Le monde de l’investissement en France : où sont les femmes ?

La France est une terre de paradoxes. Nous sommes connus dans le monde entier pour nos entreprises dans les secteurs de l'alimentation, du luxe, ou des biens de consommation et sommes le seul pays européen à compter deux chefs d'entreprise parmi les plus riches du monde. Leur point commun ? Ils opèrent tous deux dans des secteurs dont le cœur de cible sont les femmes. Autrement dit, les fleurons de l'économie française s'adressent d'abord aux femmes.
Paloma Castro, cofondatrice de WEInvest.
Paloma Castro, cofondatrice de WEInvest. (Crédits : DR)

Pourtant, d'autres secteurs essentiels de notre économie les ignorent complètement. C'est le cas notamment du secteur bancaire qui fait peu de cas de la démographie féminine - tant en France qu'en Europe d'ailleurs -, j'en veux pour preuve la très mauvaise perception du secteur par l'opinion publique en général, par les femmes en particulier.

Car non seulement les banques ne se préoccupent que très peu de leurs clientes, mais elles sont également considérées par les femmes comme des lieux où il ne fait pas bon travailler : Aucun PDG des 10 premières banques françaises n'est une femme, même si les femmes sont activement représentées dans d'autres secteurs comme la médecine où près de 60% des médecins sont des femmes en France !

« Ignorer l'investissement a un coût, et les femmes sont les premières à le payer »

Une forte défiance donc maintient les femmes éloignées du monde de la finance, et de l'investissement. Une défiance si forte qu'une enquête américaine a même révélé que 61% des femmes préféraient parler de leur propre mort plutôt que d'argent ! Mais ce qui est inquiétant c'est que ce désinvestissement du champ financier représente non seulement un coût pour l'économie, mais aussi et surtout pour les femmes elles-mêmes.

Sur le plan économique, les femmes, qui représentent 51% de la population mondiale, possèdent 40% de la richesse de la planète, mais n'investissent activement que 5% de cette richesse. Un écart colossal, et une opportunité manquée pour toute l'économie.

Au niveau individuel, le coût est encore plus élevé, et ce sont les femmes qui le paient. Bien sûr, les blocages et conditionnements culturels pèsent lourd. En France et en Europe, l'argent, c'est tabou. Et quand on est une femme, parler d'argent, c'est vulgaire ! Par ailleurs, l'Etat providence français qui prend en charge les grands champs financiers de la vie des citoyens - l'éducation, la santé, les retraites -, a longtemps épargné aux français la nécessité de les financer eux-mêmes, et donc de s'éduquer aux finances personnelles. Mais les temps changent. Et tandis que l'Etat se désinvestit progressivement de ces champs, investir devient fondamental pour maintenir son niveau de vie, et garantir sa liberté financière.

Dans le cas des femmes, je suis convaincue que pouvoir mettre de l'argent de côté, le faire fructifier, générer plusieurs sources de revenus pour financer ses projets et protéger son niveau de vie est absolument essentiel. En moyenne, les femmes françaises vivent cinq ans de plus que les hommes, mais travaillent cinq ans de moins. Elles devraient donc épargner et investir davantage ! Mais elles ne le font pas.

Cela doit changer.

« Avec WEInvest, nous avons l'ambition de rendre la finance « women-friendly »

Avec WEInvest «(Women Empowered to Invest), nous donnons la parole aux femmes et rendons l'information financière transparente. Nous avons construit une plateforme qui permet aux femmes de noter leurs banques et leurs conseillers financiers. De cette façon, les femmes de la communauté WEInvest ont accès aux expériences des autres membres, et aux meilleurs services et conseillers identifiés. Cela permet de faire enfin la lumière sur la qualité véritable des services délivrés par les institutions financières. La plateforme donne également aux femmes une voix collective et plus puissante face aux institutions financières, à même d'entrainer des changements profonds et durables dans le secteur financier.

Grace à ces expériences récoltées auprès de notre communauté, nous générons ce que nous appelons une notation « ESG+F » pour les banques, les conseillers et les institutions. Dans le monde de la finance, l'idée d'un investissement "responsable" qui prend en compte les critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) se développe rapidement, et représente un angle de plus en plus prisé du secteur. Or il nous semble que cette approche est incomplète car elle continue d'ignorer le regard des femmes, leurs profils de risques, leurs centres d'intérêts ! WEInvest crée le critère « F » pour combler ce manque.

Notre vision de la finance est inclusive. Il faut débloquer l'épargne des femmes, et l'incroyable potentiel économique qu'elles représentent.

Avec WEInvest, l'innovation réside dans notre approche « par le bas », c'est à dire construite à partir de la voix des femmes elles-mêmes. De cette façon, nous espérons contribuer à améliorer la situation des femmes, et peut-être, aussi, à changer le vieux monde bancaire.

Plus que jamais, les femmes doivent jouer un rôle dans l'économie. Investir, c'est impacter l'économie de demain.

La plateforme WEInvest sera lancée très prochainement, vous pouvez d'ores et déjà rejoindre le mouvement : https://www.weinvest-france.com/

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