Cette nouvelle infrastructure va encore renforcer la position stratégique de Marseille en tant que carrefour pour les communications en Europe. Ce lundi matin, la cité phocéenne a accueilli un nouveau câble sous-marin. Baptisé SEA-ME-WE 6, celui-ci a « atterri », comme on dit dans le jargon des télécoms, à Marseille. C'est-à-dire que la première partie de cette artère de fibre optique, qui reliera la France à Singapour d'ici à la fin 2025, a été installée. C'est Orange, le numéro un français des télécoms, qui chapeautait l'opération. L'opérateur a accueilli ce câble « dans ses infrastructures sécurisées », précise-t-il dans un communiqué, afin de donner accès « de manière neutre à l'ensemble des centres de données » de Marseille.
Un navire de l'américain TE Subcom, en charge du déploiement du câble, a tiré un premier tronçon dans les eaux territoriales françaises. Cette même société va, dans la foulée, poser la première partie de cette infrastructure, longue de 3.000 kilomètres, vers l'Egypte. Ce câble passera ensuite par l'Arabie Saoudite, l'Ethiopie, le Pakistan, l'Inde ou encore la Birmanie, pour rallier Singapour. D'une longueur totale de 21.500 kilomètres, le Sea-Me-We 6 va disposer d'une énorme capacité de plus de 130 Tb/s.
Nouvelle solution de connectivité
A la tête des réseaux internationaux d'Orange, Jean-Louis Roux ne cache pas sa satisfaction de voir ce projet prendre forme. « Nous nous réjouissons de l'arrivée de cette nouvelle route qui offrira une nouvelle solution de connectivité très haut débit performante entre la France et l'Asie, mais aussi un meilleur débit vers nos sites de l'océan indien, affirme-t-il. Au-delà, ce nouveau câble nous permettra d'accompagner dans le temps les besoins grandissants de nos clients sur cette route stratégique. »
Ce câble illustre, au passage, les tensions entre les Etats-Unis et la Chine. Et pour cause, cette infrastructure, d'un coût global d'environ 800 millions d'euros selon nos informations, est financée par un consortium d'opérateurs et de géants du numérique. Outre Orange, on y retrouve l'indien Bharti Airtel, Djibouti Telecom, Sri Lanka Telecom ou encore Telecom Egypt. Les Américains sont aussi présents à travers Microsoft, mais aussi celui qui est donc en charge du déploiement de l'infrastructure, TE Subcom.
Le fait que ce dernier a été choisi a suscité la colère de la Chine. Initialement, les trois grands opérateurs chinois - à savoir China Mobile, China Telecom, et China Unicom - devaient participer au financement du Sea-Me-We 6. Mais les deux derniers ont finalement annoncé, en février 2023, leur retrait du projet.
Bras de fer entre les Etats-Unis et la Chine
Aujourd'hui, les Etats-Unis et la Chine livrent une féroce bataille pour contrôler les câbles sous-marins, où transitent l'écrasante majorité des communications intercontinentales. Les géants américains du Net, soutenus par Washington, considèrent ces artères comme stratégiques pour abreuver la planète de leurs services numériques. Pékin, de son côté, juge ces infrastructures essentielles pour soutenir ses « nouvelles routes de la soie », ces corridors logistiques visant à écouler ses marchandises en Europe et en Afrique.
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