Nourrir la planète grâce à l’économie circulaire

Le constat est sans appel : les Français s’inquiètent de plus en plus de leur sécurité alimentaire et de l’empreinte environnementale de leurs modes de consommation. Pourtant, les solutions existent pour accompagner efficacement les agriculteurs face aux grands défis de la sécheresse et de la dégradation des sols, mais aussi pour aider les industriels à limiter leur consommation d’eau, d’énergie et de plastique…
(Crédits : Médiathèque VEOLIA - Christophe Majani D'Inguimbert)

En ces temps de crise sanitaire, les Français ne se sont jamais autant préoccupés de la disponibilité et de la qualité de leur alimentation. Selon une récente étude du cabinet Elabe en exclusivité pour La Tribune, plus des trois quarts de la population s'inquiètent de la dégradation des terres agricoles (79 %), de la capacité de la France à produire suffisamment sur son territoire (74 %) et même du risque de manquer de nourriture (74 %). Au pays du pain, du vin et du fromage, la sécurité alimentaire est devenue un enjeu de société d'autant plus important que la production mondiale va devoir augmenter considérablement pour faire face à l'inévitable explosion démographique... Alors que les épisodes de sécheresse se multiplient, que des décennies d'agriculture intensive ont appauvri les terres arables et que les ressources en énergie fossile se raréfient, comment se préparer à nourrir plus de 9 milliards d'individus d'ici 2050 ?

« Dans le monde entier, des solutions efficaces sont imaginées pour agir à chaque étape de la chaîne alimentaire, explique Claire Falzone, directrice Innovation de Veolia. Il s'agit maintenant de les dupliquer à grande échelle et de continuer à traquer chaque goutte d'eau, chaque calorie, chaque déchet vert qui pourrait être valorisé... » Pour se prémunir des risques de pénuries d'eau qui menacent les cultures chaque été, la réglementation européenne permet par exemple depuis plus de dix ans d'irriguer avec des eaux usées traitées. Largement éprouvé, ce procédé fournit 40 % des eaux d'irrigation dans le Sud de l'Espagne, 85 % en Israël et à peine 0,2 % en France. À court terme, il pourrait même se doter d'une solution de fertilisation si les expérimentations de « ferti-irrigation » menées actuellement en Occitanie permettaient de mettre en place le traitement des eaux usées sans suppression de l'azote ou du phosphore. « Aujourd'hui nous n'avons plus le choix, poursuit Claire Falzone. Nous devons lever les freins culturels et ainsi aider les agriculteurs à sécuriser l'irrigation de leurs cultures. » De la même façon, le développement du compostage des déchets organiques et l'utilisation généralisée des boues issues des stations d'épuration pourraient permettre de restaurer la richesse des sols en reconstituant naturellement leur matière organique.

En France, 25 000 agriculteurs partenaires de Veolia utilisent déjà 800 000 tonnes de compost et 3,5 millions de tonnes de sous-produits issus des industries agroalimentaires ou des stations d'épuration urbaines. Riches en éléments fertilisants, ces produits de l'économie circulaire offrent également l'immense avantage de « stocker » du carbone dans le sol, ce qui permet de réduire de manière significative les émissions de CO2 . Mais les solutions mises en œuvre aujourd'hui pour répondre aux enjeux du monde agricole ne s'arrêtent pas là et la recherche s'intéresse de près à la production de protéines animales alternatives ou à l'autonomie alimentaire des métropoles à travers l'agriculture urbaine ou l'aquaculture...

Accompagner l'industrie agroalimentaire

De l'autre côté de la chaîne alimentaire, les industriels doivent également faire évoluer leurs pratiques pour répondre aux contraintes réglementaires et aux attentes des consommateurs. Il s'agit alors d'étudier au cas par cas chaque procédé de production pour limiter au maximum la consommation d'eau et d'énergie. Au Mexique, Nestlé récupère ainsi l'eau d'évaporation issue de la fabrication de lait infantile pour nettoyer ses machines, tandis qu'en Hongrie, Bonduelle traite les eaux de lavage de ses légumes pour produire le biogaz qui sert à alimenter ses usines. D'autre part, pour de nombreux acteurs du secteur, l'usage du plastique est au cœur des préoccupations, de la conception des emballages au recyclage en passant par l'éducation des consommateurs. D'ici 2025, Tetra Pak et Veolia devraient par exemple parvenir à recycler tous les composants des briques alimentaires collectées dans l'Union européenne... « Il reste beaucoup à faire, conclut Claire Falzone, mais nos innovations pour l'environnement trouvent le chemin du terrain de plus en plus rapidement, ce qui est enthousiasmant. »

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Rencontre avec  Maelenn Poitrenaud, Responsable Innovation et Développement chez SEDE, Pôle Agronomique de Veolia

Veolia

Comment la valorisation des déchets peut-elle sécuriser l'alimentation de demain ?

Pour être fertiles, les terres agricoles ont besoin d'être enrichies en nutriments, mais aussi d'être entretenues ou restaurées grâce à des apports réguliers de matière organique. Pour cela, nos filières de valorisation des déchets savent produire des fertilisants adaptés à chaque type de culture à partir des effluents des industries agroalimentaires, des boues des stations d'épuration urbaine ou des biodéchets. Notre expertise garantit l'innocuité de ces produits et leur qualité agronomique. Aujourd'hui, deux millions d'hectares bénéficient déjà de ces amendements, mais c'est encore trop peu...

Attendue en 2023, la collecte sélective des biodéchets des ménages peut-elle changer la donne ?

Oui, il s'agit d'un gisement énorme qui pourrait être composté ou méthanisé pour produire de l'énergie. Dès que nous parviendrons à le capter, nous pourrons offrir aux agriculteurs la possibilité de reconstituer leurs terres : en complément d'autres pratiques telles que le non-labour et l'agroforesterie, l'apport de compost permet de restaurer les taux de matières organiques simplement, tout en stockant du carbone. Les nouvelles réglementations permettront certainement d'amplifier ces pratiques, qui seront alors le grand enjeu des années à venir.

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Commentaires 3
à écrit le 27/04/2021 à 13:18
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Avec Veolia ? Je vais passer mon tour🤕

à écrit le 27/04/2021 à 10:26
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Quand une multinationale se met a faire sa pub, c'est pour vous vendre simplement une application, dont vous serez le produit qui générera plus de cash!

à écrit le 26/04/2021 à 9:55
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"« Dans le monde entier, des solutions efficaces sont imaginées pour agir à chaque étape de la chaîne alimentaire, explique Claire Falzone, directrice Innovation de Veolia." C'est pour cela que d'une part nous n'avons pas le droit de récupérer l'...

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