« Tous les acteurs de l’immobilier sont pleinement mobilisés pour accélérer la transition du secteur », Béatrice Lièvre-Théry

Comment rendre le secteur de la construction et de l’immobilier plus écologique ? Les attentes sont fortes en matière d’évolution des pratiques afin de réduire l’impact des nouvelles constructions sur la planète, mais aussi d’améliorer la performance énergétique du bâti existant. Car il ne saurait être question de tout raser pour reconstruire. Béatrice Lièvre-Théry, Directeur des Activités Immobilières de la Société Générale, dévoile le rôle central que les promoteurs et les banques peuvent jouer face à ce défi.
« Le secteur immobilier est à l'origine de 38 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il fait l'objet de financements et d'investissements importants et, à ce titre, fait partie des premiers secteurs concernés par l'alignement des portefeuilles des banques, après ceux de l'énergie et des transports. » affirme Béatrice Lièvre-Théry, Directeur des Activités Immobilières de la Société Générale
« Le secteur immobilier est à l'origine de 38 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il fait l'objet de financements et d'investissements importants et, à ce titre, fait partie des premiers secteurs concernés par l'alignement des portefeuilles des banques, après ceux de l'énergie et des transports. » affirme Béatrice Lièvre-Théry, Directeur des Activités Immobilières de la Société Générale (Crédits : T. Mamberti)

Une banque peut-elle contribuer à la préservation de notre planète ?

Je suis convaincue du rôle moteur du secteur de la finance, et notamment des banques, dans l'accélération de la transition écologique qui va, d'une part, entraîner des investissements colossaux et, d'autre part, nécessiter un pilotage fin des risques associés à cette transition. Des risques qui sont d'ailleurs de plus en plus pris en compte par les régulateurs.

En avril dernier, Société Générale a ainsi rejoint la Net-Zero Banking Alliance de l'UNEP-FI en tant que membre fondateur. Cela signifie que nous nous engageons à aligner nos portefeuilles de financement sur une trajectoire visant la neutralité carbone globale d'ici 2050. C'est une approche pragmatique, visant à contribuer pleinement aux stratégies bas carbone actuellement mises en œuvre par la banque, voire les accélérer.

Comment se positionne le secteur de l'immobilier dans cette transition écologique ?

Le secteur immobilier est à l'origine de 38 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Il fait l'objet de financements et d'investissements importants et, à ce titre, fait partie des premiers secteurs concernés par l'alignement des portefeuilles des banques, après ceux de l'énergie et des transports. Les investisseurs immobiliers, notamment les plus importants, sont eux aussi de plus en plus vigilants sur la qualité RSE de leurs financements, une tendance qui s'accélère avec la mise en place du label ISR immobilier. Enfin, la réglementation est de plus en plus exigeante, comme en témoignent la RE2020 (Réglementation Environnementale 2020) dans l'immobilier neuf, le décret Tertiaire dans l'amélioration du parc existant et l'interdiction de location des logements passoires thermiques à compter de 2028, ou l'ensemble des nouvelles dispositions apportées par la loi Climat et Résilience.

Tous les acteurs de l'immobilier sont donc pleinement mobilisés pour accélérer la transition du secteur. La valeur verte, qui correspond à l'augmentation de valeur engendrée par la meilleure performance énergétique et environnementale d'un bien immobilier par rapport à un autre bien immobilier, se matérialise progressivement.

Au-delà du financement, quels sont vos engagements en tant que promoteur immobilier du groupe Société Générale pour améliorer l'impact de vos projets sur l'environnement ?

Dès sa conception, Sogeprom intègre dans ses programmes une analyse RSE multidimensionnelle. Tout d'abord en s'engageant à concevoir des bâtiments plus respectueux de l'environnement tout au long de leur vie, de leur construction à leur démolition, en passant par leur exploitation. Nous faisons par exemple le choix de matériaux ayant le moins d'impact possible : béton bas carbone, bois, matériaux biosourcés, et veillons également au respect de la biodiversité, à l'inclusion systématique d'espaces extérieurs et de végétalisation, même pour les bureaux. Le vrai changement concerne aussi le recyclage des matériaux issus des bâtiments que nous sommes amenés à démolir.

Nous sommes d'ailleurs engagés dans le Booster du Réemploi pour travailler sur de nouveaux modèles économiquement efficients. Nous pensons aussi à la qualité d'usage. Chez Sogeprom, nous élaborons nos projets autour de la façon dont les occupants vont évoluer dans les lieux. Nous réfléchissons à l'intégration du bâtiment dans son quartier, son territoire, et à la façon d'y promouvoir les mobilités douces, par exemple. Enfin, notre approche globale de la RSE intègre la dimension sociale et sociétale : Sogeprom est une entreprise et un employeur responsable. Dans la relation avec notre écosystème, nos fournisseurs, partenaires, collaborateurs, nous agissons pour faire évoluer les comportements : intégration de clauses RSE dans nos politiques d'achat, création de la Communauté Bas carbone pour contribuer collectivement à la stratégie, mise en place d'indicateurs RH sur la diversité et l'inclusion.

Quelles sont aujourd'hui les attentes de la société en matière de construction et d'immobilier ?

Nous sommes confrontés à un grand paradoxe. Si tout le monde reconnaît que les besoins de logements neufs et de rénovation des logements vétustes sont très importants en France, personne ne souhaite voir de nouvelles constructions autour de chez lui ; par ailleurs, l'équilibre financier de la rénovation demeure difficile à trouver à court terme. Je suis cependant optimiste. Je pense que les transformations vont se faire au gré des innovations technologiques qui avancent vite, notamment en matière de modes constructifs et de gestion plus efficiente des bâtiments, mais aussi parce que les changements de comportement tant individuels que collectifs sont à l'œuvre. Cela passera aussi par une mesure plus systématique des émissions de gaz à effet de serre des bâtiments et par leur prise en compte dans l'obtention d'un financement.

Comment peut-on favoriser cette transformation des pratiques ? Les labels sont-ils la clé pour imposer une meilleure qualité environnementale dans l'immobilier ?

Nous disposons d'ores et déjà d'un outil, aujourd'hui sous-utilisé : le DPE (Diagnostic de Performance Énergétique). Si cette mesure est encore imparfaite, elle est en cours d'amélioration dans le cadre de la loi Climat et Résilience. Elle présente l'avantage d'être déjà obligatoire, relativement simple à réaliser et en cours de standardisation au niveau européen. Les labels et certifications qui se sont développés récemment concernent surtout l'immobilier neuf et viennent en complément.

Nous proposons de retenir cet indicateur pour piloter l'alignement de notre portefeuille de crédit et qualifier l'impact des travaux de rénovation que nous serions amenés à financer pour accompagner nos clients. Les banques peuvent et doivent donc faire bouger les lignes !

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