« Protéger les entreprises et les jobs existants serait une erreur » Macron

Par Delphine Cuny  |   |  575  mots
« Mon job n'est pas d'aider les entreprises établies mais de travailler pour les outsiders, les innovateurs » a déclaré le ministre de l'Economie et du Numérique.
Le ministre de l’Economie a défendu une France qui bouge et innove, un Etat qui aide les entrepreneurs et rompt avec la tradition française d’interventionnime, devant le public de la conférence LeWeb ce jeudi.

Un an après le passage fracassant d'Arnaud Montebourg, juste après l'affaire Dailymotion-Yahoo, à la conférence LeWeb, son successeur Emmanuel Macron est venu à son tour essuyer le feu roulant des questions de Loïc Le Meur et Grainne McCarthy, correspondante du Wall Street Journal, en anglais, devant un public pas forcément tout acquis. Le ministre de l'Economie a tenu un discours résolument pro-entreprise et pro-startup, prenant largement ses distances avec l'action et le verbe de son prédécesseur.

Interrogé sur la déclaration d'Arnaud Montebourg invitant à la prudence et à « aller lentement » avec l'innovation lorsque celle-ci « détruit des entreprises », en référence au débat sur Uber, Emmanuel Macron a pris le total contre-pied en assurant au contraire que «la France accélère » notamment avec l'initiative de la French Tech :

« Mon obsession, lorsque je regarde le CAC 40 aujourd'hui, est de créer le CAC 40 de dans dix ans et d'avoir des milliers de grandes entreprises qui puissent remplacer le CAC 40 actuel. Ce serait une grossière erreur de protéger les entreprises et les jobs existants. Il faut protéger les personnes, leur permettre de prendre des risques » a déclaré Emmanuel Macron ce jeudi à la conférence à LeWeb.

« Mon job n'est pas d'aider les entreprises établies mais de travailler pour les outsiders, les innovateurs » a même estimé le ministre, qui est aussi chargé du Numérique, dans un discours taillé sur mesure pour cet auditoire.


« Notre rôle n'est pas d'intervenir. Les créateurs de startups sont libres »

Interrogé sur le veto de son prédécesseur dans l'affaire Dailymotion, le ministre de l'Economie s'est là aussi démarqué :

« Le Président de la République François Hollande n'est pas intervenu lui-même » a-t-il d'abord noté. « Notre rôle n'est pas d'intervenir. Nous sommes actionnaires d'Orange mais nous ne sommes pas en position de leur dire ce qu'ils doivent faire », invitant à rompre avec cette « tradition d'interventionnisme. »

« Nous avons besoin d'une sortie. Il faut être pragmatique. Les créateurs de startups sont libres, ma préférence bien sûr est qu'ils restent travailler ici en France. »

Il a aussi invité les grands groupes à travailler davantage avec les startups, voire à les racheter, « il n'y a pas de raison que seules les entreprises américaines rachètent nos startups. »

Remercier Niel, Granjon, Simoncini

Il a insisté sur l'action de « la première génération de startuppers qui a réussi, Niel, Granjon, Simoncini et qui réinvestissent. Nous devons tous les remercier, ils sont un élément clé de l'écosystème. »


Sur un ton résolument volontariste, le locataire de Bercy a invité les investisseurs à venir en France : « il y a deux options, déplacer l'argent ou déplacer les gens, or il est plus facile de déplacer l'argent, et nous avons ici des gens bien formés et des jeunes de banlieue qui ont beaucoup d'énergie et d'envie de réussir par eux-mêmes », tout en rappelant les dispositifs d'aide (aux Jeunes entreprises innovantes, crédit d'impôt recherche) « parmi les meilleurs» du monde.

Il a conclu en appelant à lui envoyer un email de suggestions pour améliorer la situation des créateurs de startups en France (sur une adresse Gmail emmanuelmacron3@gmail.com). Et, pressé par un membre de l'auditoire, il a concédé à lancer un slogan à la François Guizot 2.0, « Français, réussissez et enrichissez-vous !»

> Revoir l'intervention d'Emmanuel Macron