Giroptic, pionnier des caméras 360°, met la clé sous la porte

Par Anaïs Cherif  |   |  503  mots
La startup lilloise Giroptic développait des caméras permettant de filmer à 360° en haute définition. (Crédits : Giroptic)
La startup lilloise, créée il y a dix ans, a annoncé sa fermeture lundi. Pourtant pionnier sur le marché concurrentiel des caméras filmant à 360 degrés, Giroptic a été handicapé par les retards de production lors de son lancement. L'année dernière, malgré un gros coup de pub de la part de Facebook, la jeune pousse a écoulé seulement 20.000 modèles.

Clap de fin pour Giroptic. La startup lilloise, qui développait des caméras 360°, a annoncé lundi sa fermeture sur son site internet. "C'est dur de dire au revoir", écrit Richard Ollier, fondateur de la jeune pousse. "L'aventure a commencé en 2008, avec l'envie de démocratiser les vidéos 360 - à une époque où presque personne n'avait déjà vu une image 360°", poursuit-il. Créée au sein de l'incubateur lillois, EuraTechnologies, Giroptic comptait 45 salariés.

La jeune pousse s'était fait connaître du grand public en 2014 grâce à une campagne de crowdfunding sur Kickstarter. Giroptic avait récolté 1,4 million de dollars en 45 jours - un record alors pour une entreprise française. Mais la startup, qui comptait seulement 10 employés, n'était pas prête pour un tel engouement. Alors que le prototype était finalisé, l'entreprise rencontre des problèmes de production. Son premier modèle, 360cam, était promis pour les fêtes de fin d'années en 2014 à un prix de 499 dollars (environ 400 euros). Ils ne seront livrés qu'en... avril 2016 ! La caméra française se retrouve sur un marché très concurrentiel, face à des mastodontes comme Samsung ou encore LG.

Bataille judiciaire contre la maison-mère de Decathlon

En parallèle, Giroptic se heurte à une nouvelle embûche. Elle fait l'objet d'un conflit judiciaire face à Geonaute, filiale d'Oxylane, maison-mère de Decathlon. Cette dernière reprochait à la jeune pousse de se concentrer sur le développement de ses propres produits, alors qu'elle devait fournir une caméra à vocation sportive pour le groupe Decathlon. Le conflit s'est soldé à l'amiable en janvier 2015.

Cette même année, l'entreprise poursuit son développement avec l'ouverture d'un bureau à San Francisco et une levée de fonds de 4,5 millions de dollars. Parmi les investisseurs, figurent Partech ventures, 360 capital, Pascal Cagni (l'ancien patron d'Apple en Europe et directeur général du fonds londonien C4 Ventures), SOS Venture, Oleg Tscheltzoff (Pdg de Fotolia) et le chanteur Aloe Blacc.

20.000 modèles écoulés en 2017

L'entreprise lilloise développe en décembre 2016 un nouveau format, baptisé Giroptic iO. Cette mini-caméra pouvait se clipser sur les iPhone et les iPad. Après avoir été plébiscité par Apple, Facebook s'y met. Le réseau social a distribué 4.500 caméras Giroptic en avril dernier, lors de sa conférence annuelle pour les développeurs à San José (San Francisco). Même l'astronaute Thomas Pesquet fait de la pub pour la jeune pousse, en amenant un de leur modèle dans l'espace. Insuffisant. En 2017, Giroptic a écoulé seulement 20.000 modèles dans le monde.

"Malheureusement, dans ce marché émergent, cela n'était pas suffisant pour construire une entreprise durable dans le temps, assure Richard Ollier sur le site internet de sa marque. "Durant les 8 derniers mois, nous avons essayé de trouver une nouvelle place pour notre technologie. Nous étions sur le point de conclure un accord avec un grand fabricant de smartphones - ce qui nous aurait aidé à grandir et à nous déployer. Mais à la dernière minute, cela ne s'est pas fait."