéronautique pourrait aller à l'encontre de leurs propres engagements environnementaux.

Ruchir Budhwar, SVP and Regional Head of Manufacturing chez Infosys déclare : « Tous les secteurs sont aujourd'hui soumis à des pressions - de la part des investisseurs, des régulateurs mais également des consommateurs - afin de réduire leur empreinte carbone et d'aider la planète à éviter les pires effets du changement climatique. L'IATA, dont les membres représentent 83 % du trafic aérien mondial, a d'ores et déjà adopté une résolution non contraignante visant à atteindre l'objectif « zéro carbone » d'ici 2050, comme le prévoit l'accord de Paris ».

Pour atteindre l'objectif zéro carbone, les entreprises du secteur se doivent de réduire ou de compenser toutes leurs émissions - catégories 1, 2 et 3. Le champ d'application 1 englobe les émissions liées aux opérations commerciales. Le champ d'application 2 est constitué des émissions provenant de l'énergie qu'une entreprise achète pour le fonctionnement de ses équipements. Les émissions du champ d'application 3 sont créées par les fournisseurs, les clients et les partenaires d'une entreprise - principalement la supply chain et l'utilisation des produits. Le champ d'application 3 est la plus grande source d'émissions parmi les trois, représentant souvent plus de 70 % de leur total dans certaines industries. Simultanément, ces émissions sont aussi les plus difficiles à gérer car elles échappent au contrôle direct de l'entreprise.

Malgré ces difficultés, l'aéronautique et l'automobile devancent les autres industries en matière de suivi et de réduction des émissions de portée 3, selon une récente étude sur le développement durable. Pour autant, les sondés ont reconnu se sentir sous pression pour réaliser des progrès plus importants en matière d'émissions de portée 3.

Les constructeurs d'avions suivent leurs propres approches pour réduire les émissions. Les émissions de portée 1 et 2 nécessitent une attention toute particulière et immédiate. La réduction des émissions du champ d'application 3 est une initiative de long-terme, qui combine plusieurs technologies. Airbus a par exemple franchi la barre de 50 % en 2021, en utilisant des matériaux avancés, un aérodynamisme optimisé et des moteurs de nouvelle génération pour atteindre cet objectif. Airbus dispose dorénavant de trois décennies pour réduire ou compenser ces 50 % grâce à l'utilisation de carburants durables notamment l'hydrogène, de nouvelles technologies de moteurs et d'avions, à l'amélioration de la gestion du trafic aérien et de l'exploitation des avions.

Aurelien Bouvet, Engagement Manager Aerospace chez Infosys, explique « Il reste des défis technologiques importants sur le chemin d'une aviation plus verte, mais l'ensemble des acteurs du secteur sont mobilisés et les investissements augmentent significativement pour se placer à la hauteur des enjeux. Se pose la question de la mesure des progrès réalisés. Dans de nombreux cas, il faudra faire appel à des partenaires qui pourront créer des solutions pour le recueil et la traçabilité des données sur les émissions, au regard des objectifs annoncés. »

Ruchir Budhwar, SVP and Regional Head of Manufacturing chez Infosys conclut « L'aéronautique est un écosystème diversifié : producteurs d'avions et de moteurs, compagnies aériennes, aéroports et entreprises de maintenance, de réparation et de révision. Pour atteindre l'objectif fixé par l'Accord de Paris, l'industrie aura besoin de collaborations et de partenariats pour résoudre ces problèmes collectifs.»

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