Rachat de SFR : Bouygues surenchérit et offre 15 milliards en cash

Par Delphine Cuny  |   |  494  mots
Le groupe de Martin Bouygues a bien réussi à rassembler d'autres investisseurs, en plus de la Caisse des Dépôts, la famille Pinault et des Decaux : Axa, la famille Dassault, le fonds souverain de Singapour, un fonds de pension de l'Ontario et le fonds de private equity Reuben Brothers font partie de la nouvelle offre.
Le groupe de BTP a encore relevé son offre de rachat de la filiale de Vivendi en ajoutant 1,8 milliard en numéraire et ramenant à 10% du capital la participation résiduelle dans le nouvel ensemble fusionné. Vivendi, dont les négociations exclusives avec Numericable se terminent aujourd'hui, tient son conseil en fin de journée.

Bouygues avait prévenu qu'il travaillait à des améliorations de son offre de rachat de SFR. Et Vivendi savait bien que les propositions sur la table de son conseil de surveillance qui se réunit en fin de journée ne seraient pas celles des derniers jours. Le groupe de BTP augmente à nouveau la partie en cash de son offre, de 1,8 milliard pour atteindre 15 milliards d'euros, ramenant la partie en capital que Vivendi récupérerait de l'entité fusionnée SFR-Bouygues Telecom à 10% (contre 21,5% précédemment). A ce stade, c'est 3,25 milliards de plus que la dernière offre connue de son rival Altice, premier actionnaire de Numericable, qui est en négociations exclusives depuis trois semaines et jusqu'à aujourd'hui avec Vivendi.

Les Dassault, Axa et des fonds dans l'opération

Le groupe de Martin Bouygues a bien réussi à rassembler d'autres investisseurs : outre la Caisse des Dépôts, la famille Pinault et les Decaux, présents dans la précédente offre, le nouveau montage prévoit que Axa, la famille Dassault (GIMD), le fonds souverain de Singapour (GIC), un fonds de pension de l'Ontario et le fonds de private equity Reuben Brothers investiront au total 2,85 milliards d'euros dans l'opération. Bouygues apporterait de son côté 850 millions d'euros, en plus des actifs de Bouygues Telecom. Cette troisième offre de Bouygues, qui comprend toujours une clause de non-exécution (breakup fee) de 500 millions d'euros en cash de blocage réglementaire de l'opération, est valable jusqu'au 25 avril. Le financement de l'opération est « ferme avec une documentation définitive signée », précise le groupe. Bouygues renouvelle aussi son engagement de maintien de l'emploi sur 36 mois à compter de la signature de l'accord de rapprochement, sans condition restrictive.

> lire le communiqué de Bouygues

 

Vivendi voulait encore plus de cash

Or Vivendi demandait justement à Bouygues de creuser davantage l'écart en matière de cash, pour que son offre devienne presque « presque impossible à refuser. » Jean-René Fourtou n'avait-il pas déclaré que 15 milliards pour SFR ce n'était « pas assez » ? Bouygues propose 15 milliards en cash et 10% du capital valorisés 1 milliard (avant synergies), ainsi qu'un « complément de prix éventuel » de 500 millions (deux ans après l'introduction en Bourse du nouvel ensemble si sa capitalisation est supérieure à la valeur des fonds propres). Soit 16,5 milliards d'euros : on s'approche des 18 milliards de valorisation lors du rachat des 44% de Vodafone dans SFR par Vivendi, un prix « trop cher », un an avant l'arrivée fracassante de Free Mobile, selon Jean-René Fourtou.

Son rival Numericable se sent-il assez fort, assez favori pour laisser son offre en l'état ? L'avantage en termes de faisabilité, de durée du processus d'examen par l'Autorité de la concurrence, dont bénéficie le câblo-opérateur, continuera-t-il à faire pencher la balance en sa faveur ? No comment pour l'instant chez Numericable. La probabilité semble forte que son offre soit relevée d'ici à la fin de journée ou dans les jours qui viennent.