La France pousse un projet de « Big data » européen à Bruxelles

Par Delphine Cuny  |   |  589  mots
François Hollande va défendre devant le Conseil européen jeudi un plan d’action destiné à faire émerger des acteurs de rang mondial dans le marché prometteur du traitement massif des données, selon un document de travail que La Tribune a pu consulter.

C'est la proposition phare de la France en matière de numérique à Bruxelles. Lors du Conseil européen qui se réunit ce jeudi et ce vendredi, François Hollande va défendre le principe d'une initiative de l'Union en matière de « Big data », l'objectif étant de « faire émerger des acteurs européens de rang mondial » dans le marché prometteur du traitement massif des données, selon un document de travail que La Tribune a pu consulter. La France propose « un volet législatif et réglementaire harmonisé à l'échelle européenne favorable à l'émergence d'un marché unique des Big Data », marché estimé à 8% du PIB européen en 2020. « L'Europe doit adopter une attitude offensive pour conquérir des parts de marché » indique ce document joint en annexe à la « contribution française à l'Europe numérique » adressée aux participants du Conseil européen.

Financement européen et plan d'action « emblématique »

« Le monde crée aujourd'hui en deux jours autant de données que ce qui a été produit jusqu'à l'invention d'Internet » doit notamment souligner le Président de la République devant les autres chefs d'Etat et de gouvernement. Paris préconise de dédier aux Big data une partie du programme européen d'investissement dans la recherche et l'innovation Horizon 2020 : le Conseil européen déciderait ainsi d'un plan d'action « emblématique, mobilisant toutes les dimensions des politiques publiques, recherche, financement, formation, commandes publiques » sur ce marché, perçu comme l'une des « prochaines vagues d'innovation numérique. » L'exemple du « cloud computing » est également cité mais l'informatique en nuage (stockage et accès à distance) est jugée moins conciliable avec l'objectif d'une construction commune. La France souligne qu'il « ne faut pas céder à la tentation d'un protectionnisme européen » revenant à « fermer les frontières numériques en forçant la localisation des données », car cela pénaliserait à terme les acteurs européens eux-mêmes.

Un « réseau social » pour les startups européennes

François Hollande va également défendre l'idée d'une meilleure mobilisation de la commande publique pour « accélérer la croissance des startups européennes » en jouant sur l'effet de levier de l'ensemble des pays de l'Union. Il est envisagé de proposer la création d'un « réseau social de la première référence publique européenne » : l'idée est d'augmenter la visibilité des startups de l'Union auprès des acheteurs publics en leur permettant de mettre en avant, sur un portail dédié probablement, leur premier contrat avec un donneur d'ordre public d'un des Etats membres et ainsi faciliter la mise en relation. « Les acheteurs publics engagés dans cette démarche pourront être soutenus par la BEI », la banque européenne d'investissement, précise le document français.

Le numérique, vecteur d'un « agenda positif » et « enjeu de confiance »

A quelques mois des élections européennes, le numérique est perçu à l'Elysée comme faisant partie d'un « agenda positif », de nature à « remobiliser » les citoyens, confie un conseiller du Président. « Ce n'est pas facile de trouver les mots pour parler concrètement d'Europe. Or le numérique fait partie du quotidien des gens, les applications et la musique qu'ils téléchargent sur leur smartphone, etc. Ce n'est pas avec l'union bancaire que l'on fait voter les électeurs » constate-t-il. C'est aussi « un enjeu de confiance, si l'Europe retrouve de la fierté » en se redonnant une ambition commune, une stratégie industrielle dans un secteur d'avenir où elle n'a pas su faire émerger de géants pour l'instant.