Facebook : « Nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social »

Par Anaïs Cherif  |   |  375  mots
En octobre dernier, dans les colonnes du "Guardian", Justin Rosenstein, l'ingénieur qui a créé en 2009 le fameux « like » du réseau social aux 2,07 milliards d'utilisateurs, regrettait les effets d'addiction et de manque de concentration provoqués par les interactions de plateformes comme Facebook. (Crédits : © Dado Ruvic / Reuters)
D'anciens cadres se lâchent à propos du réseau social qu'ils ont contribué à construire : ici, un ancien dirigeant interdit à ses enfants d'utiliser "cette merde" et le dit publiquement, là le créateur du fameux "like" regrette les effets d'addiction et de perte de concentration induit par l'utilisation du réseau social. D'autres s'inquiètent des effets néfastes sur les relations humaines et les enfants.

Les langues se délient. D'anciens employés de Facebook n'ont pas hésité à critiquer leur ex-employeur en 2017. Dernier exemple en date : Chamath Palihapitiya, ancien vice-président chargé de la croissance de l'audience entre 2007 et 2011. Il a déclaré en décembre dernier ressentir « une culpabilité énorme » vis-à-vis du réseau social qu'il a aidé à construire.

L'ancien dirigeant de Facebook déconseille d'utiliser « cette merde »

Lors d'une conférence à la Stanford Graduate School of Business, il n'hésitait pas à déclarer :

« Je pense que nous avons créé des outils qui déchirent le tissu social. (...) Il n'y a pas de discours civil, pas de coopération ; mais de la désinformation. Ce n'est pas un problème américain (...). C'est un problème global. »

Incitant à faire une pause sur Facebook, il va plus loin en précisant qu'il n'autorise pas ses enfants « à utiliser cette merde ». Et ce n'est pas le seul à s'inquiéter des conséquences de Facebook sur les enfants.

« Dieu seul sait ce que cela produit sur le cerveau de nos enfants »

En novembre dernier, Sean Parker, président de Facebook entre 2004 et 2005, se décrit désormais comme un « objecteur de conscience », dans les colonnes du site d'information Axios. Facebook « change littéralement vos relations avec la société [...] Dieu seul sait ce que cela produit sur le cerveau de nos enfants. » Sean Parker explique que les interactions développées par Facebook - commentaires et « like » entre autres - rendent « accros » ses utilisateurs.

« Les créateurs - moi, Mark [Zuckerberg], Kevin Systrom sur Instagram, tous ces gens l'ont très bien compris. Et nous l'avons quand même fait, malgré cela. »

Le créateur du "Like" regrette les effets induits (addiction, etc.)

Cette préoccupation est partagée par Justin Rosenstein, l'ingénieur qui a créé en 2009 le fameux « like » du réseau social aux 2,07 milliards d'utilisateurs. En octobre dernier, dans les colonnes du Guardian, il regrettait les effets d'addiction et de manque de concentration provoqués par les interactions de plateformes comme Facebook.

« Une des raisons pour lesquelles je pense qu'il est particulièrement important pour nous d'en discuter maintenant, c'est que nous sommes probablement la dernière génération qui peut se rappeler la vie avant [Facebook]. »