Interdiction de TikTok : les États-Unis jugent « ironique » la réaction de la Chine au vu de la censure pratiqué par le régime

Par latribune.fr  |   |  644  mots
L'ambassadeur des États-Unis en Chine, Nicholas Burns, a jugé ironique la position de la Chine sur l'interdiction potentielle de TikTok sur le sol américain (photo d'illustration) (Crédits : DADO RUVIC)
L'ambassadeur des Etats-Unis en Chine a jugé ce vendredi « extrêmement ironique » la position de Pékin sur l'interdiction potentielle de TikTok sur le sol américain, étant donné la censure pratiquée par le Parti communiste chinois. Mercredi, la Chambre américaine des représentants a, en effet, adopté un texte contraindrait l'application à couper les ponts avec sa maison mère chinoise ByteDance, sous peine d'interdiction.

« ironique ». C'est ainsi que les Etats-Unis ont qualifié la position de la Chine sur l'interdiction potentielle de TikTok sur le sol américain. L'ambassadeur des États-Unis en Chine, Nicholas Burns, l'a, ainsi, jugée contradictoire, ce vendredi, étant donné la censure pratiquée par le Parti communiste chinois.

Des propos qui font suite à la réaction de Pékin à l'adoption d'un texte, par la Chambre américaine des représentants mercredi, qui contraindrait la populaire application de vidéos à couper les ponts avec sa maison mère chinoise ByteDance, sous peine d'interdiction aux États-Unis. La Chine a ainsi jeudi les législateurs américains de vouloir contribuer à voler le fruit du travail d'une société chinoise. Elle a dénoncé les « pressions destinées à écarter injustement des entreprises étrangères ». Un porte-parole de la diplomatie chinoise a évoqué des « méthodes de voyou ».

« Je trouve extrêmement ironique que des représentants du gouvernement chinois (...) aient critiqué les Etats-Unis à propos du débat que nous avons actuellement sur TikTok », a réagi Nicholas Burns lors d'une discussion en ligne organisée par le East-West Center, un organisme de recherche dont le siège se trouve aux Etats-Unis. « Ils ne veulent même pas que TikTok soit accessible aux 1,4 milliard de Chinois », a-t-il déclaré.

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Pékin contre-attaque

La Chine contrôle, en effet, étroitement la diffusion des informations en ligne et oblige les réseaux sociaux chinois à supprimer les contenus qu'il juge politiquement sensibles. De nombreux sites étrangers comme Google, Facebook, YouTube ou Instagram y sont rendus inaccessibles, même si ce blocage peut être contourné par un réseau privé virtuel (VPN).

Pékin n'a alors pas manqué de tourner en dérision les commentaires de l'ambassadeur américain. « Un pays (les Etats-Unis, ndlr) qui (...) se présente comme une économie de marché utilise la puissance de l'Etat pour écarter certaines entreprises, c'est ça l'ironie », a commenté Wang Wenbin, un porte-parole de la diplomatie chinoise.

Des voix s'élèvent contre le projet de loi

TikTok est depuis plusieurs mois dans le collimateur des autorités américaines qui estiment que l'application de vidéos courtes permet potentiellement au gouvernement chinois d'espionner et de manipuler les citoyens américains. Des allégations qui n'ont pas été démontrées et qui sont fermement démenties par TikTok et ByteDance.

Mais le sort du projet de loi américain est, pour l'heure, encore incertain au Sénat, où des personnalités de premier plan s'opposent à une mesure aussi radicale à l'encontre d'une application extrêmement populaire, notamment auprès des jeunes. De son côté, le président américain Joe Biden a déclaré qu'en cas d'adoption au Sénat, il promulguerait le texte.

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Plusieurs pays ont restreint son utilisation

En 2020 déjà, l'application avait déjà été menacée d'interdiction par Donald Trump, qui l'accusait d'espionnage. Le réseau social avait alors admis, après un article du site BuzzFeed, que des employés basés en Chine avaient eu accès à des données relatives à des utilisateurs américains, mais s'était défendu de les avoir transmises au Parti communiste chinois.

La même année, TikTok a été interdit en Inde, après des affrontements meurtriers à la frontière avec la Chine. Puis, en mars 2023, le Parlement britannique l'a banni de tous les appareils et de son réseau, emboîtant le pas à une mesure prise une semaine plus tôt par le gouvernement britannique.

La même année, le gouvernement fédéral des Etats-Unis et la Commission européenne ont interdit le téléchargement et l'utilisation de TikTok sur les appareils professionnels de leurs employés.

(Avec AFP)