Deepfake : pourquoi l'application virale Zao inquiète en Chine ?

Par Anaïs Cherif  |   |  454  mots
(Crédits : Reuters)
En un week-end, l'application Zao est devenue la plus téléchargée en Chine. Elle permet d'insérer le visage de l'utilisateur dans une séquence vidéo connue (film, série, clip...) en moins de huit secondes. Si l'application est devenue populaire en un rien de temps, elle a aussi soulevé des craintes quant au respect de la vie privée.

Jouer les stars en se prenant pour Leonardo Di Caprio, Marilyn Monroe et Jon Snow en un claquement de doigt... C'est ce que propose l'application chinoise Zao. En prenant des selfies, elle permet d'insérer le visage de l'utilisateur dans la séquence vidéo de son choix : extraits de séries, de films, séquences sportives, clips vidéo... En moins de huit secondes, le tour est joué et le réalisme est bluffant. Le résultat est tellement réaliste qu'il s'apparente à des "deep fake", contraction de "deep learning" (apprentissage profond, une forme d'intelligence artificielle) et fake (faux, en anglais). Une fois la vidéo trafiquée, l'application permet de partager les séquences avec ses amis.

Disponible en Chine depuis le vendredi 30 août sur iOS, système d'exploitation d'Apple, Zao est immédiatement devenu viral. En un week-end seulement, l'application est devenue la plus téléchargée en Chine. A tel point que les serveurs de l'entreprise Momo, à l'origine de l'application, ont failli planté dû à une hausse soudaine du trafic, rapporte Reuters.

Craintes quant au respect de la vie privée

Si l'application est devenue populaire en un rien de temps, elle a soulevé des craintes quant au respect de la vie privée. Lors du lancement, les conditions d'utilisation de Zao précisaient que l'application disposait de "droits gratuits, irrévocables et permanents" sur l'intégralité des contenus générés via son logiciel, rapporte Bloomberg. Conséquence : l'entreprise Momo pouvait les utiliser à sa guise, sans en informer les utilisateurs.

Cela a provoqué la grogne de nombreux utilisateurs sur l'App Store, le magasin d'applications d'Apple. Face à la polémique, l'entreprise Momo a communiqué sur le réseau social chinois Weibo, rapporte toujours Bloomberg. "Nous comprenons l'inquiétude [des internautes] à propos du respect de la vie privée. Nous avons pris connaissance des commentaires et réglerons les problèmes que nous n'avons pas pris en compte", a-t-elle justifié. Dans la foulée, l'entreprise Momo a modifié ses conditions d'utilisation. Elle affirme que les séquences des utilisateurs permettront d'améliorer son logiciel et ce, avec l'autorisation de ces derniers. Enfin, si les utilisateurs suppriment les vidéos générées, alors elles seront aussi effacées des serveurs de l'entreprise Momo. En juillet dernier, l'application russe FaceApp - qui permet de vieillir le visage de ses utilisateurs - avait provoqué des craintes similaires.