En France, le lait impropre à la consommation, principalement à cause des surplus et rebuts de production, doit être détruit. Pourtant Frédéric Prochazka, chercheur à l'université Jean Monnet de Saint-Etienne, a trouvé une solution pour transformer les protéines de ce lait en une matière première plastique aux caractéristiques intéressantes : 100% biodégradable, sans nocivité pour l'environnement et hydrosoluble ce qui pourrait réduire la pollution des plastiques dans les océans. Mais son invention serait restée lettre morte sans une rencontre avec Marie-Hélène Gramatikoff, ancienne de l'industrie plasturgique et experte en stratégie d'entreprise. Entre les deux futurs associés, le courant passe immédiatement et les compétences se complètent.

Première mission, remplacer le film soluble qui entoure les tablettes de lessive vaisselle. Lactips collabore avec plusieurs grands fabricants de détergents et d'autres acteurs spécialisés dans le biodégradable qui ne peuvent être cités, confidentialité oblige. Aujourd'hui en phase d'industrialisation de son premier produit, la société a connu une croissance soutenue, passant d'un seul employé en 2014 à 25 collaborateurs d'ici la fin de l'année. Pour se développer, elle a bénéficié de nombreux soutiens régionaux comme l'aide financière de la région Rhône-Alpes, l'accompagnement de la commune de Saint-Jean Bonnefonds dans la Loire ou encore le soutien de Pôle Emploi. Mais aussi d'un puissant coup de projecteur national lorsqu'elle a été désignée grand gagnant du concours i-Lab du Ministère de l'Enseignement Supérieur et de la Recherche en 2015, un tournant qui a contribué à faire reconnaître sa technologie.

Marie-Hélène Gramatikoff croit fortement qu'une société doit être « vissée dans son écosystème » et s'émerveille que Lactips ait trouvé sur sa route autant de « feux qui sont passés au vert ». Après les tablettes de lave-vaisselles aussi bien pour la grande consommation que pour des marchés professionnels, la société explore d'autres applications dont les produits liquides en travaillant avec des clients pilotes.

On pense aussi par exemple aux produits chlorés pour les piscines. C'est Frédéric Prochazka au poste de directeur scientifique qui relève ce défi. En 2019, Lactips inaugurera une usine de 2500 m2. Son ambition est de participer au développement d'une filière française de récupération du lait impropre à la consommation. Car pour l'instant, il lui faut s'approvisionner en Europe de l'Est. « Nous produisons le plastique le plus biodégradable de la terre », résume la dirigeante qui espère que le concours Ma Pub Ici, via une campagne de référencement payant aidera à faire connaître Lactips au grand public, mais aussi à boucler une nouvelle levée de fonds en cours.