L'émissaire américain pour le climat exhorte la Chine à accélérer sa sortie du charbon

La Chine doit accélérer sa sortie du charbon, a estimé jeudi le nouvel émissaire américain pour le climat John Podesta, en visite au Japon, exhortant Pékin à prendre davantage ses responsabilités par rapport au réchauffement climatique.
La Chine pourrait en effet ne pas atteindre ses principaux objectifs climatiques à l'horizon 2025, sa dépendance aux énergies fossiles augmentant pour soutenir son économie faiblissante.
La Chine pourrait en effet ne pas atteindre ses principaux objectifs climatiques à l'horizon 2025, sa dépendance aux énergies fossiles augmentant pour soutenir son économie faiblissante. (Crédits : Sheng Li / Reuters)

En visite au Japon, le nouvel émissaire américain pour le climat a sermonné la Chine.

« La Chine est de loin le plus gros émetteur de gaz à effet de serre au monde. Elle doit prendre ses responsabilités sérieusement » pour décarboner son secteur énergétique, comme les États-Unis le font, a déclaré John Podesta, le successeur de John Kerry, en visite au Japon lors d'une conférence organisée à Tokyo par la Sasakawa Peace Foundation. Le géant asiatique a encore « trop » de centrales à charbon en fonctionnement « par rapport à ses besoins, et trop par rapport à ce qui est bon pour la santé de la planète », a-t-il ajouté. « Nous espérons que leur sortie du charbon sera un peu plus rapide que leur calendrier actuel. »

Dans le même temps, l'émissaire a loué l'accord négocié par son prédécesseur John Kerry avec Pékin en novembre dernier sur une coopération plus étroite sur le climat entre les États-Unis et la Chine. Il a aussi approuvé l'attitude constructive de la Chine lors de la COP28 à Dubaï en décembre, où un compromis historique a été trouvé au niveau mondial pour abandonner progressivement les énergies fossiles. Il est « important de maintenir le dialogue et d'essayer de trouver un terrain d'entente », a-t-il encore insisté, relevant que la Chine était aussi le pays où les énergies renouvelables se déploient le plus vite au monde.

La Chine pourrait en effet ne pas atteindre ses principaux objectifs climatiques à l'horizon 2025

La Chine pourrait en effet ne pas atteindre ses principaux objectifs climatiques à l'horizon 2025, sa dépendance aux énergies fossiles augmentant pour soutenir son économie faiblissante, selon un rapport du Centre de recherche sur l'énergie et l'air propre (Crea), un groupe indépendant basé en Finlande. Les émissions de carbone de l'industrie électrique chinoise ont augmenté de 5,2% l'année dernière, à une période où Pékin brûlait davantage de charbon pour répondre à la demande croissante d'électricité, indique le rapport publié sur le site Internet Carbon Brief.

Les conditions météorologiques défavorables ont aussi aggravé le problème. Une série de sécheresses a abaissé la production d'énergie hydroélectrique à son plus bas niveau depuis plus de deux décennies. En conséquence, Pékin doit parvenir à une « baisse record » de 4% à 6% de ses émissions pour atteindre son objectif déclaré d'intensité carbone pour 2025, estiment les chercheurs du Crea. La Chine pourrait cependant encore atteindre certains de ses objectifs l'année prochaine si elle poursuit l'installation de capacité d'énergie renouvelable, qui a atteint un record l'année dernière, ajoute le rapport.

Lire aussiClimat : la Chine pourrait rater ses principaux objectifs à l'horizon 2025

John Podesta a aussi appelé le Japon à accélérer dans les énergies renouvelables, tout en convenant que l'archipel nippon a des « défis en matière de sécurité énergétique qui sont différents » de ceux des États-Unis. « Mais à un moment donné, des ressources propres doivent remplacer les énergies fossiles » pour arriver à l'objectif de la neutralité carbone, a-t-il rappelé.

John Podesta, un vieux routier de la politique américaine

John Podesta, 75 ans, était jusqu'ici notamment chargé de veiller à la mise en œuvre d'un énorme programme d'investissement dans la transition énergétique de Joe Biden (« Inflation Reduction Act »). Il « doit mener les Etats-Unis dans un sprint pour mettre fin au développement du gaz et du pétrole », a réclamé dans un communiqué le Center for Biological Diversity, une association de défense de l'environnement. Le nouvel émissaire pour le climat est un vieux routier de la politique américaine, peu connu du grand public mais qui a enchaîné les missions politiques les plus délicates. Il a notamment été un très proche conseiller de l'ancien président Bill Clinton au moment du scandale Monica Lewinsky. John Podesta a également été un haut conseiller du président démocrate Barack Obama, et il est le fondateur du « Center for American Progress », un centre de réflexion.

Les sociétés cotées à Wall Street vont être obligées de communiquer des données sur leurs émissions de gaz à effet de serre

Les sociétés cotées à Wall Street vont être obligées de communiquer des données sur leurs émissions de gaz à effet de serre ainsi que sur leur exposition aux risques climatiques, en vertu d'un nouveau règlement adopté mercredi 6 mars par le régulateur américain des marchés financiers, la SEC. Les entreprises devront faire figurer dans leur rapport annuel des données sur les émissions résultant de leurs activités directes (dite « scope 1 ») ainsi que de la consommation d'énergie (« scope 2 »). La SEC a, en revanche, renoncé à imposer la publication d'informations sur les émissions dite de « scope 3 », c'est-à-dire celles des fournisseurs de l'entreprise et des consommateurs des biens ou services qu'elle produit (en amont et en aval).

Les sociétés cotées à New York devront aussi faire état des risques liés au climat et de leurs effets, avérés ou potentiels, sur leur stratégie, leur modèle économique et leurs prévisions. Elles devront aussi communiquer sur les mesures éventuellement mises en place pour identifier, évaluer et appréhender les risques inhérents au changement climatique. Autres informations nécessaires : les coûts entraînés par des événements climatiques, ainsi que les dépenses liées à d'éventuels achats de crédits carbone, ce qui revient à investir dans des projets réduisant les conséquences des émissions de gaz à effet de serre.

(Avec AFP)

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Commentaires 4
à écrit le 15/03/2024 à 9:02
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Stratégie américaine typique, on fait parler un élément non capital du gouvernement tranquillement pour ensuite leur dire quelques années:"Ah on vous l'avez bien dit !". Il y a les États Unis et les autres pays.

le 15/03/2024 à 10:44
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"Non capital" ? Vous n'avez pas pris la mesure du problème. Alors que l'Europe paye des milliards pour économiser quelques kg de CO2, la Chine en émet des milliards de tonnes. Je ne sous-estime pas l'effort colossal. La croissance du solaire installé...

à écrit le 15/03/2024 à 3:31
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"L'émissaire américain pour le climat exhorte la Chine à accélérer sa sortie du charbon" Avant de faire une leçon d'écologie au PCC, que le cartel démocrate montre l'exemple en relocalisant aux USA les filiales chinoises à participation minorit...

à écrit le 14/03/2024 à 13:30
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Et hop! encore un petit coup de pression. Sur le sujet, sous entendu, "nous taxerons fortement tous les produits fabriqués avec de l'énergie à base de charbon)....et comme plus de la moitié de ce qui vient de Chine est produit sur la base du charbon...

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