Les BigBoss : l'avenir de la bancassurance sera « hugital »

Le cirque Alexis Gruss a accueilli le 15 février sous son chapiteau 150 décideurs et prestataires du secteur bancassurance pour l'événement BigBoss, qui mêle speed dating business et activités ludiques.
(Crédits : © Kacper Pempel / Reuters)

Dans l'espace délimité par des rideaux noirs, sous le chapiteau blanc, des dizaines de petites tables sont occupées par un duo : un BigBoss (décideur) de la banque ou de l'assurance, et un prestataire issu de l'univers digital. Dès qu'une chaise est vide, Hervé Bloch, président de Digilinx et fondateur des BigBoss, prend son micro pour alerter la personne suivante. Car le tempo est serré : sept minutes seulement, le temps pour le prestataire de convaincre le client de la qualité de son produit ou service. Grâce à l'algorithme d'intelligence artificielle de Digilinx, les chances que les deux partenaires « matchent » sont nettement augmentées. Et des rencontres ultérieures servent à finaliser les deals ébauchés lors de ces courtes conversations. Par ailleurs, les décideurs (qui sont invités, ce sont les sponsors et les prestataires qui payent) viennent avec un budget et un besoin déjà identifié. C'est le principe des BigBoss, un concept hybride entre convention business et réunion ludique, imaginé par  Hervé Bloch en 2011. Après le voyage et la mode, le Cirque Alexis Gruss accueillait donc les acteurs de la bancassurance pour cette journée thématique.

Pour Géraldine Cozenot Lerouge, responsable digital et marketing banque de réseau au Crédit Mutuel Arkea, venue spécialement de Brest, ce speed dating est « redoutable d'efficacité : je suis fan ! Il s'agit d'un concentré de rencontres qui permet de rester au cœur du brief. Je n'ai jamais vu un tel ROI en si peu de temps ». Chez Allianz, Nathtalie Lahmi, directrice marque et communication, explique que le digital devenant de plus en plus complexe, cette journée permet « de rencontrer des porteurs de solutions technologiques présélectionnés, ce qui nous fait gagner un temps fou ». Pour Peggy Séjourné, directrice stratégie des services chez CNP Assurances, ces rendez-vous en rafale permettent de « cerner l'offre des prestataires. D'ailleurs, je vais envoyer mon cahier des charges à deux d'entre eux. Et je compte bien revenir l'année prochaine ».

Difficile de trouver un BigBoss déçu ou critique de cette première édition bancassurance. Si ce n'est peut-être un nombre trop important de prestataires à recevoir, comme le confie Sarah Zamoun, responsable banque d'épargne en ligne chez PSA banque : « j'ai vu dix sociétés lors du premier speed dating et je me serai bien arrêtée là ».
Les professionnels présents ont également assisté à une conférence (animée par la Tribune) sur « l'avenir du secteur bancassurance ». Caroline Lehericey, directrice Hello Bank! France chez BNP Paribas, a comparé le monde des télécoms, duquel elle est issue, à celui de la banque : « quand Free est arrivé, le secteur a été bouleversé en six mois. Heureusement pour nos métiers, la disruption actuelle engendrée par le digital et les fintech prendra plus longtemps ». Hughes Le Bret, fondateur de Compte Nickel (racheté par BNP  Paribas), a connu l'époque révolue où les grands établissements bancaires avaient pour seule concurrence les autres banques de réseau. Le digital et les Millenials ont fait voler en éclat cette ambiance d'entre soi : « aujourd'hui, on peut ouvrir un compte Nickel en quelques minutes chez un buraliste et recevoir sa carte Mastercard et son RIB ». Une offre de niche, certes, mais qui a déjà séduit près de 830 000 clients.

Pour Aziz Daifi, responsable stratégie digitale de la Société Générale, « la transformation numérique nous force à évoluer et à nous adapter aux nouveaux besoins de nos clients ». Côté assurance, Magali Noé, CDO de CNP Assurance, a mis en avant la collaboration de l'institution âgée de 160 ans avec les start-ups via Open CNP, un programme d'open innovation de 100 millions d'euros : « nos intrapreneurs ont par exemple imaginé CapLoc, un système pour aider les locataires à gagner la confiance des propriétaires ». Quant à Nicolas Marcaud, cofondateur d'AssurOne, courtier d'assurances 100 % digital, il a expliqué « que c'est en simplifiant les relations avec nos clients, en particulier grâce aux nouvelles technologies,  que nous pourrons les conserver ». L'inventeur du néologisme « hugital » (pour humain et digital) a bien résumé la pensée des cinq intervenants : l'avenir de la bancassurance sera humain ou ne sera pas. Une conclusion qui peut apparaître paradoxale à une époque où les agences bancaires ferment par dizaines et où chatbots et robo-advisors se multiplient.

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