4G : Montebourg tire à vue sur l'offre low cost de Free

Par Delphine Cuny  |   |  430  mots
Le ministre du Redressement productif souligne que Free est le seul à ne pas avoir répondu à l'appel au patriotisme économique
Après Fleur Pellerin et Benoît Hamon appelant hier à la vigilance des consommateurs, c’est au tour du ministre du Redressement productif de fustiger l’annonce de Free, qui a intégré sans surcoût la 4G, « un pari audacieux et risqué. »

« Un pari audacieux et risqué. » Un compliment presque pour Xavier Niel. Pourtant, le ton du communiqué du ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, et de Fleur Pellerin, la ministre à l'Economie numérique, rendu public ce mercredi après-midi n'est pas très amène à l'égard de Free.

Intitulé « offre 4G à prix cassés : les ministres s'interrogent sur la qualité de l'offre pour le consommateur et ses conséquences économiques en France », ce communiqué, le deuxième du gouvernement en 24 heures, après celui de Benoît Hamon, le ministre de la Consommation, et de Fleur Pellerin, invitant les clients à la vigilance sur la couverture 4G des opérateurs, fait valoir que

« une stratégie low-cost conduit nécessairement à un sous-investissement dans les infrastructures, à une dégradation du service rendu et à des destructions d'emplois. Alors que son réseau reste en construction, l'annonce de l'opérateur Free apparaît comme un pari audacieux et risqué. »

Patriotisme économique pour sauver Alcatel-Lucent

Selon les ministres, le fait que Free ait décidé d'inclure la 4G dans son forfait sans surcoût risque de jeter le discrédit sur tous les opérateurs, de faire apparaître « l'offre de 4G dans son ensemble douteuse aux yeux des consommateurs, si la qualité de service n'était pas au rendez-vous, ou si la couverture s'avérait insuffisante sur de larges parts du territoire français. » On peut toutefois s'étonner du traitement de défaveur réservé à Free : les ministres ne s'étaient pas ému au lancement de la 4G par les autres opérateurs du faible nombre d'antennes déployées (seulement 230 antennes actives chez SFR et 813  chez Orange au 1er juin dernier par exemple, soit 100 plus que Free aujourd'hui), en dépit du battage médiatique.

Au-delà de la couverture, les ministres s'inquiètent aussi (et surtout) du risque d'une « nouvelle guerre des prix » qui, à moyen terme « affaiblirait la capacité des opérateurs à maintenir des niveaux d'investissements importants dans les infrastructures de télécommunication. » Et Arnaud Montebourg de souligner que Free est « pour l'heure le seul opérateur à n'avoir pas répondu à l'appel au patriotisme économique à l'égard d'Alcatel Lucent, à contribuer pleinement à la création de richesses en France. » Arnaud Montebourg a en effet reproché à plusieurs reprises à Free d'être en partie responsable des difficultés de l'équipementier télécoms français Alcatel-Lucent. On se souvient de la réponse ferme du directeur général de la maison-mère de Free, Iliad, Maxime Lombardini, qui avait expliqué qu'on ne changeait pas technologie et de fournisseur sur injonction du gouvernement…