Vivendi promet à Bouygues qu'il examinera son offre sur SFR

Par Delphine Cuny  |   |  642  mots
Jean-René Fourtou, le président du conseil de surveillance de Vivendi, a répondu à Martin Bouygues que le management examinerait bien sa nouvelle offre.
Jean-René Fourtou, le président du conseil, a répondu par courrier à Martin Bouygues que le management de Vivendi « va examiner » son offre d’achat améliorée « avec toute la rigueur nécessaire » mais « en application stricte de l’engagement d’exclusivité » donné à Numericable jusqu’au 4 avril. Le comité ad hoc du conseil l’examine ce soir, mais sans établir de contacts avec les équipes de Bouygues.

Alors que Bouygues tente de forcer Vivendi à interrompre ses négociations exclusives avec Numericable, dont l'offre de rachat de SFR avait été jugée « la plus pertinente », le président du conseil de surveillance de Vivendi a enfin répondu aux appels de Martin Bouygues. Dans un courrier adressé au patron du BTP, révélé par « Le Figaro », Jean-René Fourtou assure que le management du groupe, c'est-à-dire le directoire - vraisemblablement Jean-François Dubos, le président, et Jean-Yves Charlier, le PDG de SFR - examinera bien la nouvelle offre déposée par Bouygues il y a une semaine, le 20 mars.

Dans cette offre améliorée, la partie cash a été augmentée de 1,8 milliard pour atteindre 13,15 milliards d'euros, soit 1,4 milliard de plus que celle d'Altice, le premier actionnaire de Numericable. Mais Jean-René Fourtou souligne que cet examen se fera dans le respect de cette exclusivité de trois semaines, qui s'achève le 4 avril.

« Le management de Vivendi, soucieux de l'intérêt social de l'entreprise et de l'intérêt de ses actionnaires et de ses salariés, va examiner cette offre avec toute la rigueur nécessaire, selon les critères arrêtés avec le comité spécial du conseil de surveillance et en application stricte de notre engagement d'exclusivité. »

Examen ce soir par le comité ad hoc

Altice, dont l'offre expire le 4 avril, pourrait demander « des milliards », ou tout au moins des dizaines de millions d'euros de dommages et intérêts, en cas de rupture des négociations, selon un proche des discussions. Dans quelles conditions sera alors présentée au conseil de surveillance la nouvelle offre de Bouygues, qui pourrait encore être améliorée pour donner plus de liquidité à Vivendi sur les 21,5% du capital de l'ensemble fusionné SFR-Bouygues Telecom qu'il doit récupérer ? Selon « Le Monde », le comité ad hoc, chargé au sein du conseil de superviser le processus de vente de SFR, examinera ce jeudi en soirée la nouvelle offre de Bouygues. A ce comité, présidé par Henri Lachmann, l'ancien PDG de Schneider, siègent deux autres administrateurs indépendants, Alexandre de Juniac (Air France KLM) et Daniel Camus (The Global Fund), ainsi que la représentante des actionnaires salariés, Nathalie Bricault.

Traitement équitable des deux offres ?

« Le comité va lire en détails la « term sheet » [lettre d'intention] de Bouygues, d'une huitaine de pages, mais il n'est pas possible d'entrer en contact avec les équipes de Bouygues pendant l'exclusivité. Le plus vraisemblable est que le conseil de surveillance examine vendredi prochain, le 4 avril, les deux offres qu'il aura sur la table, qui auront peut-être été encore modifiées d'ici là  » décrypte une source proche des discussions, qui confirme la réunion du comité de ce soir. Mais l'offre d'Altice continue de bénéficier d'une avance, en termes de calendrier et d'interactions avec les équipes de Vivendi et SFR, ce qui lui permet de peaufiner le projet d'accord complet qui sera soumis au conseil le 4 avril.

« Le conseil risque d'étudier des propositions qui ne sont pas au même niveau, l'examen ne pourra se faire dans des conditions équivalentes, pour ne pas dire équitables » déplore cette source bien au fait du dossier. En outre « les arguments qui ont justifié la préférence donnée à Altice, sur la faisabilité et l'aspect concurrence, sont toujours en place. Le relèvement de la partie cash suffira-t-il ? Peut-être » confie cette source, sans apparaître très convaincue. 

L'ensemble du processus pose des questions de gouvernance et certaines voix se sont élevées contre l'opacité de cet appel d'offres. L'Association de défense des actionnaires minoritaires (Adam), mandatée par DNCA Finance dont les fonds détiennent 1% du capital de Vivendi, réclame un examen des offres en assemblée générale.