
« A un moment, il faut savoir s'arrêter » disait-on chez Bouygues vendredi dernier, où la déception se mêlait à un certain fatalisme : « Vivendi ne voulait pas de nous depuis le début. » Le groupe de BTP, qui avait dit vouloir « se projeter dans l'avenir » lundi, ne s'avoue finalement pas vaincu. Alors que Vivendi a annoncé vendredi entrer pour trois semaines en négociations exclusives avec Altice, la maison-mère de Numericable, en vue d'un rapprochement de ce dernier avec SFR, Bouygues revient à la charge avec une offre fortement améliorée pour la partie cash : dans cette nouvelle mouture déposée ce jeudi, il propose désormais 13,15 milliards d'euros en numéraire, soit 1,85 milliard de plus que son offre déjà relevée mercredi dernier. C'est 1,4 milliard d'euros de plus que Numericable ! L'offre de la maison-mère du câblo-opérateur était financièrement la mieux-disante la semaine, supérieure de 450 millions en cash.
No comment chez Vivendi
En conséquence, Vivendi récupérerait 21,5% du capital du nouvel ensemble fusionné, contre 43% dans la dernière offre de Bouygues. « No comment, nous sommes en négociations exclusives » répond-on chez Vivendi. Est-ce à dire que l'offre n'est pas recevable ? Chez Vivendi, chez SFR et chez Numericable, c'est une affaire entendue : le deal n'est qu'une affaire de jours. Est-ce un ultime baroud d'honneur de la part de Bouygues ? La maison-mère de Bouygues Telecom a-t-elle été encouragée par le gouvernement qui ne semble guère apprécier le choix de Vivendi ? Le statut de résident fiscal suisse Patrick Drahi, le premier actionnaire de Numericable, la domiciliation de sa holding personnelle à Guernesey ont été critiqués par les ministres Arnaud Montebourg et Fleur Pellerin qui lui ont demandé de s'installer en France. « Je n'ai pas prévu de faire rentrer ma famille en France » a répondu Patrick Drahi lundi lors d'une conférence de presse.
La CDC, les Pinault et les Decaux au capital
Bouygues indique qu'il a rassemblé autour de son projet « des actionnaires industriels et financiers de long terme » : la Caisse des dépôts, la famille Pinault, JC Decaux vont « rentrer ou se renforcer au capital du nouvel ensemble, ce qui contribue à améliorer fortement la partie en numéraire de l'offre. » Lundi, le directeur général de la Caisse des dépôts, Jean-Pierre Jouyet s'était dit prêt à « accompagner en capital un rapprochement entre Vivendi SFR et Bouygues », une déclaration qui n'avait pas manqué de surprendre après la décision du conseil de surveillance de Vivendi. La présence de la banque publique, qui investira 300 millions d'euros et détiendrait 3% du nouvel ensemble, apparaît comme un soutien ouvert de l'Etat à cette offre alternative. La CDC est déjà actionnaire de Bouygues (2,2% du capital) mais aussi de Vivendi (3,5%).
La participation de Bouygues serait in fine de 67% dans l'ensemble fusionné SFR-Bouygues. Le groupe rappelle qu'il vise 10 milliards d'euros de synergies, dont 5 milliards portant sur le réseau mobile qui sont selon lui « sécurisées » par l'accord signé avec Free auquel il céderait le réseau et les fréquences de Bouygues Telecom en cas de fusion.
« 5.000 destructions d'emplois en moins » avec Numericable
Ce week-end, Vincent Bolloré, premier actionnaire de Vivendi avec un peu plus de 5% du capital, avait justifié le choix du conseil où il siège : « Numericable a apporté 450 millions d'euros supplémentaires de cash, 5.000 destructions d'emplois en moins, une plus grande facilité dans un rapprochement fibre-mobile. » Il avait toutefois indiqué que « trois semaines de priorité » avaient été accordées à Altice-Numericable. Le PDG de SFR Jean-Yves Charlier a lui-même présenté, dans un message aux salariés, le mariage avec Numericable comme « un superbe projet de croissance. » Dans son communiqué, Bouygues fait valoir qu'il « répond aux attentes du conseil » qui avait considéré son offre « pertinente » mais sa part en numéraire «insuffisante. » Il précise aussi qu'il « réitère son engagement à ce que son projet de création d'un acteur majeur du numérique en France dynamise l'investissement et assure la création d'emplois durables. »
Dans le camp de Numericable, aucune inquiétude ne semble poindre : « c'est l'énergie du désespoir » sourit une source proche qui considère que cette surenchère ne change pas la préférence de Vivendi pour un « projet industriel de croissance avec un faible risque d'exécution et un maintien de l'emploi. »
Les arguments de Numericable sont plutôt spécieux. Regrouper les boutiques de SFR et BT aurait pour conséquence une réduction d'emplois ? si c'était le cas, vu la fréquentation de ces boutiques (franchises ?), le service offert (on va dire...) s'en trouverait gravement affecté. Par ailleurs, si l'on s'est déjà rendu dans des boutiques Numericable, on est édifié !
Ce qui reste étonnant, c'est le risque que Vivendi prend avec l'offre Numericable: l'argument "complémentarité" aurait du sens si l'on voulait "construire"; or Vivendi veut se désengager... S'ils étaient cohérents, ils iraient au plus offrant !
Il semble que le "dogmatisme" évoqué par certains existe aussi dans l'autre camp.
Les employés commencent a comprendre sur les conditions de travail (le made in France) y a que cela de vrai !!!!!!!
SFR est trop gros pour NUMERICABLE, sauf à s endetter de manière excessive.
Un autre opérateur étranger pourrait ensuite facilement ramasser le tout par une OPA sur NUMERICABLE ou simplement le rachat d ALTICE (au Luxembourg) ?
On a déjà vu avec ARCELOR qu une OPA d'une société basée au Luxembourg ne pouvait pas être bloquée – avec les conséquences sociales qu on connait.
L actionnariat de NUMERICABLE n est déja pas français :
ALTICE, câblo-opérateur luxembourgeois détient 30 % des parts, devant la société Groupe CARLYLE, bastion du complexe militaro-industriel US avec 26 %, et la société britannique de capital-investissement CINVEN avec 18 %.
De plus, l actionnaire majoritaire d ALTICE est NEXT Limited Partnership, une société écran à Guernesey (paradis fiscal anglais). Tout cela a plus les apparences de la spéculation que du projet industriel.
Patrick Drahi a renié en 2013 sa nationalité française, et il serait dommage que le deuxième opérateur de télécoms français change lui aussi de nationalité comme par enchantement…
c'est scandaleux
Maintenant afin de ne pas perdre la face, il est prêt a tout (y compris requistioner la CDC) pour torpiller le deal SFR/Numericable, qui fait pourtant beaucoup plus de sens, que celui de BT (fusionner de 2 opérateurs mobiles en difficulté)
* le risque n'étant, évidemment, pas pour lui...
Son trop plein de liquidité ne pourrait-il pas soutenir quelque chose de plus utile ? des pme par exemple ?
Pour cela il existe BPI France mais à priori les français ne s'intéressent par à leur argent car autrement ils en fileraient pas autant aux incapables qui les gouvernent. D'ailleurs je ne vois pas en quoi une PME serait plus légitime qu'une société du CAC40 à capter l'épargne des français sans contrepartie liée au risque de l'investissement.
Très impatient donc de tes explications.
SFR est trop gros pour NUMERICABLE, sauf à s endetter de manière excessive.
Un autre opérateur étranger pourrait ensuite ramasser le tout par une OPA facile sur NUMERICABLE ou simplement le rachat d ALTICE (au Luxembourg) ?
On a déjà vu avec ARCELOR qu'une OPA d une société basée au Luxembourg ne pouvait pas être bloqué – avec les conséquences sociales qu on connait.
L actionnariat de NUMERICABLE n est déja pas français :
ALTICE, câblo-opérateur luxembourgeois détient 30 % des parts, devant la société Groupe CARLYLE, bastion du complexe militaro-industriel US avec 26 %, et la société britannique de capital-investissement CINVEN avec 18 %.
De plus, l actionnaire majoritaire d'ALTICE est NEXT Limited Partnership, une société écran à Guernesey (paradis fiscal anglais). Tout cela a plus les apparences de la spéculation que du projet industriel.
Patrick Drahi a renié en 2013 sa nationalité française, et il serait dommage que le deuxième opérateur de télécoms français change lui aussi de nationalité comme par enchantement…
Je crois qu'il faut surtout sortir les débats politiques des aspects purement économiques. Une société privée achète une autre société privée. Que l'état s'inquiète des conséquences financières et surtout de l'emploi, c'est évident, mais son interventionisme n'a pas lieu d'être. C'est à Vivendi de prendre en compte l'intérêt de ses salariés. Altice est un habitué des plans sociaux sévères et ses localisations multiples à l'étranger et paradis fiscaux font peur.
Il risque d'y avoir des lendemains difficiles si Numericable achete SFR, pour tout le monde, le client final aussi (bah oui, qui va payer les 10Md€ de dettes de la nouvelle société ?)
Quand à Bouygues, cette prise de position montre que cette entreprise est au bout du bout du bout du rouleau et cela s'explique..une entreprise sclérosée, qui grouille d'incompétents à haut niveau hiérarchique. Tout dans l'apparence et rien dans le fond! !! normal qu'à long terme ils ne tiennent plus le rythme...
Quand à Bouygues, cette prise de position montre que cette entreprise est au bout du bout du bout du rouleau et cela s'explique..une entreprise sclérosée, qui grouille d'incompétents à haut niveau hiérarchique. Tout dans l'apparence et rien dans le fond! !! normal qu'à long terme ils ne tiennent plus le rythme...
A moins de rançonner les clients, Bouygues ne rentrera jamais dans ses frais, sans même parler de bénéfices et s'il les rançonne, ils partiront. Ce deal démesuré (comme celui entre Numéricable et SFR) n'a aucune assise économique sérieuse. Ce qui est sûr c'est que les employés de SFR sont condamnés. Quel que soit le repreneur, il devra massacrer les coûts.
Xavier Niel est aux anges, ses concurrents sont en train de se mettre eux même la corde au cou et de se battre à qui aura les gueuses de plomb les plus lourdes au pieds..
Quant à s'appuyer sur Numericable, dont l'image est désastreuse (j'habite à Paris)...
Mais bon, "si j'en parle, c'est pour en causer..."; je ne suis (et ne serai) pas client de ces 2 entités.