Un Jour E sous le signe du collectif

A l'invitation de Bpifrance, plus de 1200 PME, ETI et startups venues de toute la France se sont réunies le 4 avril à Paris pour partager informations et bonnes pratiques sur la décarbonation de leurs activités. Dirigeants d’entreprises sont repartis prêts à mener la révolution - et sûrs d'une chose : c'est le collectif qui fera la différence.
(Crédits : DR)

Le Jour E pour énergie (verte, bien sûr) : celle avec laquelle sont repartis, le 4 avril 2023, les 1200 participants à la troisième édition de l'événement lancé par Bpifrance en 2021 pour préparer les entreprises, et en particulier les petites et moyennes, cœur de cible de la banque publique d'investissement, à la transition énergétique, écologique et environnementale, aurait pu s'appeler « Jour C » - pour collectif. C'est en effet un ensemble de volontés, soudées, qui se met en place. « Nous avons conçu notre plan climat en 2020, à la suite d'un constat : la prise de conscience sur les enjeux environnementaux était de plus en plus forte dans les entreprises, mais les dirigeants de PME et d'ETI, qui forment l'essentiel du tissu économique français, avaient du mal à passer à l'action. Il leur manquait des informations, des outils, des talents », relève Anne Guérin, directrice exécutive, à la Direction Financement et Réseau de Bpifrance et initiatrice de Jour E. Il leur manquait aussi sans doute le sentiment d'être accompagnées, face à l'immensité de la tâche.

D'où l'idée d'une journée qui comporte aussi bien des master classes, sur des sujets allant de la nouvelle réglementation concernant les achats publics verts aux directives européennes bientôt en place pour le reporting extra-financier en passant par la décarbonation du scope 3 (englobant approvisionnement, transport, utilisation et fin de vie des produits), que des ateliers, au cours desquels les participants réfléchissent, ensemble, à des cas concrets - sans oublier des pitch de startuppeurs, pour des solutions clé en mains aux entreprises, afin de verdir leur consommation d'énergie ou d'utiliser l'intelligence artificielle pour améliorer leurs performances environnementales...

Exercices concrets

Ainsi, l'exercice visant à cartographier les risques d'une entreprise, que ce soit en raison de sa dépendance aux matières premières ou à l'eau pour la fabrication des produits, à l'énergie pour faire tourner les machines ou au carton pour emballer les marchandises, aura résonné auprès de nombre de participants à l'atelier « Evaluer mes impacts sur l'environnement ». Stimulées par Yves Noirot, directeur général des Fonderies de Sougland, dans les Hauts-de-France, également éclaireur de la communauté du Coq Vert, regroupant dirigeants et dirigeantes convaincus de la nécessité d'agir et déjà engagés dans la transition écologique, les idées fusent : approvisionnement en matières premières selon une certification garantissant origine et emballages réduits, par exemple. Pour économiser l'énergie en cette période de tension sur les prix, le DG des Fonderies de Sougland a eu, quant à lui, une idée toute simple : la semaine de quatre jours. Aux économies d'énergie s'ajoute donc le bien-être des salariés. « L'industrie de demain sera verte ou ne sera pas, a-t-il martelé. Il ne s'agit pas d'intégrer simplement des enjeux environnementaux dans les activités, il faut incarner une vision claire et des engagements, bref, il faut 'être' vert. ».

Autour de la table, les langues se délient aussi. Certains parlent de la difficulté à embarquer une partie des équipes et demandent des conseils à ceux qui ont réussi. D'autres, comme Raphaël Planson, responsable responsabilité sociale et environnementale et développement durable du Groupe Mauffrey, un spécialiste de la logistique basé dans les Vosges, soulignent la force de l'exemplarité de la direction. Mais il avoue également sa méfiance vis-à-vis d'applis, pour des challenges verts, notamment, proposées aux salariés, qu'il juge quelque peu « infantilisantes »... Une participante annonce son intention d'obtenir la certification B Corp, donnant un cadre et un cap, ainsi que la mise en place de formations pour sensibiliser sur l'impact, souvent ignoré, de l'envoi de mails. D'autres avancent l'idée d'ambassadeurs internes pour la transition écologique - ou prennent note d'un outil ou d'un site web de référence inconnus pour eux jusqu'au Jour E et échangent leurs coordonnées. Certains, enfin, partagent leurs questionnements. Ainsi, faut-il, par exemple, une prime d'intéressement liée à des critères environnementaux ? L'idée est séduisante.

Se préparer

En tout cas, même si la nouvelle directive européenne sur la responsabilité des entreprises (CSRD) ne s'adressera, en janvier 2024, qu'aux grandes, « mieux vaut s'y préparer dès aujourd'hui », assure Valérie Maybon, la directrice générale de Technogenia, une PME spécialisée dans les solutions anti-usure et anticorrosion, en Haute-Savoie, à l'occasion d'un atelier reporting extra-financier. Quant au groupe AVLO, expert en location de matériels pour les métiers du BTP et de l'industrie, qui compte 500 salariés et rayonne sur les régions Centre Val de Loire, Normandie, Bretagne et Pays de Loire, il a déjà fait son bilan carbone, sous l'impulsion de Sylvain Bassaisteguy, son dirigeant. Ce dernier accueille avec intérêt la contrainte, puisque le CSRD s'appliquera aux entreprises de plus de 250 salariés à partir du 1er janvier 2025. « Cela donne une feuille de route intéressante », dit-il. « Et de toute façon, un document standard est précieux, car les donneurs d'ordres réclament des informations très précises, mais parfois différentes », renchérit Céline Gris, présidente de Gris, fabricant de composants mécaniques dans le Grand Est.

Actions à l'année

« En plus de nos produits financiers adaptés, nous voulons proposer des solutions concrètes et mettre en avant le capital humain », conclut Anne Guérin, de Bpifrance. La banque publique fait en effet plus que créer de la valeur pour les entrepreneurs lors de ces journées spécifiques. Tout au long de l'année, elle intervient auprès d'eux pour réaliser des bilans carbone, poser un diagnostic et élaborer des solutions pour la décarbonation de leurs activités. Et au-delà du prêt vert, la banque publique a lancé, en 2020, un VTE (Volontariat territorial en entreprise) Vert, dont peuvent bénéficier les TPE, PME et ETI pour l'embauche de jeunes diplômés - dans le but, encore et toujours, d'accélérer la transition.

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