Free Mobile offre la 4G dans son forfait et casse les espoirs de remontée des prix

Par Delphine Cuny  |   |  813  mots
Le quatrième entrant offre même 20 Go de données à ses abonnés compatibles 4G. Free indique couvrir 1.000 communes, sans préciser le pourcentage de la population concernée.

C'était la hantise des trois autres opérateurs mobiles depuis plusieurs mois : que Free vienne casser le marché naissant de la 4G en la proposant gratuitement, incluse dans son forfait à 19,99 euros. Et la rumeur a commencé à circuler à l'approche de Noël et s'est amplifiée à la suite des déclarations récentes de Xavier Niel, le fondateur et principal actionnaire, promettant de diviser par deux les prix. Free Mobile annonce ce matin dans un communiqué de sa maison-mère Iliad qu'il ajoute la 4G, sans surcoût dans son forfait à 19,99 euros (15,99 euros pour les abonnés à la Freebox). Or les concurrents ne proposent la 4G que dans des abonnements à 30 euros minimum, avec engagement, au mieux 25 euros sans engagement. Et pas avec une telle quantité de données : 20 Go. Bouygues Telecom propose 16 Go mais à 60 euros. Ce qui permet à Free de dire qu'il offre « le volume de données le plus élevé au meilleur prix du marché. » La remontée des prix, la « création de valeur » tant espérée par Orange, SFR et Bouygues, semble donc compromise.

20 Gigas mais seulement pour les abonnés compatibles 4G

L'opérateur britannique EE, co-entreprise d'Orange et Deutsche Telekom, propose 20 Go à 46 livres (55 euros). Aux Etats-Unis, un forfait incluant 20 Go coûte 150 dollars par mois chez Verizon Wireless ! Cependant, Free Mobile indique que cette quantité de données est réservée aux clients 4G : les autres resteront plafonnés à 3 Gigas. Concrètement, ce volume sera utilisable en 3G aussi pour les abonnés ayant activé la 4G et disposant d'un smartphone compatible. Rappelons cependant que d'après les statistiques des opérateurs et du gendarme des télécoms, l'Arcep, les consommateurs français utilisent en moyenne 700 à 800 Mo d'Internet mobile par mois (en 3G). L'usage moyen des abonnés actifs 4G serait de l'ordre de 2Go maximum. En clair, aujourd'hui, quasiment personne n'a besoin de cette quantité de données, à moins d'utiliser sa connexion mobile comme un accès fixe pour regarder des films et écouter de la musique en streaming, envoyer des photos très lourdes, etc tout au long de la journée.

Coup marketing avant Noël

C'est donc un coup marketing de la part de Free, juste avant Noël, de nature à séduire (ou retenir ?) la frange d'abonnés gros consommateurs de données et technophiles qui commençaient à piaffer d'impatience sur les forums et les réseaux sociaux devant les annonces 4G de la concurrence. C'est d'ailleurs l'euphorie ce mardi matin dans le camp des supporters de Free. Mais l'opérateur n'aura pas à supporter le coût d'une multiplication par cinq de la consommation de données de ses clients : un peu moins de la moitié de ses 7,4 millions d'abonnés mobiles auraient un forfait à 3 Go (la majorité en forfait 2 heures à 2 euros) et le parc compatible 4G est vraisemblablement encore réduit.

Quelle réelle couverture en 4G ?

Sur la question de la couverture, Free n'est pas très transparent. Il indique que sa 4G est accessible dans 1.000 villes dont « Paris, Marseille, Lyon, Toulouse, Nice, Nantes, Strasbourg, Montpellier, Bordeaux, Lille, Rennes, Reims mais également dans des villes comme Angers, Brest, Clermont-Ferrand, Dijon, Grenoble, Le Havre, Nantes, Metz, Toulouse. » Mais il se garde bien de préciser quel pourcentage de la population il couvre ni si ces villes sont largement couvertes. Free assure avoir 700 antennes 4G actives au 1er décembre, comme le confirme l'observatoire de l'Agence nationale des fréquences publié dans la journée. « Cela fait moins d'un site par ville ! Il en faut 200 pour couvrir Marseille par exemple…  Il faudra bien chercher l'endroit couvert dans la ville. Free réinvente le Bi-Bop en somme » raille un concurrent. Au 1er novembre, Free n'avait que 14 antennes 4G. Or Bouygues Telecom, qui a la meilleure couverture en 4G, revendique 63% de la population couverte avec 5.392 antennes actives. Orange couvre près de 35% de la population avec plus de 3.800 antennes. Avec cinq fois moins d'antennes, Free se situe sans doute à moins de 15% voire 10% de la population. En outre, le quatrième entrant a acheté moins de fréquences 4G que ses concurrents (il n'en a pas dans la bande 800 Mhz). Difficile à croire dans ce cas que ses abonnés capteront souvent la 4G sur son réseau, sachant que son contrat d'itinérance avec Orange ne porte pas sur le très haut débit mobile. Du moins à ce stade… Xavier Niel ne survend-il pas la 4G comme il l'a reproché à ses concurrents ?

« Les dirigeants de Free avaient martelé que la bataille de Noël ne serait pas celle de la 4G, ils ont changé d'avis visiblement » persifle un des rivaux. Mais en Bourse tout le monde trinque ce mardi et les analystes s'inquiètent de cette potentielle relance de la guerre des prix sur le marché du mobile : Iliad cède 0,5%, Bouygues 0,8%, Vivendi, maison-mère de SFR, recule de 1,5% et Orange de 3,5%.