François Fillon, le "monsieur libéralisation" des télécoms françaises

Par Pierre Manière  |   |  427  mots
François Fillon a été ministre en charge des télécoms de 1995 à 1997.
En tête au terme du premier tour des primaires de la droite et du centre, l'ancien Premier ministre est connaisseur du monde des tuyaux. C'est lui qui, il y a 20 ans, a piloté de processus de libéralisation du secteur. Avant, en 2012, de permettre à Free de lancer ses offres de téléphonie mobile à bas pris en France.

Les télécoms, il s'en est beaucoup occupé. Si François Fillon, qui a viré en tête au terme du premier tour des primaires de la droite et du centre, devait un jour s'installer au Château, c'est un connaisseur du secteur qui serait alors aux manettes du pays. L'ex-Premier ministre de Nicolas Sarkozy était en effet ministre en charge des télécoms de 1995 à 1997. Une période charnière pour le secteur, puisque c'est à ce moment que la France a préparé l'ouverture du marché à la concurrence, en mettant fin au monopole de France Télécom (Orange aujourd'hui). Ce qui s'est finalement produit en 1998, conformément aux directives adoptées par l'Union européenne.

Cela ne s'est pas fait sans difficultés et débats enflammés. En équilibriste, François Fillon a préparé ce big bang du secteur tout en faisant face aux sifflets des syndicats de France Télécom, très attachés à la notion de service public. Ceux-ci qui voyaient d'un mauvais œil l'arrivée d'investisseurs privés chez eux. "La concurrence n'est pas, bien au contraire, l'ennemi du service public", a ainsi déclaré le candidat à la primaire de la droite et du centre en 1995, comme le rapportait L'Humanité.

Free lui doit sa licence

Plus de dix ans plus tard, François Fillon va jouer un rôle important pour l'avenir des télécoms françaises. A l'été 2009, Nicolas Sarkozy, président de la République, était contre l'arrivée d'un quatrième opérateur en France. Ce n'était pas le cas de François Fillon, alors Premier ministre, qui a fait son possible pour lancer l'appel à la candidature pour la quatrième licence 3G, qui sera - au grand dam de Martin Bouygues - in fine accordée à l'opérateur Free de Xavier Niel. En 2010, ce dernier avait confié au Canard Enchaîné une anecdote croustillante sur la manière dont il s'est appuyé sur François Fillon :

"Fillon a fait adopter le texte en Conseil des ministres en vitesse pendant que Sarko était sorti répondre à un appel ! Et il a signé le décret en profitant de son malaise vagal", a précisé le chef de file de l'opérateur low-cost.

Cet "héritage", François Fillon n'en est pas peu fier. Dans un tweet dégainé fin septembre, il s'en est servi pour se positionner en défenseur du pouvoir d'achat. "J'ai peut-être fait perdre de l'argent aux opérateurs, mais j'en ai fait gagner aux consommateurs", s'est-il vanté.