« Les Français qui réussissent à l’international sont les premiers ambassadeurs de notre écosystème entrepreneurial »

PDG de JeChange, investisseur et membre du Conseil national du numérique, le fondateur de La French Touch Conference est l’un des pionniers du numérique en France. L’ambition de la dernière édition de cet événement : mettre en relation la diaspora entrepreneuriale tricolore, qui réussit aux quatre coins du globe, avec l’écosystème de l'Hexagone.
Gaël Duval, PDG de Jechange.
Gaël Duval, PDG de Jechange. (Crédits : Smillz)

Vous avez lancé en 2014 La French Touch Conference afin de créer des passerelles entre écosystèmes français et internationaux. Huit éditions ont eu lieu depuis, de New York à San Francisco en passant par Paris. Comment ont évolué les enjeux ?

Gaël Duval : La French Touch Conference a été créée il y a cinq ans à un moment où la situation était complètement différente d'aujourd'hui : elle est née dans une période de French bashing très fort, dans le sillage de la vente finalement annulée de Dailymotion à Yahoo. Cette affaire avait généré à l'étranger une certaine méfiance et une image très négative de l'écosystème entrepreneurial français, qui ne correspondait en rien à ce que j'observais au quotidien, en tant qu'entrepreneur. C'est pourquoi j'ai décidé de lancer une initiative, qui s'est matérialisée sous la forme d'un événement. Notre objectif est d'aller à la rencontre des écosystèmes entrepreneuriaux dynamiques à l'international pour mettre en avant les réussites françaises, faire de la pédagogie aussi vis-à-vis de l'écosystème tech français, et surtout favoriser des échanges commerciaux : développement international, levées de fonds, etc. A New York et San Francisco, les entrepreneurs et investisseurs américains ont vite compris que la France était un terreau de talents. On a pu en ressentir tout de suite des effets au niveau du business, avec par exemple des fonds d'investissement et des entreprises américaines qui ont investi dans des startups françaises.

La grande différence avec cette époque, c'est qu'aujourd'hui nous sommes dans un nouveau momentum : l'écosystème français s'est imposé comme un modèle à succès, et a démontré sa capacité à créer de nombreuses start-ups. Maintenant, l'orientation est vers les scale-up, les entreprises à forte croissance, dont nous devons favoriser le développement.

Quel était l'objectif de cette deuxième édition parisienne de LFTC ?

Nous avons voulu mettre en avant des entrepreneurs français du bout du monde qui ont développé leur entreprise à l'international : aux Etats-Unis, en Chine, au Canada, au Royaume-Uni, etc. Cette édition à Paris reste sur la ligne directrice des autres éditions de La French Touch Conference, autrement dit, la volonté de créer les ponts entre les écosystèmes, et de faire se rencontrer des talents. La différence essentielle de cette édition française par rapport à nos évènements internationaux est de mettre en avant la diaspora entrepreneuriale française, avec des entrepreneurs qui peuvent présenter une expertise sur leur écosystème et un retour d'expérience personnel. Une occasion unique pour identifier des acteurs clés, à la fois dans leur secteur - intelligence artificielle, blockchain, etc. - et dans les écosystèmes internationaux dans lesquels ils évoluent. Les Français qui réussissent à l'international sont les premiers ambassadeurs de notre écosystème entrepreneurial !

L'un des enjeux aujourd'hui pour l'écosystème français est l'internationalisation. Pourquoi, selon vous, les entreprises françaises, hors grands groupes, ne s'internationalisent-elles pas davantage ?

Quand un entrepreneur lance son entreprisedans des pays tels que Israël ou les pays scandinaves, il n'a pas d'autre choix que de penser international dès le début, car le marché est trop petit pour atteindre une taille critique. La France, c'est près de 70 millions de consommateurs. Ce n'est pas un marché extrêmement vaste, mais tout de même assez conséquent pour qu'on puisse envisager de s'y développer avant de regarder ailleurs. Autre difficulté - mais qui est en voie de résolution - c'est que jusqu'à présent il y avait peu de moyens financiers pour soutenir les start-ups. On voit néanmoins quelques bonnes nouvelles, comme l'annonce la semaine dernière d'une levée de fonds de 200 millions d'euros d'une entreprise française de jeux vidéo.

Arrivera-t-on à créer plus de licornes ?

Ce serait déjà très bien d'arriver à créer de grandes ETI internationales dans le domaine de la tech. L'ambition d'avoir une entreprise valorisée à un milliard de dollars, c'est très bien pour la communication parce que c'est un concept que les gens comprennent. Mais mieux vaut de nombreuses ETI qu'une seule licorne !

Votre message aux entrepreneurs ?

La France a tout pour créer des leaders de la tech en Europe et à l'international. Une des dernières prises de conscience concerne la nécessité de jouer collectif. Trop souvent encore, le développement de certaines scale-up françaises se fait de façon individuelle, sans logique d'entraînement. Il y a quelques années, on parlait d'une « culture de meute » dans le développement international des entreprises : par exemple, quand Carrefour est parti à l'international, il a emmené avec lui toute la chaîne alimentaire française. Il faut que dans la Tech on arrive à développer cette culture de déploiement à l'international, qui fait que la croissance des uns favorise celles des autres.

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