Bolloré étend l'empire de Vivendi dans les contenus

Par Pierre Manière  |   |  691  mots
Après avoir intégré Canal+, Vincent Bolloré, à la tête de Vivendi, pourrait bien passer à l'offensive dans les télécoms pour diffuser ses contenus.
En mettant la main sur les Studios de Boulogne (Les vacances de monsieur Hulot, Touchez pas au grisbi), le groupe de Vincent Bolloré, qui vient d’intégrer Canal au prix d’un vaste remaniement, affiche son appétit pour les contenus. Tout en misant sur une large diffusion à l’international pour doper sa croissance...

Vivendi ne perd décidément pas son temps. Le groupe de communication et de divertissement poursuit sa transformation. Et cela passe d'abord par un renforcement dans les contenus et les médias. Ce vendredi, le géant du divertissement a annoncé l'acquisition des Studios de Boulogne. Ces studios prestigieux ont vu le jour au début des années 1940. Ils furent d'abord dédiés à la production de films (dont des classiques comme Les vacances de monsieur Hulot ou Touchez pas au grisbi), avant de se consacrer, en 2000, à la réalisation de téléfilms et d'émissions de télévision.

Dans son communiqué, Vivendi justifie cette acquisition à travers sa « volonté industrielle » d'offrir au Groupe Canal+ « les moyens financiers et techniques de son développement » :

« Elle lui assure une plus grande maîtrise de ses moyens de production, lui permettant de créer et de distribuer encore plus de contenus. »

En d'autres termes, Vivendi confirme que l'élargissement de son offre de programmes est devenu sa priorité numéro un. Pour mémoire, le 2 septembre, le groupe a affirmé être entré « en négociations exclusives » pour devenir un « partenaire minoritaire du futur troisième groupe mondial de création de programmes de flux qui résultera du rapprochement entre Banijay et Zodiac ». Ces deux groupes rassemblent plusieurs sociétés de production, à qui l'on doit notamment « Touche pas à mon poste », présenté par Cyril Hanouna sur D8, ou « Fort Boyard ».

En parallèle de la multiplication des contenus, Vivendi souhaite les internationaliser pour gagner de nouveaux abonnés. C'est une des raisons pour laquelle son chef de file, Vincent Bolloré, a souhaité reprendre la main sur Canal +, en chambardant son organigramme et en prenant la tête de son conseil de surveillance. Pour lui, pas question de voir la chaîne cryptée, pourtant historiquement frondeuse et attachée à son indépendance, demeurer un électron libre. Intégrés dans Vivendi et au service du groupe, ses contenus ont donc vocation à être diffusés hors des frontières de l'Hexagone. Et tant pis si cela doit passer par une mise au pas.

PPD mis à pied

Trop franchouillarde, trop franco-française... PPD, la mythique marionnette de Patrick Poivre d'Arvor a ainsi fait les frais de cette reprise en main sans concession. Même si celle-ci ne disparaîtra peut être pas complètement, reste qu'elle ne sera plus présente à chaque édition. Confirmant la vision de Vincent Bolloré, l'imitateur Yves Lecoq, qui prête sa voix à PPD depuis ses débuts, a ainsi affirmé à l'AFP que son émission « ne sera plus un JT », et sera « plus tourné vers l'international ».

Les Guignols ne sont bien évidemment pas les seuls concernés par cette réorientation stratégique. Au mois de juillet, Maxime Saada, le nouveau DG de la chaîne cryptée l'a souligné au Figaro :

« Canal + ne se cantonne plus à l'Hexagone ou même à l'Europe, mais a vocation à rayonner dans le monde entier. »

Une semaine avant, le groupe avait dégainé quatre nouvelles chaines dédiées au sport pour renforcer son offre en Afrique subsaharienne, pour y diffuser la Ligue 1, la Ligue des champions ou encore la Formule 1.

Les télécoms en ligne de mire ?

Côté diffusion, le groupe ne compte pas s'arrêter en si bon chemin. La semaine dernière, Vivendi a augmenté sa participation dans la plateforme de vidéos Dailymotion, à hauteur de 90%. Mais aux yeux de plusieurs analystes, le groupe pourrait surtout, d'ici peu, miser davantage sur les télécoms. Cette semaine, il a d'ailleurs une nouvelle fois grimpé au capital de Telecom Italia, dont il détient désormais près de 15,5%...

D'une certaine manière, Vincent Bolloré semble s'être converti à la même logique que celle de Patrick Drahi. Après avoir mis la main sur NextRadioTV (BFM-TV et RMC) cet été, le patron d'Altice, maison-mère de Numericable-SFR, a clairement élevé la convergence entre les contenus et les contenants (les tuyaux des télécoms) au rang de stratégie industrielle. Avec 9 milliards d'euros de liquidités en poche, Vivendi dispose de gros moyens pour financer sa mue...