Paris, ville modèle du très haut débit Internet selon Obama

Par Delphine Cuny  |   |  705  mots
Barack Obama a tenu son discours à Cedar Falls, petite ville de l'Iowa, qui a déployé son propre réseau de fibre optique.
Le président américain veut faciliter la création de réseaux publics de fibre optique dans les villes où il n’y a pas assez de concurrence. Il a cité la capitale avec Hong Kong et Tokyo comme ayant les réseaux les plus rapides au monde.

Pendant que Fox News se livre au « French bashing » le plus caricatural en dépeignant des quartiers de la capitale comme ressemblant à des rues de Badgad où règnerait la Charia, Barack Obama, lui, cite Paris en exemple. En déplacement dans l'Iowa, dans le Midwest, le président américain a mentionné la Ville Lumière comme l'une des grandes métropoles ayant un des réseaux Internet les plus rapides au monde, aux côtés de grandes villes asiatiques.

Il souhaiterait que d'autres municipalités américaines s'inspirent de la ville de Cedar Falls, où il a prononcé un discours sur le très haut débit, et qui a déployé son propre réseau municipal offrant une vitesse de 1 Gigabit par seconde (soit 1.000 Mégabits/s). Car le président américain estime qu'il n'y a pas assez de concurrence aux Etats-Unis entre fournisseurs d'accès à Internet.

« Aujourd'hui, Cedar Falls est la première Gigabit City de l'Iowa. Cela veut dire que votre réseau est aussi rapide que certains des meilleurs au monde. Il y a Hong Kong, Tokyo, Paris, Cedar Falls » a déclaré Barack Obama mercredi, entouré de bobines de fibre optique.

Paris 4e pour la rapport qualité prix du très haut débit

Paris peut-il vraiment s'enorgueillir d'être une « Gigabit City » ? Ce débit est bien officiellement disponible « sur le papier. » Free propose « jusqu'à 1 Gigabit/seconde » sur son site pour les foyers éligibles, SFR aussi, mais la plupart des opérateurs français indiquent de façon plus réaliste jusqu'à 200 ou 500 Mégas (il s'agit du maximum atteignable, en débit descendant), à un tarif accessible, proche de l'ADSL, entre 35 et 45 euros.

Obama s'appuie sur une étude de la New America Foundation parue en octobre dernier sur le coût de la connectivité, comparant 24 métropoles dans le monde. Paris apparaissait comme l'une des villes au débit le plus élevé, à la onzième place, juste derrière Zurich et Bucarest en Europe, devant Amsterdam, et loin devant Berlin ou Londres. En revanche, elle arrivait au quatrième rang, derrière trois villes asiatiques, en termes de rapport qualité-prix pour 1 Gigabit, de « meilleure affaire sous 40 dollars. » Un graphique repris par la Maison Blanche pour justifier les mesures proposées par Obama afin de faciliter le développement de réseaux municipaux de fibre optique, là où les opérateurs privés renâclent à investir. Car aux Etats-Unis, l'Internet est cher, faute de concurrence, et pas toujours très rapide.

Les collectivités locales à la rescousse

Petite ville de 40.000 habitants, Cedar Falls a décidé, à l'issue d'un référendum, de construire un réseau à haut débit dans les années 2000 puis de déployer de la fibre optique il y a quelques années. 80% des foyers seraient abonnés au réseau municipal de l'entreprise Cedar Falls Utilities, mais la majorité aurait opté pour un abonnement à 45,50 dollars pour 50 Mégabits (en débit descendant pour télécharger, 25 Mégas en débit ascendant pour envoyer un fichier), plutôt que le forfait haut de gamme à 1 Giga pour 135 dollars... Ce prix très élevé correspond cependant au tarif moyen payé par les ménages américains auprès de leur câblo-opérateur pour du haut débit loin de 1 Giga. A Kansas City et Austin, Google Fiber propose d'ailleurs sa fibre 1 Giga pour 120 dollars par mois hors taxes (TV et Internet sans téléphonie), en s'engageant deux ans.

En France aussi, dans les zones jugées peu rentables - ce qui n'est pas le cas de Paris - où les opérateurs privés n'ont pas prévu d'investir, des collectivités locales se sont mobilisées pour déployer des réseaux d'initiative publique (RIP). C'est l'un des piliers du plan France Très haut débit. Sans calquer le modèle, Barack Obama voudrait permettre aux collectivités américaines qui le souhaitent de pouvoir construire leur propre réseau à très haut débit si l'offre disponible n'est pas satisfaisante. Des mesures qu'il devrait évoquer mardi prochain lors de son discours sur l'etat de l'Union. Les Républicains hurlent déjà au risque de gaspillage d'argent public...