Qui soutient Charlie Hebdo ?

Par Cécile Auguste (avec AFP)  |   |  952  mots
Des soutiens financiers affluent en direction de "Charlie Hebdo".
Le prochain numéro de Charlie Hebdo sera en kiosque mercredi prochain, en dépit de l'attentat meurtrier. Pour sauver l'hebdomadaire, des dons affluent de toutes parts. Tour d'horizon des soutiens financiers en direction du journal satirique.

"On va continuer, on a décidé de sortir la semaine prochaine. On est tous d'accord", tel était le mot d'ordre de Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie Hebdo au lendemain de l'attentat meurtrier commis contre le journal satirique qui a coûté la vie à douze personnes mercredi. Malgré les circonstances, un "numéro des survivants" de 8 pages, au lieu de 16 pages, verra donc le jour mercredi prochain.

Et l'équipe compte bien le faire savoir haut et fort. Ce numéro va être tiré à un million d'exemplaires, contre 60.000 habituellement, a déclaré jeudi à l'AFP l'avocat de Charlie Hebdo, Richard Malka. Depuis cette annonce, institutions et organismes multiplient les aides sous forme de dons, d'abonnements ou d'appui matériel pour sauver l'hebdomadaire satirique.

Les médias français se serrent les coudes

A commencer par Libération qui a accueilli ce vendredi matin l'équipe rescapée de Charlie Hebdo. La rédaction offre de les héberger dans les locaux rue Béranger "tant qu'ils en auront besoin". Le quotidien l'avait notamment fait en 2011 après l'incendie des locaux de l'hebdomadaire, visés par un cocktail Molotov.

A l'instar de Libération, France Télévisions, Radio France, Le Monde et la plupart des grands médias hexagonaux ont également offert leur aide: annoncé dans un communiqué signé par les patrons des trois groupes, ils souhaitent "mettre à disposition de Charlie Hebdo et ses équipes l'ensemble de leurs moyens humains et matériels pour que le journal continue à vivre".

Presstalis et Google viennent en aide

Du côté des éditeurs de presse, l'élan de solidarité est tout aussi général. Le distributeur de journaux Presstalis a décidé de ne prendre aucune commission sur la diffusion du prochain Charlie Hebdo, a rapporté Les Echos. Le quotidien précise aussi que "250.000 euros seraient prélevés du fonds "Presse et pluralisme" géré par les éditeurs de presse français, un fonds provenant de la défiscalisation de dons de particuliers". Les éditeurs de presse ont également convaincu Google de débloquer entre 200.000 et 300.000 euros, argent issu du fonds "innovation numérique de la presse", selon Le Figaro. Ce fonds Google destiné à financer les projets novateurs dans les médias français.

Fleur Pellerin va débloquer des fonds en urgence

La ministre de la Culture, Fleur Pellerin a, quant à elle, annoncé jeudi sur France 5 qu'elle comptait également "débloquer en urgence" environ un million d'euros pour Charlie Hebdo, afin "d'assurer sa pérennité". La ministre fait travailler actuellement ses équipes "pour changer les textes", afin que le journal puisse bénéficier d'aides structurelles. Des aides auxquelles un hebdomadaire satirique n'a pas le droit n'étant pas reconnu comme une "publication d'information politique et générale", selon les règles actuelles des aides de la presse, a-t-elle précisé à l'AFP.

Le Guardian apporte son soutien

La première aide venant pour le moment d'une publication étrangère est en provenance du Guardian. Le propriétaire du célèbre quotidien britannique, a décidé de verser à Charlie Hebdo 100.000 livres sterling, soit 128.000 euros. Le caricaturiste du Guardian, Martin Rowson, a également proposé d'offrir à l'hebdomadaire un dessin pour son prochain numéro, qui sera tiré à 1 million d'exemplaires.

eBay versera le montant de ses commissions

Autre conséquence suite à la tragédie : les offres de vente du dernier exemplaire de Charlie Hebdo, introuvable en kiosque dès mercredi, ont atteint jeudi sur le web des montants exorbitants. Un business bien particulier qui n'a pas échappé au site de vente aux enchères en ligne eBay. Selon l'AFP, le site "se réserve le droit de retirer toute annonce en contradiction avec ses règlements". eBay invite aussi les vendeurs souhaitant reverser les fonds à une association caritative à se rapprocher du site.

"En France, nous donnerons à Charlie Hebdo les éventuelles commissions perçues par eBay sur les ventes de magazines et produits de Charlie Hebdo liées à cette tragédie", ajoute la société dans son communiqué de presse.

Les institutions et les stars s'abonnent

L'hebdomadaire comptait jusqu'à présent 10.000 abonnés. Mais depuis le drame, la plateforme de ventes de magazines a comptabilisé près de 13.000 abonnements à Charlie Hebdo en deux jours. Résultat : le nombre d'abonnés a plus que doublé depuis mercredi. Et parmi les nouveaux abonnés, de nombreuses institutions. La Banque publique d'investissement Bpifrance a décidé de prendre 50 abonnements, tout comme le ministère de la Culture. La Caisse des dépôts a également déclaré avoir abonné ses directions et l'ensemble de ses représentations régionales.

Outre les institutions, quelques stars du cinéma et/ou de la politique affichent leur solidarité à l'étranger. L'ancien gouverneur de Californie (et acteur de cinéma) Arnold Schwarzenegger a ainsi affirmé sur Twitter qu'il avait pris, via Amazon, un abonnement à Charlie Hebdo.

"Je suis au côté du peuple de France contre la terreur et je veux envoyer un message, voilà pourquoi je m'abonne. Vous devriez faire de même."

Exit la faillite

Avant l'attentat et ce soutien massif, Charlie Hebdo était au bord de la faillite et craignait de disparaître, faute de ventes suffisantes. Vendu à seulement 30.000 exemplaires, le journal avait besoin d'atteindre les 35.000 pour être à l'équilibre, avait expliqué Charb à l'AFP. Un appel aux dons avait été lancé en novembre mais n'avait recueilli que quelques dizaines de milliers d'euros en fin d'année. Or, il visait 1 million d'euros.